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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Quatrième Symphonie de Chostakovitch par l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Tugan Sokhiev à la Philharmonie de Paris.
Diamant noir
Pour ses débuts avec l’Orchestre de l’Opéra, Tugan Sokhiev a choisi l’une des partitions les plus aventureuses de Chostakovitch. Les trois mouvements de la Symphonie n° 4 deviennent sous sa baguette une démonstration formelle dont la beauté résulte de proportions magnifiées, évocation sans folie des expérimentations sous la pression du régime stalinien.
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Avant de lancer l’orchestre dans l’unique pièce au programme de ce soir, Tugan Sokhiev instaure un long silence. Concentration et précision vont être les marqueurs de son interprétation de la Symphonie n° 4 de Chostakovitch. L’œuvre, parmi les plus singulières de son auteur, se distingue notamment par son instrumentarium réquisitionnant plus de cent-vingt musiciens.
Dès les premières alternances toutes mahlériennes de tutti et de passages chambristes, l’Orchestre de l’Opéra national de Paris prouve une maîtrise technique époustouflante depuis les pupitres de cordes jusqu’aux sept percussionnistes en passant par les vents d’une endurance à faire pâlir les plus fameuses phalanges.
L’accumulation de couches sonores ne se fait jamais au détriment d’une clarté formelle quasi radiographique. Sokhiev soigne particulièrement le Presto fugué de ce premier mouvement fleuve. Les nuances dynamiques, sans atteindre l’ambitus d’autres directions, offrent une mise en perspective captivante qui se poursuit durant le Moderato con moto.
Dans ce mouvement comme dans le Finale, Sokhiev et ses musiciens ne se départissent jamais d’un certain hédonisme sonore, s’éloignant nettement de toute une tradition russe davantage expressive. La direction du chef ossète se caractérise aussi par une certaine réserve motorique. De manière sensible, il prend le temps de détailler la succession impressionnante de formes musicales. La dérision ou l’ironie de certains épisodes s’en trouve amoindrie, au profit encore une fois d’une réalisation sonore étincelante.
Cette approche impressionnante favorise l’abstraction mais sa densité lui fait échapper à toute froideur. Si le très long silence imposé à la salle après un dernier accord morendo parfaitement gradué peut paraître forcé, il n’en reste pas moins que ce concert possède la brillance diamant noir.
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Philharmonie, Paris Le 13/09/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Quatrième Symphonie de Chostakovitch par l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Tugan Sokhiev à la Philharmonie de Paris. | Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 4 (1936)
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Tugan Sokhiev | |
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