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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production des Brigands d’Offenbach dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Stefano Montanari à l’Opéra de Paris.
Folle Ă©quipe
Barrie Kosky réussit ses Brigands en les travestissant plus que de coutume sur le mouvement d’une musique endiablée. Il moque gentiment ses personnages et les pare de mille références drolatiques. Depuis la fosse, Stefano Montanari ne veille pas assez sur la folle énergie d’une distribution riche en talents emmenée par un Marcel Beekman inoubliable.
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Le travestissement en tant qu’usurpation de l’identité, voilà le moteur dramaturgique infatigable des Brigands d’Offenbach. Pour tenter de mettre la main sur la dot d’un mariage princier, la bande de malfrats va se déguiser successivement en marmitons, en Italiens et brigadiers, enfin en nobles espagnols. Barrie Kosky a non seulement intégré ce principe mais il en démultiplie les effets en faisant de Falsacappa, le chef des brigands, un travesti flamboyant, ressuscitant le personnage de Divine dans le film Pink Flamingos de John Waters.
Les comparses de ce chef de bande haut en couleurs cultivent eux aussi une certaine fluidité de genre, illustrée par les costumes délirants de Victoria Behr. Kosky, anticipant les critiques, ne se prend jamais trop au sérieux. Ainsi Falsacappa interpelle-t-il sa fille Fiorella qui ne rêve que de rentrer dans le rang et d’épouser un honnête homme : « comment, tu n’es plus woke ? » Les dialogues réécrits conservent l’esprit de légère impertinence voulue par Offenbach et ses librettistes, tandis que le monologue du ministre du budget par Sandrine Sarroche, façon stand-up, brocarde de gauche à droite la politique française, provoquant des rires à géométrie variable.
En meneur de revue patenté, Kosky règle de manière étourdissante les déplacements de chanteurs, comédiens et danseurs survoltés dans une illustration parfaite de cette partition survitaminée. Dans un décor unique très soigné figurant un palais du Second Empire défraîchi, la succession de tableaux culmine avec l’arrivée de l’ambassade espagnole, mêlant Les Ménines de Velázquez aux fastes de la cathédrale de Valladolid, là aussi avec une touche de music-hall tout à fait pertinente.
Sans doute est-ce par imitation du metteur en scène affirmant vouloir éviter le cucul la praline que le chef prend délibérément le parti d’une direction plus expressive que précise. Stefano Montanari dessine un peu, suggère beaucoup mais laisse complètement seuls les chanteurs alors que la mise en scène trépidante entraîne d’inévitables décalages. L’orchestre brille de toutes ses couleurs dans les évocations au pittoresque irrésistible de l’Espagne et de l’Italie mais on espère qu’en juin prochain Michele Spotti décuplera la réussite par un rien d’exactitude supplémentaire.
Unifié par une joie collective et communicative, le plateau mêle habilement à une nouvelle génération très douée de glorieux anciens tels Yann Beuron, l’inoubliable Pâris de La Belle Hélène des années Minkowski-Pelly, ici très fin baron de Campotasso, tandis que Laurent Naouri, fameux Calchas des mêmes années, force un peu dans l’emploi en or du chef des carabiniers. L’accent espagnol de Philippe Talbot fait crouler de rire la salle, alors que la jeune et éruptive Adriana Bignagni Lesca fait paraître bien trop court son emploi de princesse de Grenade.
Débutant à l’Opéra de Paris, Marie Perbost ne fait pas toujours bien entendre son joli soprano. À ses côtés, le Fragoletto d’Antoinette Dennefeld allie caractère et émotion. Tous seraient à citer, mais ce sont Rodolphe Briand, inénarrable Pietro, et Marcel Beekman, inépuisable Falsacappa, qui forment un tandem de choc nettement en tête de ce gai peloton.
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Palais Garnier, Paris Le 24/09/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Nouvelle production des Brigands d’Offenbach dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Stefano Montanari à l’Opéra de Paris. | Jacques Offenbach (1819-1880)
Les Brigands, opéra-bouffe en trois actes (1869)
Livret d’Henri Meillac et Ludovic Halévy
Nouveaux dialogues Ă©crits par Antonio Cuenca Ruiz
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
direction : Stefano Montanari
mise en scène : Barrie Kosky
décors : Rufus Didwiszus
costumes : Victoria Behr
Ă©clairages : Ulrich Eh
chorégraphie : Otto Pichler
préparation des chœurs : Ching-Lien Wu
Avec :
Marcel Beekman (Falsacappa), Marie Perbost (Fiorella), Antoinette Dennefeld (Fragoletto), Yann Beuron (Le baron de Campotasso), Laurent Naouri (Le chef des carabiniers), Mathias Vidal (Le prince de Mantoue), Sandrine Sarroche (Antonio), Philippe Talbot (Le comte de Gloria-Cassis), Adriana Bignagni Lesca (La princesse de Grenade), Flore Royer (Adolphe de Valladolid), Luis-Felipe Sousa (Le précepteur), Leonardo Cortellazzi (Carmagnola), Éric Huchet (Domino), Franck Leguérinel (Barbavano), Rodolphe Briand (Pietro), Ilanah Lobel-Torres (Zerlina), Clara Guillon (Fiametta), Maria Warenberg (Bianca), Marine Chagnon (Cicinella), Doris Lamprecht (La marquise), Helene Schneiderman (La duchesse). | |
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