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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Faust de Gounod dans la mise en scène de Tobias Kratzer, sous la direction d’Emmanuel Villaume à l’Opéra de Paris.
Petits bonheurs au purgatoire
La reprise du Faust tragicomique mis en scène par Tobias Kratzer souffre de la direction asphyxiée d’Emmanuel Villaume. Le Faust de Pene Pati vaut néanmoins plus que le détour alors qu’Amina Edris en Marguerite se fourvoie dans un emploi trop ambitieux pour sa tessiture. Les chœurs de l’Opéra de Paris et le reste de la distribution offrent une soirée engagée.
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Les années passent et cette production de Faust conserve ses qualités et défauts. Cette évocation très parisienne du mythe n’est pas exempte d’invraisemblances, et ses indéniables atouts théâtraux reposent surtout sur le divertissement et l’humour, même dans une des scènes les plus dramatiques comme la première du IV, ici transposée dans un cabinet médical où l’échographie révèle la nature démoniaque de l’enfant à naître en figurant deux petites cornes sur la tête du fœtus. L’émotion ne naît qu’à la toute fin lorsque Siebel se sacrifie, emportée par les démons. Marguerite certes sauvée reste seule.
Dans ce contexte d’intensité inégale, la part musicale n’en prend que plus d’importance. La direction d’Emmanuel Villaume n’en déçoit que davantage. Martelant la musique comme un forgeron, le Français force constamment le trait jusqu’à une valse qui se prend pour une bourrée auvergnate. Assez rapidement ces excès systématiques produisent l’effet d’une monotonie alors que le chef oublie de respirer et se retrouve isolé des musiciens et des chanteurs dans une désolante apnée. Heureusement ici et là , les solistes de l’orchestre trouvent des échappées pour distiller de trop rares moments de poésie. Largement renouvelée, la distribution vocale apporte son lot de satisfactions.
Au premier chef, le Méphisto d’Alex Esposito, insupportable à souhait. Sans forcer le trait vocal, le baryton-basse nuance beaucoup, insinue souvent et appuie là où cela fait mal. Marina Viotti parfaite de diction comme de projection chante un Siebel vibrant et compatissant. Membre de la troupe lyrique de l’opéra, le jeune Amin Ahangaran fait des débuts prometteurs en Wagner. Sylvie Brunet-Grupposo renouvelle sa sobre dame Marthe, alors que le Valentin de Florian Sempey reste dominé par la testostérone. Enfin, le couple vedette de l’opéra reflète l’ambivalence de la soirée.
La Marguerite d’Amina Edris brille avant tout par son français précis au service d’une conception sensible du personnage. Le timbre manque cependant de séduction et de couleurs et les moyens restent limités dans le bas du registre. Le contraste est grand avec la voix de son époux, Pene Pati, d’un tout autre standard. Le ténor débute la soirée de manière curieusement peu engagée, presque anonyme. Mais une fois passé le premier entracte, le ténor impose une présence autant physique que vocale. La diction se fait plus incisive et surtout la voix éblouit par son caractère solaire, gagnant en intensité sans jamais oublier les nuances, jusqu’au dernier acte où le chanteur phrase somptueusement ses injonctions déchirantes.
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Opéra Bastille, Paris Le 26/09/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Reprise de Faust de Gounod dans la mise en scène de Tobias Kratzer, sous la direction d’Emmanuel Villaume à l’Opéra de Paris. | Charles Gounod (1818-1893)
Faust, opéra en cinq actes (1859)
Livret de Jules Barbier et Michel Carré
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Emmanuel Villaume
mise en scène : Tobias Kratzer
décors et costumes : Rainer Sellmaier
Ă©clairages : Michael Bauer
vidéo : Manuel Braun
préparation des chœurs : Alessandro Di Stefano
Avec :
Pene Pati (Faust), Alex Esposito (Méphistophélès), Florian Sempey (Valentin), Amin Ahangaran (Wagner), Amina Edris (Marguerite), Marina Viotti (Siebel), Sylvie Brunet-Grupposo (Dame Marthe) et Marc Diabira (Faust âgé, rôle muet). | |
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