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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Daniele Gatti au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Morne dissection
Daniele Gatti, l’un des chefs en activité à la technique la plus fabuleuse, entraîne le Philharmonique de Vienne dans des interprétations analytiques et démembrées d’Apollon musagète de Stravinski et de la Symphonie n° 10 de Chostakovitch. La preuve désolante que l’excellence d’un chef et d’un orchestre ne garantissent pas toujours un concert exceptionnel.
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Ce programme de qualité mais peu idiomatique pour l’Orchestre philharmonique de Vienne ne fait pas tout à fait recette ce soir. Une salle pas vraiment pleine accueille fraîchement la première pièce, l’Apollon musagète de Stravinski. La partition ne figure pas parmi les ballets russes les plus populaires, loin de là , mais la lecture radiographique qu’en fait Daniele Gatti n’aide en rien, et ce dès le premier tableau, la Naissance d’Apollon, un accouchement aux forceps, lent et long.
Une inertie analytique qui donne l’impression de lourdeur alors que les pupitres de cordes tenus par un effectif largement féminisé allègent au maximum. De variation en variation, en passant par les deux pas, l’étude entomologique du professeur Gatti révèle des structures certes fascinantes mais tourne le dos à la danse ; pauvre Terpsichore ! Après l’entracte, la Symphonie n° 10 de Chostakovitch permet d’affiner le diagnostic.
Gatti vit pour la musique, dirige avec une clarté dans sa gestique presque sans équivalent sur le circuit. L’économie des mouvements des bras et du corps pourrait en remontrer à bien des collègues s’épuisant en gesticulation inutiles voire gênantes pour les musiciens. Il suffit par exemple que Gatti mette ses deux bras ballants le long de son tronc pour que l’orchestre oscille en traduction sonore parfaite, légèrement balourde, idéalement dosée.
Pourtant, jamais le Moderato initial n’a semblé interminable comme ce soir. Certes, le compositeur incertain quant à sa propre réussite conseillait aux interprètes de ne pas se hâter, mais ce soir le chef abuse et livre une lecture séquentielle qui ne fait aucun lien entre les différents modules qu’il se plaît à détailler encore et encore. L’Allegro déçoit également car on pourrait attendre bien davantage d’incisivité et d’impact du chef et de l’orchestre, d’autant que la nouvelle conque de concert du TCE offre dorénavant une acoustique améliorée.
L’Allegretto et le dernier mouvement ne changent rien à notre écoute. Gatti ne se soucie jamais du récit de cette musique qui ne se résout pourtant nullement à ses composantes. Et l’on s’étonne d’entendre un cor certes d’intonation sûre appeler à la promenade en forêt plutôt qu’à l’inquiétude de cette musique. Fait aggravant entre tous, le bis sacrifie au chromo commercial sans rapport au programme : une Danse hongroise n° 5 de Brahms dégoûtante de lourdeur et de racolage.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 05/10/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Daniele Gatti au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Igor Stravinski (1882-1971)
Apollon musagète
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 10 en mi mineur, op. 93
Wiener Philharmoniker
direction : Daniele Gatti | |
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