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CRITIQUES DE CONCERTS 22 octobre 2024

Nouvelle production de Siegfried de Wagner dans une mise en scÚne de Benedikt von Peter et sous la direction de Jonathan Nott au Théùtre de Bùle.

Ring BĂąle (3) :
L’innocence perdue

La mise en scĂšne de Benedikt von Peter explore avec justesse les merveilles mais aussi les trĂ©fonds de l’enfance dans un Siegfried de Wagner trĂšs assombri au Theater Basel. Sous la direction de Jonathan Nott l’Orchestre symphonie de BĂąle rit et les chanteurs Ă©meuvent comme jamais au premier rang desquels Nathan Berg, Rolf Romei et Trine MĂžller.
 

Theater, Basel
Le 08/10/2024
Thomas DESCHAMPS
 



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  • À la fin de La Walkyrie, on avait vu le meurtre de Sieglinde par Wotan, l’enlĂšvement de Siegfried (dĂ©jĂ  nĂ©) par Mime, tandis que BrĂŒnnhilde Ă©chappait Ă  l’incendie de la maison familiale commanditĂ© par le pĂšre infanticide. Ce soir, le rideau se lĂšve sur l’orĂ©e de la forĂȘt plongĂ©e dans la nuit. Devant la maison abandonnĂ©e, Mime cuisine devant un feu. Le dĂ©cor stylisĂ© et l’éclairage d’un timide clair de lune Ă©voquent les illustrations d’un livre pour enfants.

    Benedikt von Peter avait dĂšs L’Or du Rhin Ă©voquĂ© le monde de l’enfance de Siegfried : son grand-pĂšre l’initiait Ă  l’histoire familiale avec un thĂ©Ăątre de marionnettes figurant les protagonistes. Siegfried a grandi, les marionnettes aussi qui apparaissent dans la pĂ©nombre. Comme un commentaire aux rĂ©cits parcellaires de Mime et de Wotan, d’immenses silhouettes manipulĂ©es s’agitent en arriĂšre-plan.

    Il y a lĂ  les filles du Rhin, le crapaud (Alberich capturĂ©), Fasolt, les loups Ă©liminĂ©s par leur pĂšre, bref toutes les victimes de Wotan. Manipulateur effrayant, ce Wanderer n’a rien de la noblesse habituelle. Il ne tient pas en place, se comporte en voyou, parfois non sans humour comme lorsqu’il arrache et bouffe la tambouille de Mime. Sur les cĂŽtĂ©s de la scĂšne s’agite aussi BrĂŒnnhilde dont il ne faudrait pas oublier que la mise en scĂšne prĂ©sente cette histoire selon son point de vue.

    La rĂ©pĂ©tition des procĂ©dĂ©s alourdit sans doute une journĂ©e Ă  la dramaturgie trĂšs classique. Le manque d’intensitĂ© et l’invariabilitĂ© de la lumiĂšre nocturne lassent et gĂąchent quelque peu une direction d’acteur qu’on devine pleine de finesse. AbordĂ©s plus directement, les affrontements Alberich-Wotan et Erda-Wotan comptent parmi les rĂ©ussites formidables de la soirĂ©e.

    Certaines images touchent au cƓur, comme les apparitions du cheval Grane appartenant Ă  l’imagerie lĂ©gendaire la plus pure, et ces Murmures de la forĂȘt transformĂ©s en mini-ballet entre Siegfried, l’Oiseau et les Maximonstres. L’enfance est partout, jusque dans l’éveil de BrĂŒnnhilde : Siegfried dĂ©coupe l’armure de la poupĂ©e offerte jadis par Wotan. La vraie BrĂŒnnhilde se rĂ©sout Ă  rejoindre l’ingĂ©nu mais leur Ă©treinte s’apparente Ă  une rencontre de nĂ©vrosĂ©s. Wotan plus atroce que jamais force une jeune fille Ă  regarder l’accouplement.

    Une distribution de grande qualitĂ© fait honneur Ă  ces enjeux interprĂ©tatifs. Seul le Mime de Karl-Heinz Brandt manquerait de longueur de souffle pour illustrer son ambivalence entre ruse et effroi. L’Alberich d’Andrew Murphy rĂ©sonne de violence Ă  peine contenue tandis que le Fafner de Runi Battaberg dĂ©ploie une noble ligne.

    En Erda, Hanna Schwarz porte beau ses 81 printemps avec une Ă©mission stable et sonore. L’Oiseau au timbre fruitĂ© d’ÁlfheiĂ°ur Erla GuĂ°mundsdĂłttir ravit l’oreille. Trine MĂžller, BrĂŒnnhilde muette durant deux actes et demi, Ă©panche un lyrisme Ă  la sensibilitĂ© Ă  fleur de peau. Le Siegfried de Rolf Romei s’épanouit avec un naturel confondant. Quant Ă  Nathan Berg, il captive et effraie tant son art du chant se met au service d’une incarnation saisissante.

    Invisible sous la scĂšne, l’Orchestre symphonique de BĂąle fait montre d’une fluiditĂ© remarquable et d’une palette de couleurs toujours renouvelĂ©es. La direction sensible et cursive de Jonathan Nott prend toute la mesure de la partie orchestrale la plus merveilleuse du Ring.




    L’Or du Rhin
    La Walkyrie




    Theater, Basel
    Le 08/10/2024
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production de Siegfried de Wagner dans une mise en scÚne de Benedikt von Peter et sous la direction de Jonathan Nott au Théùtre de Bùle.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Siegfried, deuxiĂšme journĂ©e du festival scĂ©nique L’Anneau du Nibelung (1876)
    Livret du compositeur

    Orchestre symphonique de BĂąle
    direction : Jonathan Nott
    mise en scĂšne : Benedikt von Peter
    décors : Natascha von Steiger
    costumes : Katrin Lea Tag
    Ă©clairages : Roland Edrich

    Avec :
    Rolf Romei (Siegfried), Karl-Heinz Brandt (Mime), Nathan Berg (Wotan), Trine MĂžller (BrĂŒnnhilde), Andrew Murphy (Alberich), Runi Brattaberg (Fafner), Hanna Schwarz (Erda), ÁlfheiĂ°ur Erla GuĂ°mundsdĂłttir (Waldvogel).

     


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