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CRITIQUES DE CONCERTS 26 décembre 2024

Nouvelle production de Kátia Kabanová de Janáček dans une mise en scène d'Aurore Fattier et sous la direction de Michael Güttler à l'Opéra royal de Wallonie-Liège.

Sombre Volga
© J. Berger / OWL

Pour ses débuts à l'opéra, Aurore Fattier situe Kátia Kabanová dans un univers très sombre avec une utilisation de la vidéo qui tisse très lisiblement les fils dramaturgiques du drame d'Alexandre Ostrovski. La sobriété de la direction musicale relaie un plateau qui répond aux attentes dans ce spectacle de l’Opéra royal de Wallonie-Liège.
 

Opéra Royal de Wallonie, Liège
Le 18/10/2024
David VERDIER
 



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  • Il faut rendre hommage à l'Opéra de Wallonie d'avoir programmé cette Kátia Kabanová, chef-d'œuvre souvent ignoré par une majorité des scènes lyriques. Nouvelle directrice de la Comédie de Caen, Aurore Fattier fait ses débuts à l'opéra avec une mise en scène très sage qui illustre de façon lisible le livret d'Ostrovski.

    Un ponton qui dépasse le rideau de scène, quelques éléments de végétation et un panneau en cyrillique Café-Bistro Volga suffiront à installer le drame en laissant la vidéo déployer à l'arrière-fond une galerie de scènes animées avec des images de bord de fleuve alternent avec des gros plans sur les protagonistes. Cette atmosphère noyée dans le brouillard et l'humidité sert d'écrin à l'ennui d'un personnage prisonnier d'un jeu de contrastes entre l'autorité des personnages féminins et le manque d'épaisseur de leurs alter egos masculins.

    On chercherait en vain à retrouver les traces de cet écoféminisme dont parle la note d'intention – tout au plus des hommes marqués par la vacuité existentielle et le désir sexuel, confrontés à des femmes qui cherchent à fuir cet univers ou instaurer leur domination. Ainsi l'idée d'un Kudrjáš aveugle transformé en témoin aux faux-airs de Tirésias-oracle ou bien la désormais habituelle scène sado-maso entre Kabanicha et Dikój qui semble renvoyer dos-à-dos patriarcat et matriarcat dans une même image de cougar hystérique dominant un bellâtre ridicule.

    Le dernier acte résout la tension accumulée par un coup de foudre qu'il convient de saisir par rapport au titre de la pièce originale (L'Orage). C'est aussi l'occasion pour la mise en scène d'insister sur des symboles dispensables (omniprésence des téléphones-portables comme refus de voir la réalité en face ?) ou bien points d'interrogation fugitifs autant que prometteurs – le personnage au visage brûlé, la jeune fille en robe rouge.

    Maladroits dans un jeu d'acteur qui les réduit respectivement à une vestale rigide et un fils soumis, Anush Hovhannisyan (Kátia) et Anton Rositskiy (Boris) présentent des qualités aussi complémentaires que singulières. La première préfère à une slavité canonique une palette italianisante au reflet vériste, entre victime et héroïne. Les aigus tirés et la tension de la ligne traduisent un engagement et un contraste qui manquent à son partenaire, préférant les demi-teintes expressives d'un personnage trop monolithique pour convaincre.

    La belle projection de Jana Kurucová fait de Varvara le seul personnage réellement positif de cette intrigue, à l'opposé d'une Kabanicha que Nino Surguladze campe avec une énergie vitupérante. Le phrasé de Dmitry Cheblykov dessine un Dikój pleutre et peu amène, tandis qu'Alexey Dolgov réussit à imposer un Kudrjáš brillant et narquois et Magnus Vigilius offre à Tichon des moyens clairement superlatifs pour un second rôle.

    En fosse, la direction de Michael Güttler rend justice avec grande sobriété à l'extraordinaire complexité de l'écriture avec une ligne et des tempi globalement sécurisants pour un Orchestre de l'Opéra royal de Wallonie-Liège mis à rude épreuve.




    Opéra Royal de Wallonie, Liège
    Le 18/10/2024
    David VERDIER

    Nouvelle production de Kátia Kabanová de Janáček dans une mise en scène d'Aurore Fattier et sous la direction de Michael Güttler à l'Opéra royal de Wallonie-Liège.
    Leoš Janáček (1854-1928)
    Kátia Kabanová, opéra en trois actes (1921)
    Livret du compositeur d’après L’Orage d’Alexandre Ostrovski

    Orchestre de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège
    direction : Michael Güttler
    mise en scène : Aurore Fattier
    décors : Marc Lainé
    costumes : Prunelle Rulens
    éclairages : Anne Vaglio
    vidéo : Vincent Pinckaers

    Avec :
    Anush Hovhannisyan (Kát'a Kabanová), Anton Rositskiy (Boris), Nino Surguladze (Kabanicha), Magnus Vigilius (Tichon), Jana Kurucová (Varvara), Dmitry Cheblykov (Dikój), Alexey Dolgov (Kudrjáš), Daniel Miroslaw (Kuligin), Anne-Lise Polchlopek (Glaša / Fekluša), Benoît Scheuren (Pozdníchodec), Beatrix Papp (Žena).

     


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