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CRITIQUES DE CONCERTS 26 décembre 2024

Nouvelle production de Crépuscule des dieux de Wagner dans une mise en scène de Benedikt von Peter et sous la direction de Jonathan Nott au Théâtre de Bâle.

Ring Bâle (4) :
L’héritage de la violence

Avec la dernière journée du Ring, Benedikt von Peter achève son récit d’une enfance rêveuse anéantie par la violence. Son succès tient également à la direction de Jonathan Nott qui depuis son Niebelheim sous la scène prodigue couleurs et nuances sans jamais s’alanguir, alors que l’ensemble des chanteurs personnifie l’alliage entre la scène et la musique.
 

Theater, Basel
Le 10/10/2024
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Le prologue se dĂ©roule dans une nuit prononcĂ©e, associant le spectateur aux Nornes qui dĂ©roulent le fil du destin. Il n’y a pas plus de lumière pour la deuxième scène : Siegfried et BrĂĽnnhilde conversent comme si l’aube n’avait pas eu lieu, leurs Ă©changes sonnent sans joie. Pendant le Voyage sur le Rhin, un camion de dĂ©mĂ©nageurs s’avance pour nettoyer la maison abandonnĂ©e depuis la fin de La Walkyrie.

    Les Gibichungen s’y installent tels des parvenus. Tout en usant d’un humour presque potache, Hagen manifeste son emprise sur les autres. Siegfried arrive chevauchant Grane. Tel un enfant sauvage, il se laisse berner par des cocktails frelatés. Ivres morts, Siegfried et Gunther iront chercher Brünnhilde lors d’une scène tragicomique où le Tarnhelm ne leur sera d’aucune utilité.

    Au II le mariage se manifeste par des convenances et une liesse factice, alors que des tronçonneuses ont ravagé la forêt. Hagen arme les invités mais pour le moment il ne s’agit que de tirer des serpentins. Derrière ces faux-semblants, la mécanique du serment se met en place. Alberich déclenche l’appel à la chasse d’un coup de fusil ; les Nornes s’allient aux Filles du Rhin pour tenter de convaincre Siegfried, comme plusieurs Walkyries étaient venues épauler Waltraute.

    Benedikt von Peter cherche à nouveau à renforcer la cohérence dramaturgique. Toutefois les plus grands changements avec les didascalies viennent avec la mort de Siegfried. Après qu’Hagen lui plante la lance dans le dos, Wotan le transperce à son tour. Mais bientôt, Siegfried se relève une dernière fois. Les marionnettes de sa jeunesse viennent le saluer dans un moment de grande poésie. L’adieu à l’enfance est consommé et Siegfried se donne lui-même le coup fatal. La violence électrise la scène, même la placide Gutrune sort de ses gonds. Seule Brünnhilde semble raison garder.

    Point d’immolation si ce n’est une maison de poupée à laquelle Wotan met le feu. Brünnhilde jette l’anneau, Hagen se précipite mais se retrouve à son tour transpercé par son père, alors que Wotan récupère l’anneau. Les survivants quittent alors la scène alors que les machinistes rangent. Interdits, Wotan et Alberich restent seuls avec cet anneau de pouvoir qui ne sert absolument plus à rien.

    La présence de Nathan Berg doit être saluée, acteur exceptionnel, pivot de cette dramaturgie. Tous les chanteurs font du reste montre d’un jeu très convaincant. La Gutrune très corsée de Heather Engebretson, le Gunther veule de Günter Papendell et plus encore l’effrayant Hagen de Patrick Zielke mettent tout leur art du chant au service d’incarnations marquantes. Jasmin Etezadzadeh apporte une rage particulière à sa Waltraute. Rolf Romei ne montre jamais la moindre fatigue et porte avec finesse un Siegfried étreignant dans ses derniers moments.

    Face à lui, Trine Møller contient quelque peu sa colère au II pour livrer un III d’une humanité d’autant touchante que la voix conserve à tout moment sa rondeur et délivre des couleurs toujours en accord avec la situation. Tout ceci ne serait sans doute pas comparable sans l’Orchestre du Théâtre de Bâle certes enterré sous la scène mais d’une éloquence irrésistible sous la baguette de Jonathan Nott, formidable conteur d’une histoire captivante.



    Le Théâtre de Bâle donnera en fin de saison deux cycles complets, du 20 au 25 mai, puis du 4 au 9 juin 2025.

    L’Or du Rhin
    La Walkyrie
    Siegfried




    Theater, Basel
    Le 10/10/2024
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production de Crépuscule des dieux de Wagner dans une mise en scène de Benedikt von Peter et sous la direction de Jonathan Nott au Théâtre de Bâle.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Götterdämmerung, troisième journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen (1876)
    Livret du compositeur

    Orchestre symphonique de Bâle
    direction : Jonathan Nott
    mise en scène : Benedikt von Peter
    décors : Natascha von Steiger
    costumes : Katrin Lea Tag
    lumières : Roland Edrich
    P align=justify>Avec :
    Rolf Romei (Siegfried), Günter Papendell (Gunther), Patrick Zielke (Hagen), Andrew Murphy (Alberich), Trine Møller (Brünnhilde), Heather Engebrestson (Gutrune), Jasmin Etezadzadeh (Waltraute / Deuxième norne), Marta Herman (Première norne), Sarah Marie Kramer (Troisième norne), Harpa Ósk Björnsdóttir (Woglinde), Valentina Stadler (Wellgunde), Sophie Kidwell (Flosshilde), Nathan Berg (Wotan), Hanna Schwarz (Erda).

     


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