|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
26 décembre 2024 |
|
Nouvelle production d’Ariane à Naxos de Strauss dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Markus Poschner à l’Opéra de Zurich.
Rideau !
Une nouvelle Ariane à Naxos zurichoise dominée par le théâtre dans le théâtre, avec force mouvements de rideau, pour bien symboliser la frontière (en réalité poreuse) entre prologue et opéra. Plus de vie que d’émotion à ce jeu-là , même la direction musicale peine à installer un climat véritablement straussien malgré une très belle distribution.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
[ Tous les concerts ]
|
La dernière production zurichoise d’Ariane à Naxos, en 2012, était mise en scène par Claus Guth, relecture fascinante du chef-d’œuvre straussien, créant des relations originales et inattendues entre les personnages du prologue et ceux de l’opéra. Point d’une telle hauteur de vue de la part d’Andreas Homoki qui offre cependant une vision très théâtrale.
Ce qui intéresse le metteur en scène allemand est d’évidence la mise en abyme, la frontière entre le réel et le jeu, au point d’utiliser le rideau de scène à de multiples reprises, telle une frontière entre la vie quotidienne du prologue et la scène artificielle de l’opéra. Cette vision est pertinente car les acteurs des deux troupes doivent coconstruire une action mêlant tragique et comique, et mettre en jeu leurs sentiments propres et pas uniquement ceux de leurs personnages.
Le prologue est aussi pétaradant que possible, remarquablement réglé, avec une direction d’acteurs très vivante. Le début de l’opéra distille quant à lui une émotion certaine, notamment avec le Compositeur au bord de scène pour écouter sa musique jouée par l’orchestre, mais sa présence continue devient ensuite envahissante.
L’opéra affiche un décor carsénien (on pense au lit de Rusalka) parfaitement exploité dans des situations tantôt drôles ou émouvantes (Zerbinette sincèrement touchée par Ariane) et des images fort belles – Bacchus descendant sur le décor inversé du plateau, tel son reflet… ou son mirage. Le final montre le plateau se dénudant complètement, laissant les personnages débarrassés de leurs rôles. Zerbinette finit par emmener le compositeur vers les coulisses pour définitivement sortir du théâtre et se précipiter dans la vraie vie.
La direction de Markus Poschner se laisse emporter par la folie du plateau, au point de faire jouer et chanter tout le monde constamment un peu trop fort, comme si, au milieu de cette énergie, chacun tenait absolument à se faire entendre le plus possible. L’ensemble manque de finesse, de souplesse, de cette Gemütlichkeit straussienne.
La distribution est particulièrement soignée et belle. Daniela Kohler en Ariadne charme toujours autant par le matériau somptueux et un soin constant du phrasé, aussi moelleux que tendre, tandis que Brandon Jovanovich est remarquable de prestance en Bacchus. Ziyi Dai maîtrise toutes les difficultés du rôle (trilles inclus mais avec un aigu qui se rétrécit parfois) en se mouvant avec une aisance confondante.
Le compositeur de Lauren Fagan est tout aussi remarquable et touchant avec un timbre fort beau tandis que le reste de la troupe est impeccable. On remarque le bel Arlequin de Yannick Debus, tout en retrouvant le vétéran Kurt Rydl en Majordome.
| | |
|
Opernhaus, ZĂĽrich Le 18/10/2024 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production d’Ariane à Naxos de Strauss dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Markus Poschner à l’Opéra de Zurich. | Richard Strauss (1864-1949)
Ariadne auf Naxos, opéra en un prologue et un acte (1916)
Livret de Hugo von Hofmannsthal
Phiharmonia ZĂĽrich
direction : Markus Poschner
mise en scène : Andreas Homoki
DĂ©cors : Michael Levine
Costumes : Hannah Clark
Ă©clairages : Franck Evin
Avec :
Daniela Köhler (Primadonna / Ariadne), Brandon Jovanovich (Der Tenor / Bacchus), Martin Gantner (Ein Musiklehrer), Ziyi Dai (Zerbinetta), Lauren Fagan (Der Komponist), Kurt Rydl (Der Haushofmeister), Tomislav Jukic (Ein Offizier), Nathan Haller (Ein Tanzmeister), Felix Gygli (Ein Perückenmacher), Maximilian Bell (Ein Lakai), Yannick Debus (Harlekin), Daniel Norman (Scaramuccio), Hubert Kowalczyk (Truffaldin), Andrew Owens (Brighella), Juliana Zara (Najade), Siena Licht Miller (Dryade), Rebeca Olvera (Echo). | |
| |
| | |
|