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CRITIQUES DE CONCERTS |
14 novembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre National de France sous la direction d’Andrés Orozco-Estrada, avec le concours du violoncelliste Edgar Moreau à l’Auditorium de Radio France, Paris.
Vigueur et courants d’air
Dans un programme constitué de pièces dédiées à Rostropovitch, puis d’une courte fanfare pour les dix ans de l’Auditorium de Radio France, Edgar Moreau offre un caractère particulièrement vibrant aux deux mouvements médians du Concerto n° 1 de Chostakovitch, tandis que le chef Andrés Orozco-Estrada ressort surtout ensuite avec sa Symphonie n° 5.
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Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
L’émotion au dépourvu
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Avec une semaine d’avance, le National de France fête les dix ans de l’Auditorium de la Maison de la Radio, où résonnait le 14 novembre 2014 la Slava’s Fanfare d’Henri Dutilleux. À nouveau à l’honneur, cette très courte fanfare en hommage à Rostropovitch n’utilise que trois piccolos, huit cuivres et un percussionniste. Les musiciens tentent de donner de la puissance à cette pièce peu passionnante, dans laquelle une citation du Concerto pour violoncelle de Dvořák n’apporte pas grand-chose.
Cependant, cette œuvre reste moins anecdotique que la suivante, partition de trois minutes du jeune compositeur Yuki Nakahashi, à la même nomenclature instrumentale, répartis entre la scène et les balcons afin de créer des effets de réponses. Sans personnalité, et sans même jouer d’un style de fanfare, ni par l’amplitude de cuivres, ni par aucune cellule ou aucun thème forts, la Fanfare pour les dix ans de l’Auditorium de Radio France s’oublie à l’instant où elle s’achève, tel un courant d’air.
Heureusement, le programme du soir prend surtout appui sur deux chefs-d’œuvre de Chostakovitch, dont le Concerto pour violoncelle n° 1. Avec Edgar Moreau pour la partie soliste se retrouve dans le premier mouvement son jeu très français, d’une sonorité chaude cependant trop légère pour ce type de partition. Le jeune artiste manque d’accroche, au risque de passer à côté de l’angulosité des passages voulus dissonants ou cyniques.
En revanche, le Moderato puis la Cadenza profitent magnifiquement du jeu vibrant de Moreau et de son somptueux Tecchler 1711, d’une ampleur rare dans la sentimentalité. Le bis avec juste une partie des cordes du National procure moins d’émotion – une version de Vocalise de Rachmaninov sans doute choisie pour rendre le public curieux de la réécouter dans le nouvel album Rococo du soliste.
Enfin, le National peut revenir au complet pour la Symphonie n° 5 de Chostakovitch. Et si le chef Andrés Orozco-Estrada était resté trop mesuré dans le concerto, il livre ici une interprétation très classique mais extrêmement tenue. Déjà superbes en première moitié de soirée, les bois s’exaltent avec leurs nombreux soli, à l’instar de Mathilde Lebert au hautbois ou de Joséphine Poncellin de Raucourt à la flûte.
Invité du National de Belgique, le cor solo donne lui aussi de la puissance à sa partie, tandis que le chef colombien parvient à allier dès qu’il le peut la transparence des cordes avec une grande vigueur et une tension inhérente à toute l’interprétation.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 07/11/2024 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre National de France sous la direction d’Andrés Orozco-Estrada, avec le concours du violoncelliste Edgar Moreau à l’Auditorium de Radio France, Paris. | Henri Dutilleux (1916-2013)
Slava’s Fanfare
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Concerto pour violon n° 1 en mib majeur, op. 107
Edgar Moreau, violoncelle
Symphonie n° 5 en ré mineur, op. 47
Yuki Nakahashi (*1995)
Fanfare pour les dix ans de l’Auditorium de Radio France
Orchestre National de France
direction : Andrés Orozco-Estrada | |
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