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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg sous la direction de Aziz Shokhakimov, avec le concours du violoniste Nemanja Radulović à la Philharmonie de Paris.
Frénésie de la danse
Avec un programme russe, la visite parisienne du Philharmonique de Strasbourg se révèle un franc succès. Nemanja Radulović y clôt sa résidence avec un concerto de Khatchatourian aussi nuancé qu’endiablé. La formation confirme ensuite la complicité établie avec son directeur musical Aziz Shokhakimov avec une lecture idiomatique de la Symphonie n° 5 de Prokofiev.
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Frénésie de la danse
Clavecin itératif
RĂ©serve expressive
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Le violon de Nemanja Radulović sonne un peu à l’image du musicien : agile et aérien, elfique en quelque sorte. Une fois passé la présentation un peu à l’arrache du premier thème du Concerto de Khatchatourian, le musicien prend son envol porté par la direction inspirée d’Aziz Shokhakimov. Le directeur musical du Philharmonique de Strasbourg emmène ses musiciens dans le plus dansant des accompagnements qu’on ait entendu pour cette partition.
Une lecture qui sans nous faire oublier celles des légendaires Oistrakh et Kogan, nous fait voyager sur un tapis volant. L’œuvre y gagne une grâce mélodique irrésistible jusque dans la cadence où la virtuosité se pare d’éblouissants atours. L’Andante sostenuto semble invoquer des chants ancestraux s’élevant tels des volutes au-dessus du balancement tour à tour mystérieux et indolent de l’orchestre. Shokhakimov et Radulović lancent le plus réjouissant des Allegro vivace pris à un tempo enivrant.
Cette fête au village fait naître des images bariolées et une fois encore la danse gagne tous les musiciens d’autant que le violoniste et l’orchestre dialoguent avec une complicité exceptionnelle. Aux ovations monstres auxquelles se joint tout l’orchestre, le violoniste répond d’abord par un Caprice n° 24 de Paganini largement enrichi où sa folle dextérité s’accompagne d’une justesse hallucinante. Le premier violon de la formation strasbourgeoise, l’excellente Charlotte Juillard, le rejoint pour un second morceau malheureusement non identifié, comme une méditation apaisée.
Ce sont des forces telluriques que Shokhakimov convoquent en seconde partie de soirée avec la Symphonie n° 5 de Prokofiev. Empoigné sans baguette, l’Andante initial gagne sous sa direction une dimension presque inquiétante. Procédant par grands aplats, le chef ouzbek peint un paysage sombre où des forces contraires menaçantes semblent s’opposer. Se saisissant de sa baguette, Shokhakimov construit un Scherzo en contraste total. Les Strasbourgeois y montrent une cohésion sans faille et sans lourdeur pour une toccata pleine d’esprit, avant que le trio voie le retour du danseur en chef.
¬À nouveau à mains nues, l’Adagio développe une lyrique plus orientale que de coutume avant que les cuivres rougeoient dans un embrasement général. Le dernier mouvement dirigé avec baguette semble en comparaison un peu trop tenu. On goûte la qualité d’ensemble et les solos de la petite harmonie. La coda n’en paraît que plus irrésistible. En bis, une hallucinante Lezghinka tirée du ballet Gayaneh de Khatchaturian montre une dernière fois l’orchestre sous ses meilleures couleurs.
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Philharmonie, Paris Le 26/11/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg sous la direction de Aziz Shokhakimov, avec le concours du violoniste Nemanja Radulović à la Philharmonie de Paris. | Aram Khatchaturian (1903-1978)
Concerto pour violon en ré mineur, op. 40 (1940)
Nemanja Radulović, violon
SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n° 5 en sib majeur, op. 100 (1944)
Orchestre philharmonique de Strasbourg
direction : Aziz Shokhakimov | |
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