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CRITIQUES DE CONCERTS |
26 décembre 2024 |
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Reprise du Rake’s Progress de Stravinski dans une mise en scène d’Olivier Py, sous la direction de Susanna Mälkki à l’Opéra de Paris.
Triomphe du libertin
Retour réussi à l’Opéra de Paris pour le Rake’s Progress de Stravinski. Au-delà de ses clichés, la simplicité du spectacle d’Olivier Py correspond à la pureté de sa musique. La distribution où brillent comme des astres Golda Schultz, Ben Bliss et Jamie Barton, tout comme la direction inspirée de Susanna Mälkki, font de cette soirée un merveilleux moment.
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Créé en 2008, le spectacle d’Olivier Py reste emblématique de l’esthétique du metteur en scène, avec les costumes et les décors noirs et blancs de son fidèle collaborateur Pierre-André Weitz. Un système de panneaux coulissants suit le découpage de l’œuvre avec soin. Certaines scènes restent cependant engoncées à l’arrière-scène et nuisent parfois à la projection du chant des solistes, mais l’ensemble conserve une belle lisibilité.
Py ne résiste pas à certains de ses tics comme l’homme nu à la tête de chien ou les néons, cependant cet univers de cabaret licencieux des années 2000 correspond assez bien au libertinage peu ragoutant évoqué par Hogarth dans ses peintures de 1733. Le grand point fort de cette mise en scène réside dans une direction d’acteur de haut vol, particulièrement bien servie dans cette reprise. Tous les personnages de cette fable satirique laissent une forte et très sensible impression, d’autant que la distribution brille presque sans exception par son choix d’excellents chanteurs.
Rupert Charlesworth donne le plus déjanté des commissaires-priseurs qu’on ait pu entendre, accompagné par des chœurs effervescents pour une scène d’enchères absolument ébouriffante. Justina Gringytė fait une savoureuse Moother Goose, un rôle trop court pour son talent. L’autre mezzo-soprano de la soirée, la tout autant capiteuse Jamie Barton, est en revanche gâtée avec le rôle de Baba la Turque. D’abord hilarante lors de son mariage avec le héros débauché, la femme à barbe impressionne ensuite dans sa colère d’avoir tout perdu avant de nous toucher au cœur dans son acceptation de l’infortune.
Clive Bayley incarne un Trulove so british, superbe de timbre de surcroit. Le timbre, c’est ce qui manque au Nick Shadow de Iain Paterson, excellent acteur et fin diseur. La scène au cimetière souffre singulièrement de son parler-chanter qui dépare le plateau. Un splendide legato illumine à l’opposé la prestation de Golda Schultz qui fait honneur à son prénom. Cette Ann Trulove chante sa partie comme du Mozart avec une respiration frémissante et des aigus pianissimo incarnant une compassion sans limite.
L’objet de son amour inaltérable, Tom Rakewell, bénéficie lui aussi d’un interprète exceptionnel en la personne de Ben Bliss. Le ténor ne peut renier ses origines américaines pour ce rôle d’Anglais mais cette réserve s’oublie devant le charme prégnant de la voix, la conduite très sûre du chant et la force de son interprétation absolument déchirante.
Dans la fosse, Susanna Mälkki tient l’orchestre dans une rythmique à l’asymétrie virtuose mais garde une grande fluidité. Alternant commentaires acides et rondeurs amoureuses, les vents de l’Opéra se couvrent de gloire. La Finlandaise apporte un soutien constant au plateau tout en laissant libres les chanteurs dans le plein épanouissement d’une musique fondamentalement mélodique.
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Palais Garnier, Paris Le 30/11/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Reprise du Rake’s Progress de Stravinski dans une mise en scène d’Olivier Py, sous la direction de Susanna Mälkki à l’Opéra de Paris. | Igor Stravinski (1882-1971)
The Rake’s Progress, opéra en trois actes (1951)
Livret de Wystan Hugh Auden et Chester Kalman, inspiré d’une série de peintures homonymes de William Hogarth
Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Susanna Mälkki
mise en scène et lumières : Olivier Py
décors et costumes : Pierre-André Weitz
préparation des chœurs : Ching-Lien Wu
Avec :
Ben Bliss (Tom Rakewell), Iain Paterson (Nick Shadow), Golda Schultz (Anne Trulove), Clive Bayley (Trulove), Justina GringytÄ— (Mother Goose), Jamie Barton (Baba the Turk), Rupert Charlesworth (Sellem), Vartan Gabriellan (Keeper of the Madhouse). | |
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