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CRITIQUES DE CONCERTS 26 décembre 2024

Concert de l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte Cécile sous la direction de Daniel Harding, avec le concours de la violoniste Lisa Batiashvili à la Philharmonie de Paris.

Changement de cap
© Thomas Deschamps

Arrivé à Paris dans un avion piloté par son nouveau directeur musical, le commandant de bord Daniel Harding, l’Orchestre de l’Académie Sainte Cécile de Rome s’est montré comme métamorphosé tant dans Debussy que dans Brahms, tandis que la violoniste Lisa Batiashvili livre un Concerto n° 2 de Prokofiev tout en subtile retenue.
 

Philharmonie, Paris
Le 02/12/2024
Thomas DESCHAMPS
 



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  • En prĂ©lude Ă  leur tournĂ©e europĂ©enne, l’Orchestre de l’AcadĂ©mie Sainte CĂ©cile et son directeur musical ont donnĂ© une aubade musicale dans un hall de l’aĂ©roport Fiumicino de Rome. En uniforme de pilote d’Air France, Daniel Harding a dirigĂ© ses musiciens/passagers avant l’embarquement pour Paris dans le Divertimento Feldpartita de Haydn. Une occasion unique pour le chef de rĂ©unir dans la mĂŞme journĂ©e ses deux passions, direction et pilotage. ArrivĂ©e Ă  bon port, la phalange romaine a dĂ©butĂ© son programme de concert Ă  la Philharmonie de Paris par le PrĂ©lude Ă  l’après-midi d’un faune de Debussy.

    La flûte d’Andrea Oliva dessine une arabesque simple et délicate, bientôt l’orchestre la rejoint dans ses mélismes. L’équilibre souverain des pupitres entre eux et de longs phrasés permettent à l’ensemble de trouver le juste milieu entre indolence et expression. Les couleurs naturellement latines des musiciens peignent à merveille le sous-bois de plein été jusqu’à son évanescence. Ligne claire et forme classique, le Concerto pour violon n° 2 de Prokofiev qui suit appartient à une tout autre esthétique.

    Lisa Batiashvili attaque sa partie soliste avec un son bien projeté mais sans ostentation. Son chant se fait souvent méditatif tandis que l’orchestre paraît ne pas être sorti du songe de la pièce précédente au point qu’il paraît presque sur la réserve. L’Andante assai représente l’acmé de cette approche subtilement automnale. Batiashvili et Harding articulent comme il se doit l’Allegro ben marcato, toutefois là encore un jeu de nuances très travaillées cherche à rattacher ce mouvement aux deux précédents.

    La violoniste annonce en bis un hommage à ses compatriotes géorgiens : l’émouvant choral Ich ruf zu dir de Bach, dans le sobre arrangement pour violon et cordes réalisé par Ander Hillborg. L’intériorité fait place après l’entracte à la Symphonie n° 2 de Brahms. Une fois passée l’introduction où le pupitre de cors émerveille par sa rondeur chaleureuse, Harding construit sa lecture avec passion mais sans brusquerie. Le sfumato opéré entre les pupitres enchante particulièrement le mouvement lent où de nouveau la lumière semble passer par une frondaison estivale.

    Dans la dynamique perfectible des tutti des deux derniers mouvements, les Romains se montrent parfois un peu bruyants, mais cette interprétation éloquente témoigne à la fois d’une superbe maturité du chef-pilote et d’une capacité retrouvée de l’orchestre à s’écouter mutuellement. La soirée se conclut avec l’Intermezzo de Manon Lescaut de Puccini où le lyrisme le plus franc s’allie à des couleurs capiteuses.




    Philharmonie, Paris
    Le 02/12/2024
    Thomas DESCHAMPS

    Concert de l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte Cécile sous la direction de Daniel Harding, avec le concours de la violoniste Lisa Batiashvili à la Philharmonie de Paris.
    Claude Debussy (1862-1918)
    Prélude à l’après-midi d’un faune (1894)
    SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
    Concerto pour violon n° 2 en sol mineur, op. 63 (1935)
    Lisa Batiashvili, violon
    Johannes Brahms (1833-1897)
    Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 73 (1877)
    Orchestre de l’Académie nationale Sainte Cécile
    direction : Daniel Harding

     


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