|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
26 décembre 2024 |
|
Concert de l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte Cécile sous la direction de Daniel Harding, avec le concours de la violoniste Lisa Batiashvili à la Philharmonie de Paris.
Changement de cap
Arrivé à Paris dans un avion piloté par son nouveau directeur musical, le commandant de bord Daniel Harding, l’Orchestre de l’Académie Sainte Cécile de Rome s’est montré comme métamorphosé tant dans Debussy que dans Brahms, tandis que la violoniste Lisa Batiashvili livre un Concerto n° 2 de Prokofiev tout en subtile retenue.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
[ Tous les concerts ]
|
En prélude à leur tournée européenne, l’Orchestre de l’Académie Sainte Cécile et son directeur musical ont donné une aubade musicale dans un hall de l’aéroport Fiumicino de Rome. En uniforme de pilote d’Air France, Daniel Harding a dirigé ses musiciens/passagers avant l’embarquement pour Paris dans le Divertimento Feldpartita de Haydn. Une occasion unique pour le chef de réunir dans la même journée ses deux passions, direction et pilotage. Arrivée à bon port, la phalange romaine a débuté son programme de concert à la Philharmonie de Paris par le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy.
La flûte d’Andrea Oliva dessine une arabesque simple et délicate, bientôt l’orchestre la rejoint dans ses mélismes. L’équilibre souverain des pupitres entre eux et de longs phrasés permettent à l’ensemble de trouver le juste milieu entre indolence et expression. Les couleurs naturellement latines des musiciens peignent à merveille le sous-bois de plein été jusqu’à son évanescence. Ligne claire et forme classique, le Concerto pour violon n° 2 de Prokofiev qui suit appartient à une tout autre esthétique.
Lisa Batiashvili attaque sa partie soliste avec un son bien projeté mais sans ostentation. Son chant se fait souvent méditatif tandis que l’orchestre paraît ne pas être sorti du songe de la pièce précédente au point qu’il paraît presque sur la réserve. L’Andante assai représente l’acmé de cette approche subtilement automnale. Batiashvili et Harding articulent comme il se doit l’Allegro ben marcato, toutefois là encore un jeu de nuances très travaillées cherche à rattacher ce mouvement aux deux précédents.
La violoniste annonce en bis un hommage à ses compatriotes géorgiens : l’émouvant choral Ich ruf zu dir de Bach, dans le sobre arrangement pour violon et cordes réalisé par Ander Hillborg. L’intériorité fait place après l’entracte à la Symphonie n° 2 de Brahms. Une fois passée l’introduction où le pupitre de cors émerveille par sa rondeur chaleureuse, Harding construit sa lecture avec passion mais sans brusquerie. Le sfumato opéré entre les pupitres enchante particulièrement le mouvement lent où de nouveau la lumière semble passer par une frondaison estivale.
Dans la dynamique perfectible des tutti des deux derniers mouvements, les Romains se montrent parfois un peu bruyants, mais cette interprétation éloquente témoigne à la fois d’une superbe maturité du chef-pilote et d’une capacité retrouvée de l’orchestre à s’écouter mutuellement. La soirée se conclut avec l’Intermezzo de Manon Lescaut de Puccini où le lyrisme le plus franc s’allie à des couleurs capiteuses.
| | |
|
Philharmonie, Paris Le 02/12/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte Cécile sous la direction de Daniel Harding, avec le concours de la violoniste Lisa Batiashvili à la Philharmonie de Paris. | Claude Debussy (1862-1918)
Prélude à l’après-midi d’un faune (1894)
SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour violon n° 2 en sol mineur, op. 63 (1935)
Lisa Batiashvili, violon
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 73 (1877)
Orchestre de l’Académie nationale Sainte Cécile
direction : Daniel Harding | |
| |
| | |
|