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CRITIQUES DE CONCERTS |
26 décembre 2024 |
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Version de concert d’Alcina de Haendel sous la direction de Francesco Corti au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Elsa Dreisig and Friends
Entourée d’une distribution talentueuse où se confirment les talents de Jasmin White et Juliette May, Elsa Dreisig réussit royalement sa prise de rôle en Alcina. En dépit d’une formation certes virtuose mais à l’effectif restreint, le claveciniste chef d’orchestre Francesco Corti donne à l’ensemble de belles qualités stylistiques et une vraie dramaturgie lyrique.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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Avec des forces réduites au minimum (vingt musiciens), Il Pomo d’Oro n’offre dans la Sinfonia d’ouverture d’Alcina qu’une leçon de style à défaut d’un vrai élan lyrique. Certes, Francesco Corti veille à ce que les vents trop peu nombreux soient audibles mais l’ensemble manque un peu de cette chaire propre à la musique de Haendel. Cette impression revient lors des ballets et des autres sinfonie mais heureusement elle s’estompe dans le reste de la partition grâce à la qualité du travail réalisé par le chef et ses excellents musiciens.
Le continuo expose une musicalité jamais mise en défaut et lors des airs avec instrument obligé, successivement le violon puis le violoncelle font montre d’une virtuosité chaleureuse. Surtout, le chef travaille avec succès les nuances à tout moment, suivant le texte et s’adaptant aux différents formats des chanteurs. Corti excelle par-dessus tout à magnifier l’art du da capo haendélien, où la répétition n’en est jamais vraiment une et permet au spectateur de comprendre l’évolution psychologique des personnages.
Dans le rôle d’Oronte, le ténor Stefan Sbonnik très à l’aise dans les récitatifs, n’arrive pas à habiter de la même présence ses arias qui le voient un peu à bout de ses ressources. Alex Rosen offre une nouvelle fois son Melisso de grand luxe. Un peu appliqué dans ses deux premiers airs, l’Oberto de Bruno de Sá se lance dans le dernier dans une délirante et stupéfiante vocalise. La jeune Jasmin White parvient à imprimer beaucoup de caractère à sa Bradamante. Les vocalises précises manquent peut-être un rien d’ampleur dynamique mais sa belle voix de contralto possède une vraie personnalité.
Juliette May apporte à son Ruggiero des trésors de subtilité au service d’une conception ultrasensible et émouvante. La jeune soprano en maîtrise toute la grammaire, de la plainte à l’agilité la plus endiablée. Les inévitables usures du temps empêchent Sandrine Piau d’offrir un art aussi varié. Privée de certaines harmoniques, la voix se fait moins magique, toutefois la chanteuse dispose d’une technique aboutie pour faire vivre une Morgana qui ne renonce jamais.
Enfin, reine de la soirée sans conteste, Elsa Dreisig construit une Alcina fascinante, partant d’une personnification glaçante du pouvoir pour s’ouvrir progressivement à la panique de l’effondrement en passant par les ruses les plus éhontément mensongères. On admire la capacité de la soprano à offrir des couleurs tellement différentes de sa Juliette de Gounod ou de sa Manon de Massenet. Ici, le timbre se fait plus grainé, sans que l’intonation ne faiblisse dans un déchirant Ah, mio cor ou dans cette imitation vertigineuse de l’improvisation qu’est Ombra pallide. Un portrait qui s’impose d’autant que la Française sonne d’un format vocal supérieur à celui de ses valeureux comparses.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 05/12/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Version de concert d’Alcina de Haendel sous la direction de Francesco Corti au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Alcina, Opera seria en trois actes (1735)
Livret anonyme, adapté de l’opéra de Riccardo Broschi, L’isola di Alcina
Elsa Dreisg (Alcina)
Sandrine Piau (Morgana)
Juliette Mey (Ruggiero)
Jasmin White (Bradamante)
Stefan Sbonnik (Oronte)
Bruno de Sá (Oberto)
Alex Rosen (Melisso)
Il Pomo d’Oro
direction : Francesco Corti | |
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