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CRITIQUES DE CONCERTS 18 décembre 2024

Nouvelle production des Fêtes d’Hébé de Rameau dans une mise en scène de Robert Carsen et sous la direction de William Christie à l’Opéra Comique, Paris.

RĂ©gal ramiste
© Vincent Pontet

William Christie n’aurait sans doute pas pu rêver meilleure production pour fêter son 80e anniversaire en public : on sort de ce spectacle avec des étoiles plein les yeux, aussi ébloui par la musique de Rameau (parmi ses plus grandes réussites) que le plateau vocal de haute qualité, sans parler de la mise en scène inventive de Robert Carsen.
 

Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 13/12/2024
Florent COUDEYRAT
 



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  • Moins connu que le premier opĂ©ra-ballet Les Indes galantes composĂ© quatre ans plus tĂ´t en 1735, Les FĂŞtes d’HĂ©bĂ© se situent pourtant au mĂŞme niveau d’inspiration musicale, tant Rameau fait valoir une inventivitĂ© Ă©tourdissante de verve, tant au niveau de l’orchestration haute en couleurs que des mĂ©lodies sans cesse renouvelĂ©es.

    Cette réussite repose avant tout sur l’alternance virtuose entre airs, duos, chœurs et passages orchestraux prévus pour la danse, qui donne une grande variété à l’ensemble. Comme souvent pour les opéras-ballets, le prologue et les trois entrées indépendantes ne présentent qu’un semblant d’intrigue, permettant aux auditeurs de l’époque d’aller et venir dans le théâtre sans avoir à suivre le détail des péripéties.

    C’est peu dire que Robert Carsen se joue de la faiblesse du livret, sans modifier une seule ligne du texte. Sa transposition contemporaine nous plonge d’emblée sous les ors de l’Elysée, où la serveuse Hébé est virée après avoir renversée un verre sur... Brigitte Macron ! Cette idée audacieuse se tient parfaitement, grâce aux références à Jupiter et à la Seine, tout en offrant plusieurs saynètes drôlissimes et décalées, puisées dans la récente parenthèse heureuse des Jeux Olympiques, entre moquerie pour les superficialités contemporaines (dont l’addiction de la jeune génération aux selfies) et hommage sincère aux forces policières et aux champions sportifs.

    Les danses constituent ainsi une des réussites marquantes, en rythmant le spectacle d’une folie bienvenue, notamment lors d’un match de football mimé par l’ensemble des danseurs. On ne dévoilera pas toutes les surprises qui égaillent la soirée avec bonheur, et ce d’autant plus que Carsen a la bonne idée de donner un caractère visuellement différencié à chaque entrée, en lien avec la musique.

    La dernière est sans doute l’une des plus savoureuses, avec ses atmosphères nocturnes colorées d’instruments aussi insolites que la musette. Enfin, Carsen fait valoir ses qualités habituelles de direction d’acteur, notamment pour les choristes dotés d’une individualité propre dans leur gestuelle, tandis que l’exiguïté de la scène est compensée par une utilisation astucieuse mais jamais excessive de la vidéo en arrière-scène.

    Aux côtés du chœur tour à tour investi et précis des Arts Florissants, Lea Desandre enchante le spectacle de sa présence toute de fraîcheur lumineuse, entre agilité d’articulation, facilité de projection et prononciation parfaite. On aime aussi le brio et les graves mordants d’Emmanuelle de Negri, souvent présente sur scène comme une maîtresse de cérémonie, afin de donner davantage de présence physique à Hébé.

    Ana Vieira Leite apporte aussi beaucoup de plaisir par son naturel confondant, de même que les phrasés aériens du superlatif Marc Mauillon, très applaudi en fin de représentation. Tous les seconds rôles emportent l’adhésion, portés par un William Christie déchainé dans la fosse et manifestement très heureux de partager l’enthousiasme collectif sur scène, à l’issue du spectacle.




    Opéra Comique - Salle Favart, Paris
    Le 13/12/2024
    Florent COUDEYRAT

    Nouvelle production des Fêtes d’Hébé de Rameau dans une mise en scène de Robert Carsen et sous la direction de William Christie à l’Opéra Comique, Paris.
    Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
    Les Fêtes d’Hébé, opéra ballet en un prologue et trois entrées (1739)
    Livret d’Antoine-César Gautier de Montdorge et Simon-Joseph Pellegrin
    Les Arts Florissants
    direction : William Christie
    mise en scène & éclairages : Robert Carsen
    décors & costumes : Gideon Davey
    Ă©clairages : Peter Van Praet
    chorégraphie : Nicolas Paul
    vidéo : Renaud Rubiano
    préparation des chœurs : Marouan Mankar-Bennis
    Avec :
    Emmanuelle de Negri (Hébé, Naïade), Lea Desandre (Sapho, Iphise, Eglé), Ana Vieira Leite (Amour, Ruisseau, Bergère), Antonin Rondepierre (Thélème), Cyril Auvity (Ruisseau, Lycurgue), Marc Mauillon (Momus, Mercure), Lisandro Abadie (Eurilas, Alcée), Renato Dolcini (Hymas, Tirtée), Matthieu Walendzik (Fleuve).

     


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