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CRITIQUES DE CONCERTS |
20 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Fedora de Giordano dans une mise en scène d’Arnaud Bernard et sous la direction d’Antonino Fogliani au Grand Théâtre de Genève.
Bons baisers d’Eltsine
Absente de la principale scène lyrique genevoise depuis 1903, Fedora d’Umberto Giordano fait toujours figure d'éternelle redécouverte, du fait d'un livret alambiqué : son retour dans une transposition contemporaine d’Arnaud Bernard nous plonge dans les méandres d'un amour impossible, sur fond de manipulations de l'espionnage russe post-chute du communisme.
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Après avoir connu ce qui restera le plus beau succès de sa carrière, avec le drame historique Andrea Chénier (1896), Umberto Giordano tourne son inspiration vers une trame policière matinée d'espionnage, adaptée d'une pièce de Victorien Sardou, l'auteur de Tosca. Le livret déçoit rapidement par son incapacité à faire vivre la multiplicité des personnages d'une existence propre, au point qu'on en vient plusieurs fois à se demander qui est qui, face à cet imbroglio narratif.
Le metteur en scène strasbourgeois Arnaud Bernard choisit de transposer l'action dans la Russie des années 1990, suite à l'effondrement de l'URSS, en montrant les manipulations de l'espionnage, à l'instar du meurtre initial du promis de Fedora : c'est là une entrée en matière bienvenue pour aider à comprendre le principal ressort de l'intrigue.
On aurait toutefois aimé que cette idée soit développée plus avant, afin d'enrichir le récit et donner davantage de crédibilité aux revirements émotionnels du rôle-titre, aussi contradictoires que soudains. Un rien trop sage, le mélodrame évolue dans les décors splendides de Johannes Leiacker, qui évoquent une élite bling-bling davantage occupée à ses plaisirs immédiats, sous les ombres mordorées de ses terrains de jeu, entre palais et palaces.
Si le premier acte déçoit par son statisme et sa matière musicale assez pauvre, les deux suivants montrent davantage d'inspiration, entre rythmes colorés et dansants (II) et influences populaires montagnardes (II), l'action se déroulant à Gstaad. On aime ainsi l'intervention aussi impromptue que délicate du pianiste David Greilsammer, accompagné par la fosse.
À la tête de l'excellent Orchestre de la Suisse Romande, Antonino Fogliani allège les textures et soigne l'expression des couleurs, en une mise en valeur analytique des détails de l'orchestration. En cherchant à donner ses lettres de noblesse au vérisme, cette lecture toujours probe minore toutefois par trop les contrastes, que ce soit dans l'exacerbation de la rythmique ou des traits folkloriques.
On peut malheureusement faire le même reproche à Aleksandra Kurzak, qui peine à embrasser toute la palette d'émotion requise pour le rôle de Fedora, du fait d'un jeu théâtral trop linéaire et peu crédible sur la durée. La soprano polonaise convainc davantage grâce à sa technique vocale toujours aussi admirable d'articulation et d'homogénéité sur toute la tessiture, surtout au niveau de la subtilité des piani.
Roberto Alagna compose quant à lui un Loris autrement sonore et sanguin, faisant valoir ses habituelles qualités de diction et d'investissement dramatique. Le timbre n'a certes plus les qualités de séduction de naguère, mais reste décisif dans ce rôle finalement peu exposé au niveau des virtuosités. En dehors de ces deux personnages omniprésents, les seconds rôles emportent l'adhésion par leur distribution luxueuse, dominée par une Yuliia Zasimova (Olga) délicieuse d’agilité et d'aisance.
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Grand Théâtre, Genève Le 17/12/2024 Florent COUDEYRAT |
| Nouvelle production de Fedora de Giordano dans une mise en scène d’Arnaud Bernard et sous la direction d’Antonino Fogliani au Grand Théâtre de Genève. | Umberto Giordano (1867-1948)
Fedora, opéra en trois actes (1898)
Livret d’Arturo Colautti
Chœur du Grand Théâtre de Genève et Orchestre de la Suisse Romande
direction : Antonino Fogliani
mise en scène : Arnaud Bernard
décors & costumes : Johannes Leiacker
Ă©clairages : Fabrice Kebour
vidéo : Paul-Henry Rouget de Conigliano
préparation des chœurs : Mark Biggins
Avec :
Aleksandra Kurzak (Fedora), Roberto Alagna (Loris Ipanoff), Simone Del Savio (De Siriex), Mark Kurmanbayev (Grech), Yuliia Zasimova (Olga Sukarev), David Greilsammer (Lazinsky), Sebastiá Peris (Lorek), Vladimir Kazakov (Cirillo), Louis Zaitoun (Rouvel), Igor Gnidii (Boroff). | |
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