altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 05 février 2025

Concert Varèse de l’Ensemble intercontemporain et de l’Orchestre du Conservatoire de Paris sous la direction de Pierre Bleuse à la Philharmonie de Paris.

Vulcain musicien
© Thomas Deschamps

La salle Pierre Boulez se révèle idéale pour la rétrospective Varèse de l’Ensemble intercontemporain et l’Orchestre du Conservatoire de Paris. De la flûte solo de Densité 21,5 aux incantations délirantes d’Arcana et Amériques dirigées de main de maître par Pierre Bleuse, ce phénomène sonore en perpétuelle mutation laisse sur une impression difficilement descriptible.
 

Philharmonie, Paris
Le 10/12/2024
Thomas DESCHAMPS
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • L’Or de la tech

  • Avec ou sans enfant ?

  • La grâce et le sacrifice

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Les trente-sept instruments requis par Ionisation de Varèse forment un dispositif imposant, bientĂ´t les treize percussionnistes se mettent en place rejoints par leur chef, Pierre Bleuse. La grande fĂŞte du timbre peut commencer. Les formes mouvantes imaginĂ©es par le compositeur se dilatent dans la vaste acoustique de la salle Pierre Boulez pour un effet auditif merveilleux qui se termine avec l’arrivĂ©e des percussions Ă  hauteur dĂ©terminĂ©e sonnant la fin du processus de dissociation.

    Le chef prend aussitôt un micro pour dire avec force un texte de Varèse en parfaite illustration de ce qui vient de se passer. La flûte de Sophie Cherrier prend le relais pour Densité 21,5, transition poétique où l’instrument solo se voit développer quelques facultés percussives entre deux ascensions harmoniques. Point de percussion pour Octandre qui explore un assemblage de timbres (ceux d’une contrebasse et de sept instruments à cordes) superbement rendus par les musiciens de l’Ensemble intercontemporain et ceux du Conservatoire de Paris.

    Les Intégrales qui suivent reprennent la grammaire percussive avec une force incantatoire où les répétitions obsédantes finissent par s’apaiser pour laisser la place à la plainte nocturne du hautbois. Un moment de grâce qui aurait dû se poursuivre aves Offrandes. Hélas, en dépit d’une très bonne prononciation des deux poèmes, la voix de la soprano Sarah Aristidou peine à faire jeu égal avec l’orchestre de chambre, du fait d’un médium faible et d’un aigu plus stressé qu’intense.

    Après l’entracte, la fête se transforme en orgie sonore. Arcana use d’un instrumentarium gigantesque (dont dix contrebasses et huit cors) qui emplit tout le plateau. Née d’un rêve proprement surréaliste du compositeur dont il fit part dans une lettre à sa femme, la pièce pousse jusqu’au vertige la transmutation des fanfares. Pierre Bleuse qui depuis le début de la soirée porte très haut le verbe varésien semble désormais danser au bord du volcan. Sa direction amène les musiciens à une expressivité hallucinante où du tourbillon des rythmes surgissent rengaines, jazz et marches comme dans un cauchemar éveillé.

    En regard, les AmĂ©riques qui closent le concert paraissent d’abord, du fait de cette juxtaposition, presque trop aimables, d’autant que la version « allĂ©gĂ©e Â» de 1929 a Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rĂ©e Ă  l’originale. Mais la tension sous-jacente qu’instille Bleuse innerve les diffĂ©rentes sections, des mystĂ©rieuses sourdines aux sirènes lancinantes. Il sait aussi rĂ©aliser Ă  la perfection les changements subits de registres et d’intensitĂ©s. Et pour la phĂ©nomĂ©nale coda, c’est Vulcain en personne qui semble forger la matière sonore jusqu’au dĂ©ferlement de nuĂ©es ardentes.




    Philharmonie, Paris
    Le 10/12/2024
    Thomas DESCHAMPS

    Concert Varèse de l’Ensemble intercontemporain et de l’Orchestre du Conservatoire de Paris sous la direction de Pierre Bleuse à la Philharmonie de Paris.
    Edgard Varèse (1883-1965)
    Ionisation, pour ensemble de treize percussionnistes (1931)
    Densité 21,5, pour flûte (1936)
    Sophie Cherrier, flûte
    Octandre, pour huit instruments (1923)
    Intégrales, pour onze instruments à vent et percussions (1924)
    Offrandes, pour soprano et orchestre de chambre (1921)
    Sarah Aristidou, soprano
    Arcana, pour orchestre (1927)
    Amériques, pour orchestre (1921)
    Version 1927, dite de 1929
    Ensemble intercontemporain
    Orchestre du Conservatoire de Paris
    direction : Pierre Bleuse

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com