|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
27 décembre 2024 |
|
Concert du Quatuor Ébène avec le concours de l’altiste Mathieu Herzog et du violoncelliste Victor Julien-Laferrière dans le cadre des Concerts du dimanche matin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Chambre déséquilibrée
Dans le cadre de la cinquantième saison des Concerts du dimanche matin, le magnifique programme Strauss-Schubert donné par le Quatuor Ébène et ses invités souffre légèrement de déséquilibre en défaveur des parties de violoncelle. Remplaçant Bruno Delepelaire initialement invité, Victor Julien-Lafferrière paraît avoir entrainé Yuya Okamoto dans ses hésitations.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
[ Tous les concerts ]
|
L’une des plus belles musiques composées par Richard Strauss ouvre le concert proposé par le Quatuor Ébène et ses deux invités. Le sextuor servant de prélude à l’opéra Capriccio offre un mouvement unique, Andante con moto, qui affirme la primauté de la musique d’une manière d’abord indolente pour faire place à une section centrale traversée de conflits dramatiques avant de recouvrer une lyrique apaisée.
Ce matin, les musiciens en donnent une lecture d’une clarté admirable portée par le chant épuré de Pierre Colombet. Les sinuosités de l’écriture ravissent l’oreille mais on peut regretter une polyphonie un rien amoindrie par la réserve excessive des deux violoncellistes face à l’engagement des violons et des altos. Ce retrait frappe aussi l’œuvre phare du programme de cette matinée, le Quintette à deux violoncelles de Schubert.
Les deux premiers mouvements en souffrent plus particulièrement. Cela va d’une timidité expressive lorsque les thèmes sont confiés au premier violoncelle jusqu’à des pizzicatos peu audibles. C’est d’autant dommage que l’ensemble possède une tenue exemplaire et bénéficie de la cohésion des deux violons et de la chaleur de la partie de premier alto tenue de manière splendide par Marie Chilemme.
L’Adagio, cœur ultrasensible de ce chef-d’œuvre sonne certes très musical avec nombre de nuances d’une grande subtilité mais le déséquilibre en faveur du magnifique premier violon lui retire beaucoup de sa part méditative et de son insondable mystère. Le Scherzo voit le réveil des violoncelles comme un départ pour la chasse. L’engagement retrouvé ne se fait pas sans artefact, à l’instar de quelques coups de boutoirs donnés intempestivement par Victor Julien-Laferrière dans le dernier mouvement irrésistiblement optimiste. En réponse aux acclamations du public, Mathieu Herzog s’avance et prend la parole.
Soulignant le fait qu’il n’est pas coutume qu’un invité plutôt qu’un membre de la formation hôte annonce le bis, il rappelle qu’il en fut un membre fondateur et qu’il y a dix ans jour pour jour il la quitta pour d’autres horizons. Très obligeamment, Chilemme lui laisse la première partie d’alto pour le mouvement lent du sextuor Souvenirs de Florence de Tchaïkovski dont les effusions lyriques forment une conclusion chaleureuse à cette matinée chambriste.
| | |
|
Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 15/12/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert du Quatuor Ébène avec le concours de l’altiste Mathieu Herzog et du violoncelliste Victor Julien-Laferrière dans le cadre des Concerts du dimanche matin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Richard Strauss (1864-1949)
Sextuor Ă cordes de Capriccio, op. 85 (1941)
Franz Schubert (1797-1828)
Quintette Ă cordes en ut majeur, D 956 (1828)
Quatuor Ébène
Pierre Colombet, violon I
Gabriel Le Magadure, violon II
Marie Chilemme, alto I
Mathieu Herzog, alto II
Yuya Okamoto, violoncelle I
Victor Julien-Laferrière, violoncelle II | |
| |
| | |
|