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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 février 2025 |
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Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Simon Rattle, avec le concours de la soprano Barbara Hannigan à la Philharmonie de Paris.
Les trois B
Le LSO ne faillit pas à sa réputation de versatilité virtuose avec ce premier concert d’une série de deux où Éclat de Boulez bénéficie des mêmes soins et de la même beauté instrumentale que la Symphonie n° 4 de Brahms. Au centre du programme, la suite tirée par George Benjamin de son opéra Lessons in Love and Violence fait l’effet d’une déflagration poétique.
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Comme tant de concerts qui auront lieu en cette année anniversaire, celui-ci débute par une pièce de Pierre Boulez. Petit bijou hédoniste du milieu des années 1960, Éclat joue de la résonnance variable des instruments avec de fréquentes suspensions du temps et confie un rôle crucial au chef qui détermine au dernier moment certaines séquences, au point qu’on a parlé de concerto pour chef d’orchestre.
Une gourmandise manifeste pour Simon Rattle et les solistes du Symphonique de Londres capables à la fois des fulgurances requises par la partition et d’une richesse de timbres fascinante. Un plaisir de l’oreille gâté par les toux incessantes d’un public manifestement peu concentré. La dramaturgie de la pièce suivante lui pose certainement moins de problèmes.
Dédicacé à Rattle à l’occasion de son 70e anniversaire, Interludes and Aria de George Benjamin reprend des passages orchestraux et un air de son opéra Lessons in Love and Violence basé sur la vie du roi Edouard II. Sept mouvements s’enchaînent pendant un peu plus d’un quart d’heure. Ils sont superbement caractérisés au moyen de l’orchestration qui introduit progressivement des menaces sourdes. L’air d’Isabelle au centre de la partition en est le pivot central.
Barbara Hannigan fait une entrée muette mais néanmoins magnétique par son allure digne de son personnage, la reine Isabelle. Son aria tout de colère contenue à l’égard de ses sujets use d’une langue ciselée et d’une lyrique frémissante. Les trois derniers mouvements orchestraux reprennent le matériau des premiers sous une forme altérée par les conflits, jusqu’à une coda évoquant la catastrophe. L’orchestre se montre tout au long haletant de présence.
Après l’entracte, Rattle offre de la Symphonie n° 4 de Brahms une lecture lumineuse. La pâte orchestrale du LSO est la vie même, sans les couleurs automnales qu’on associe souvent à ce répertoire. Toujours un peu trop actif dans ces pages, Rattle fait feu de chaque modification du matériau thématique qui ne cesse de se métamorphoser. Son acuité rythmique supérieure se traduit par une virtuosité parfois trop marquée. Un peu plus décanté, le quatrième mouvement atteint un sommet avec le sublime solo de flûte de Joshua Batty.
« More Brahms, different Brahms ! », annonce en anglais le chef avant de livrer une Danse hongroise n° 3 jouée comme une horlogerie miniature. Irrésistible.
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Philharmonie, Paris Le 13/01/2025 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Simon Rattle, avec le concours de la soprano Barbara Hannigan à la Philharmonie de Paris. | Pierre Boulez (1925-2016)
Éclat, pour quinze instruments (1965)
George Benjamin (*1960)
Interludes and Aria (Lessons in Love and Violence) (2024)
Barbara Hannigan, soprano
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 4 en mi mineur, op. 98 (1885)
Orchestre symphonique de Londres
direction : Sir Simon Rattle | |
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