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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 février 2025 |
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Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Simon Rattle, avec le concours du guitariste John Scofield et du pianiste Krystian Zimerman à la Philharmonie de Paris.
La force des amitiés
Pour son second concert, le LSO joue un programme anglo-germanique. Les Ritual Dances de Tippett surclassent d’abord sans appel la création mondiale d’un concerto pour guitare de Turnage où John Scofield se fourvoie. En revanche, la formation britannique, Simon Rattle et Krystian Zimerman se retrouvent au diapason pour un inoubliable Concerto pour piano n° 4 de Beethoven.
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La musique de Tippett reste peu connue du public français. Ainsi, son premier grand opéra, The Midsummer Mariage, attend toujours sa création hexagonale intégrale. Le compositeur en a tiré quatre Danses rituelles habilement reliées entre elles par des sections incantatoires donnant à l’ensemble une fluidité et une cohérence remarquables. Cette musique virtuose d’une grande complexité rythmique semble écrite pour Simon Rattle. Avec la complicité du London Symphony, il en rend toutes les couleurs et exhale son atmosphère de paganisme. La création mondiale qu’il propose ensuite n’apporte pas la même jubilation.
Rattle reste fidèle à Mark-Anthony Turnage, connu pendant son mandat à Birmingham. Le compositeur est lui resté lié au légendaire guitariste John Scofield avec qui il a collaboré à la fin des années 1990. Sco, le concerto pour guitare électrique écrit à son intention (à l’occasion du 70e anniversaire de Rattle) laisse latitude au soliste pour improviser tandis qu’un vaste orchestre développe le mélange de musique classique et de jazz qui a fait les beaux jours de Turnage.
Curieusement, Scofield peu à l’aise voire crispé semble répéter à l’envie les mêmes figures sans trop interagir avec l’orchestre qui alterne entre sirop et phases rythmiques pendant une trop longue demi-heure. On s’amuse néanmoins à regarder les cordes contraintes à jouer la plupart du temps pizzicato ainsi que les mimiques divertissantes des percussionnistes. Après un accueil public quelque peu embarrassé, le concert retrouve le plus haut niveau.
Un autre partenaire de longue date de Rattle, Krystian Zimerman, rejoint le plateau pour le Concerto pour piano n° 4 de Beethoven. Comme dans l’enregistrement DG, leur lecture appartient davantage à l’univers chambriste que symphonique, mais en concert, dans l’acoustique de la Philharmonie, tout respire davantage et la musique s’envole. Au terme de la cadence du premier mouvement, Zimerman entonne les notes d’Happy Birthday qui peuvent autant s’adresser à l’institution invitante qu’au chef britannique. Et, clin d’œil savoureux, le pianiste égrène même les premières notes d’une accroche de la Marseillaise, noyées sous les applaudissements.
Le mouvement lent étreint par la connivence entre soliste et chef. Dans le Rondo vivace, les équilibres atteignent un idéal et le pianiste trouve des comparses à son niveau notamment dans le violoncelle de David Cohen et la flûte de Joshua Batty. Fait absolument exceptionnel en ce qui le concerne, le pianiste polonais qu’on a vu rarement aussi épanoui offre deux bis. Et lesquels : Pagodes de Debussy jouées avec une poétique de la résonnance renversante et le Finale de la Sonate n° 3 de Chopin conduit comme une Alpine sur la corniche de la French Riviera !
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Philharmonie, Paris Le 14/01/2025 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Simon Rattle, avec le concours du guitariste John Scofield et du pianiste Krystian Zimerman à la Philharmonie de Paris. | Michael Tippett (1905-1998)
Ritual Dances (The Midsummer Marriage) (1947)
Mark-Anthony Turnage (*1960)
Sco, concerto pour guitare (2024)
John Scofield, guitare Ă©lectrique
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano n° 4 en sol majeur, op. 58 (1806)
Krystian Zimerman, piano
Orchestre symphonique de Londres
direction : Simon Rattle | |
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