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CRITIQUES DE CONCERTS |
29 janvier 2025 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Zubin Mehta, avec le concours du violoniste Pinchas Zukerman au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Sombre nostalgie
Zubin Mehta, accroché au podium comme à la vie, dirige avenue Montaigne avec une noire intensité une Symphonie n° 9 de Bruckner à l’impact renforcé par la cohésion et la richesse sonore du Philharmonique de Vienne. Auparavant, le jeu éteint de Pinchas Zukerman dans le Concerto pour violon n° 3 de Mozart accuse le temps qui passe.
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La silhouette légèrement voutée, Pinchas Zukerman s’avance au milieu des musiciens du Philharmonique de Vienne. Il est suivi de Zubin Mehta qui avance à tout petits pas précautionneux. La nostalgie s’empare sans doute du public tant cette association rappelle des souvenirs glorieux. Assis sur une chaise haute, Mehta lance l’introduction du Concerto pour violon n° 3 de Mozart.
Le son radieux et coloré des musiciens laisse espérer de grandes choses. Hélas, tout s’éteint avec l’entrée du violon. L’instrument sonne confidentiel comme si la projection de Zukerman s’était éteinte. Rapidement quelques écarts d’intonation expliquent la chose : pour éviter l’accident, le violoniste doit éviter de forcer le son.
Son discours susurré peine à intéresser et le chef a mis l’orchestre au diapason. Les mouvements se succèdent sans contrastes. Même l’épisode Andante du Rondeau final manque d’expressivité. L’accueil poli du public n’appelle pas de bis. Après l’entracte, Mehta revient avec sa démarche hésitante mais une fois assis, la Symphonie n° 9 de Bruckner sera une tout autre histoire.
Le chef a enregistré l’œuvre avec l’orchestre en mai 1965 pour le label Decca. Près de soixante ans plus tard, leur lecture en concert se montre moins fluide et moins élégiaque. Pour autant, Mehta ouvre avec fermeté et allant, sans s’appesantir. La précision des attaques des cuivres terrasse, la beauté des cordes subjugue, l’impact de l’orchestre impressionne.
Tout sonne très vertical et s’amplifie dans un Scherzo terrifiant, depuis les pizzicatos qui clouent le décor avant un Trio d’une rugosité sans concession. La noirceur gagne l’Adagio d’une éloquence exacerbée aux cuivres. Mais ici Mehta s’appesantit quelque peu et laisse béants les silences interrogatifs. Point de transcendance à ce stade mais une vision sans grand espoir.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 17/01/2025 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Zubin Mehta, avec le concours du violoniste Pinchas Zukerman au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour violon n° 3 en sol majeur, K. 216 (1775)
Pinchas Zukerman, violon
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 9 en ré mineur, WAB 109 (1896)
Wiener Philharmoniker
direction : Zubin Mehta | |
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