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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 janvier 2025 |
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Nouvelle production des Contes d’Hoffmann d’Offenbach dans une mise en scène de Lotte de Beer et sous la direction de Pierre Dumoussaud à l’Opéra national du Rhin, Strasbourg.
La Muse refait les Contes
Les Contes d’Hoffmann présentés par l’Opéra du Rhin, en coproduction avec l’Opéra Comique qui a vu naître le chef-d’œuvre inachevé d’Offenbach, le Volksoper de Vienne que dirige la metteuse en scène Lotte de Beer, et l’Opéra de Reims, opère un retour aux dialogues parlés. Dans une réécriture hélas peu féconde sur le plan théâtral, mais aussi musical.
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Du fait de leur inachèvement, il est rare depuis plus d’un demi-siècle que la recherche musicologique se mêle de la destinée posthume des Contes d’Hoffmann, et que les nombreuses productions du chef-d’œuvre d’Offenbach emploient le même matériel musical – les différentes éditions modernes, de Fritz Oeser à Michael Kaye et Jean-Christophe Keck, continuant de faire débat.
Pour le spectacle étrenné à Strasbourg, Lotte de Beer a fait le choix, désormais peu fréquent, mais a priori judicieux, eu égard aux principaux coproducteurs – l’Opéra Comique et le Volksoper de Vienne –, d’avoir recours non aux récitatifs, pour la plupart apocryphes, mais à des dialogues parlés. Une réécriture en vérité dont on a tôt fait de se demander, vu la médiocrité du style, si elle n’a pas été rédigée dans une autre langue que le français, puis traduite – la lecture du programme de salle le confirme.
Dépourvu de continuité, le premier acte est de surcroît victime, au sein même des numéros musicaux, de multiples coupures, parfois de quelques mesures seulement, qui irritent à force de transitions bricolées – l’argument, avancé par le chef, selon lequel le compositeur en pratiquait lui-même jusqu’à la création, peine ici à convaincre.
Le fond ne compense malheureusement pas les déséquilibres de la forme : monologue moins narratif que didactique de la Muse, dès lors presque récitante au I, avant que, se révélant « thérapeute », ou plutôt juge chargée par l’Olympe d’instruire le « cas Hoffmann », son dialogue avec celui-ci ne vire à la charge contre le poète, coupable de ne s’éprendre que de femmes stéréotypées (artiste, jeune fille et courtisane, c’est lui qui le dit), comme autant de projections de sa masculinité toxique. Voilà qui est bien dans l’air du temps…
En renfort de ce parti-pris dramaturgique, d’intempestifs baissers de rideau isolent les deux protagonistes et entretiennent l’illusion d’un décor unique, alors qu’il est en réalité dédoublé sur une tournette, afin de permettre notamment des variations d’échelle – la poupée Olympia, tantôt miniature tantôt géante. Il faudra s’en contenter, comme de quelques idées éparses, plutôt bonnes au demeurant, pour la dimension fantastique, tandis que la poésie n’affleurera qu’au moment où Antonia sera happée par la Voix de sa mère, dans les profondeurs d’un cadre tendu de noir.
Le plateau ne confère à ce théâtre sans plus de surprises qu’un relief modéré. Affublé d’une méchante perruque, Attilio Glaser tient à peu près la distance et la tessiture, sans se départir, dans son absence d’incarnation d’Hoffmann, d’une ingrate monochromie. Relevant avec une remarquable probité musicale et scénique le redoutable défi des quatre héroïnes, Lenneke Ruiten n’en est pas moins en panne d’abattage comme de séduction du timbre.
Et si les mots de Jean-Sébastien Bou tranchent toujours dans le vif, le grave lui fait absolument défaut, dès ses premières apparitions plus burlesques que diaboliques. Bien que trop souvent aux prises avec un verbiage indéfendable pour parler tout à fait juste, la Muse de Floriane Hasler triomphe, en revanche, par la grâce d’un chant velouté.
Les belles individualités de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg répondent mieux que leur collectif aux sollicitations de Pierre Dumoussaud, dont la direction au souffle ample s’épanouirait peut-être davantage dans le grand opéra romantique que dans cet avatar décidément curieux d’opéra-comique.
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 23/01/2025 Mehdi MAHDAVI |
| Nouvelle production des Contes d’Hoffmann d’Offenbach dans une mise en scène de Lotte de Beer et sous la direction de Pierre Dumoussaud à l’Opéra national du Rhin, Strasbourg. | Jacques Offenbch (1819-1880)
Les Contes d’Hoffmann, opéra fantastique en cinq actes (1881)
Livret de Jules Barbier et Michel Carré
Coproduction de l’Opéra national du Rhin avec le Théâtre National de l’Opéra-Comique, le Volksoper de Vienne et l’Opéra de Reims.
Chœur de l’Opéra national du Rhin
Orchestre philharmonique de Strasbourg
direction : Pierre Dumoussaud
mise en scène : Lotte de Beer
décors : Christof Hetzer
costumes : Jorine van Beek
Ă©clairages : Alex Brok
réécriture des dialogues et dramaturgie : Peter te Nuyl
Avec :
Attilio Glaser (Hoffmann), Floriane Hasler (La Muse / Nicklausse), Jean-Sébastien Bou (Lindorf / Coppélius / Docteur Miracle / Capitaine Dapertutto), Raphaël Brémard (Andrès / Cochenille / Frantz / Pitichinaccio), Lenneke Ruiten (Olympia / Antonia / Giulietta / Stella), Bernadette Johns (Voix de la Mère), Marc Barraud (Luther / Crespel), Pierre Gennaï (Hermann / Schlémil), Pierre Romainville (Nathanaël / Spalanzani / le Capitaine des sbires). | |
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