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CRITIQUES DE CONCERTS |
12 mars 2025 |
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Reprise des Puritains de Bellini dans la mise en scène de Laurent Pelly, sous la direction de Corrado Rovaris à l’Opéra national de Paris.
Prima la musica
Les Puritains selon Laurent Pelly, traités à la manière d’un livre d’images, laissent la primauté au chant. Une distribution bien composée, dirigée avec rigueur par Corrado Rovaris, porte haut l’art mélodique de Bellini. Lisette Oropesa et Lawrence Brownlee triomphent en amoureux contrariés tandis que Roberto Tagliavini rappelle en Giorgio ses devanciers illustres.
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Pour le dernier opéra de Bellini, Laurent Pelly a créé en 2013 avec ses complices de toujours une scénographie épurée basée sur une structure faite d’un treillis métallique figurant de manière stylisée un château. Dans ce cadre strict, on imagine tout à fait le metteur en scène jouant comme un enfant avec une maquette et déplaçant des figurines au gré des situations dramatiques.
La tournette sur laquelle repose le décor n’a de cesse de renouveler le point de vue tandis que les éclairages soignés donnent à l’ensemble l’allure d’un conte gothique où les protagonistes semblent enfermés dans leur destin dépressif jusqu’au happy end final. Pour cette deuxième reprise, le spectacle n’a rien perdu de ses qualités plastiques. La sagesse de son propos par rapport à un livret parfois incohérent est à la fois reposant et pas toujours stimulant pour le spectateur.
La musique retrouve ainsi une place prépondérante, ce qu’on ne regrette nullement d’autant que la soirée répond largement aux exigences du bel canto. Au premier chef, Lisette Oropesa incarne une Elvira à fleur de peau. La soprano, qui ne possède pas tout à fait la tessiture du rôle, a manifestement approfondi son interprétation depuis l’enregistrement réalisé pour le label EuroArts en 2023.
Le médium sonne beaucoup plus développé, ce qui lui donne accès à une palette de couleurs incomparables. Les aigus restent parfois émis en force mais désormais avec une générosité contagieuse. Cet accomplissement vocal s’accompagne d’une capacité à traduire les émotions les plus diverses, la clé essentielle d’un personnage cyclothymique.
À ses côtés, le legato naturel de Lawrence Brownlee fait des merveilles. Un rien de souffle manque peut-être aux redoutables suraigus dont il a la charge, mais son Arturo touche au cœur et sa musicalité apporte un élan particulier aux nombreuses scènes d’ensemble. Réservé au I, le Giorgio de Roberto Tagliavini se révèle splendide avec Cinta i fiori au II, où la plénitude de l’émission s’accompagne de la plus noble des émotions. Son duo avec la basse Andrii Kymach (Riccardo) constitue un autre moment de félicité vocale, même si ce dernier sonne un peu engoncé.
Le reste de la distribution n’appelle que des compliments. On remarque particulièrement l’Henriette de France de Maria Warenberg, prometteuse par son timbre et son phrasé. Corrado Rovaris dirige un orchestre et des chœurs en bonne forme. Sa baguette précise garantit un idiomatisme et un style certains, mais il était possible d’espérer de sa part un peu plus d’articulation et surtout plus de sollicitation des solistes de la fosse pour dialoguer avec le plateau, seule réserve notable d’une soirée très réussie.
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