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CRITIQUES DE CONCERTS 01 avril 2025

Nouvelle production de Guillaume Tell de Rossini dans la mise en scène de Jean-Louis Grinda, sous la direction de Stefano Montanari à l’Opéra de Liège.

Aux armes, citoyens !
© J. Berger / OWL

À l’Opéra Royal de Liège Wallonie, la production Jean-Louis Grinda de Guillaume Tell, annoncée comme une nouvelle production car remaniée depuis l’Opéra de Monte-Carlo et le Théâtre antique d’Orange, met l’accent sur l’héroïsme au détriment du raffinement rossinien, face à la direction digne d’une charge de cavalerie de Stefano Montanari.
 

Opéra Royal de Wallonie, Liège
Le 12/03/2025
Michel LE NAOUR
 



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  • Dernier opĂ©ra du Cygne de Pesaro, Guillaume Tell (1829), prĂ©sentĂ© comme un hymne Ă  la libertĂ©, peut ĂŞtre aussi envisagĂ© sous l’angle de la vie rustique et vertueuse du peuple suisse occupĂ© par les Autrichiens. Jean-Louis Grinda remet sur le mĂ©tier pour la troisième fois une mise en scène efficace dans des dĂ©cors minimalistes qui Ă©voquent l’HelvĂ©tie Ă©ternelle des Quatre-Cantons avec ses montagnes et ses forĂŞts mordorĂ©es au fil de projections vidĂ©o.

    À son actif, une simplicité de ton et un sens de la narration qui aident à éclairer un livret chargé d’intentions. Le plateau, relativement nu, représente un cadre rural devant lequel évoluent des paysans typés dans des costumes du même acabit, vaquant à leurs activités quotidiennes avant d’être malmenés par le gouverneur Gessler dont ils se libèreront après le fameux épisode de la pomme. Les chœurs, très présents et homogènes, souffrent d’une réalisation plus illustrative que dramatique, et la chorégraphie, assez décalée, n’apporte rien de plus.

    La direction de Stefano Montanari ne choisit pas la légèreté mais une énergie bruyante, au risque de gêner la respiration des chanteurs confrontés aux difficultés de la prosodie française. La célèbre ouverture est conduite sans poésie ni nuances, et son crescendo rythmique conclusif mené tambour battant paraît bien brutal.

    L’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, pourtant dans ses bons jours (les flûtes et le cor anglais, le violoncelle solo) ne peut que répondre à des intentions trop forcées où l’héroïsme tient de la charge de cavalerie. D’une durée de plus de trois heures (hors entractes) malgré les coupures, le spectacle, surtout dans la dernière partie, s’éternise.

    Habitué du rôle-titre, Nicola Alaimo fait feu de tout bois tant sur le plan de la présence que de son chant stable et engagé. Il préfère le plus souvent privilégier la vaillance à la tendresse pour son fils Jemmy incarné avec puissance par Elena Galitskaya. L’Arnold de John Osborn atteint une forme de perfection aussi bien dans la diction que dans l’expression, assumant avec bonheur l’ambigüité du personnage tiraillé entre son amour pour Mathilde et le devoir patriotique.

    On est moins séduit par le timbre d’Inho Jeong en Gessler compassé au français approximatif. En revanche, mention pour les fidèles Walter Fürst de Patrick Bolleire, pour le Leuthold de Tomislav Lavoie, d’une solidité sans faille, et le vieux père Melchtal de Hugo Rabec, fier et attachant. En Rodolphe, le lieutenant du gouverneur, Kresimir Spicer, possède toute la méchanceté requise et la voix ad hoc, tandis que Nico Darmanin en pêcheur Ruodi peine à filer ses aigus.

    Du côté féminin, si Salomé Jicia (Mathilde) répond parfaitement à ce que l’on attend d’un spinto, Emanuela Pascu (Hedwige), à la prononciation parfois incompréhensible, reste en-deçà des attentes. Le public fait toutefois un triomphe à cette production, d’autant que Guillaume Tell n’avait pas été représenté à Liège depuis un quart de siècle. Le choix de cet ouvrage a en effet valeur d’actualité à notre époque si troublée où la liberté est sans cesse bafouée au nom de la loi du plus fort.




    Opéra Royal de Wallonie, Liège
    Le 12/03/2025
    Michel LE NAOUR

    Nouvelle production de Guillaume Tell de Rossini dans la mise en scène de Jean-Louis Grinda, sous la direction de Stefano Montanari à l’Opéra de Liège.
    Gioacchino Rossini (1792-1868)
    Guillaume Tell, opéra en quatre actes (1829)
    Livret de Victor-Joseph Etienne de Jouy et Hippolyte Louis Florent Bis, d’après la pièce Wilhelm Tell de Schiller et le récit Guillaume Tell ou La Suisse libre de Jean-Pierre Claris de Florian

    Chœurs et Orchestre l’Opéra Royal de Wallonie-Liège
    direction : Stefano Montanari
    mise en scène : Jean-Louis Grinda
    décors : Eric Chevalier
    costumes : Françoise Raybaud
    Ă©clairages : Laurent Castaingt
    chorégraphie : Eugénie Andrin
    préparation des chœurs : Denis Segond

    Avec :
    Nicola Alaimo (Guillaume Tell), John Osborn (Arnold Melchtal), Salomé Jicia (Mathilde), Elena Galitskaya (Jemmy), Emanuela Pascu (Hedwige), Patrick Bolleire (Walter Fürst), Inho Jeong (Gessler), Hugo Rabec (Melchtal), Tomislav Lavoie (Leuthold), Nico Darmanin (Ruodi), Kresimir Spicer (Rodolphe).

     


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