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CRITIQUES DE CONCERTS |
02 avril 2025 |
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Concert de l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, avec la participation de la soprano Angel Blue au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Ferveur et empathie
Au Théâtre des Champs-Élysées avec l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam, Yannick Nézet-Séguin convainc dans la Symphonie n° 3, dite Wagner-Symphonie de Bruckner d’une belle construction, après avoir pâti de la prestation de la soprano américaine Angel Blue à contre-emploi dans les Quatre derniers Lieder de Richard Strauss.
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Ferveur et empathie
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Plutôt décevant l’an dernier dans La Walkyrie en version de concert, Yannick Nézet-Séguin, pour sa venue annuelle dans la même salle du TCE avec l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam, prouve qu’il entretient une relation de sympathie avec cette phalange dont il a été directeur musical de 2008 à 2018.
En première partie, dans les Quatre derniers Lieder de Richard Strauss, malgré un accompagnement aux enchaînements harmoniques très fluides et une parure orchestrale aux couleurs mordorées, le chef québécois n’en peut mais face au chant verdien de la soprano californienne Angel Blue, aux aigus projetés et à la ligne de chant opératique.
Dans son habit d’ombre et de lumière, elle peine d’emblée à rendre les ardeurs juvéniles du difficultueux Frühling, force le ton dans les arabesques vocales de September, ne parvient pas à trouver le repos dans Beim Schlafengehen et finit par prendre ses marques trop tardivement en effaçant une larme au moment d’Im Abendrot, où passe une émotion furtive.
Changement de décor après l’entracte avec la Symphonie Wagner de Bruckner dans la version d’origine de 1873, éditée par Nowak en 1977, la plus ample, qui fait partie du panthéon de Nézet-Séguin, lequel a livré au disque deux enregistrements contrastés de ce chef-d’œuvre, l’une au Canada et l’autre en Allemagne (chez Atma et Profil). D’entrée de jeu, le climat est donné et la part d’héroïsme bien marquée par l’appel des cuivres (la trompette) et le martèlement des cordes qui alternent judicieusement avec les effusions lyriques sans cesse présentes en hommage au maître de Bayreuth.
Les couleurs, la ductilité des phrasés, l’enchaînement des motifs témoignent du travail accompli et de l’adhésion d’une formation homogène et en totale osmose. Cette impression se confirme dans l’Adagio pris à un tempo relativement rapide plus proche d’un Andante, ce qui évite les périodes d’immobilité et donne tout son sens aux citations wagnériennes, sans nuire au sentiment de mystère.
Rageur, mené tambour battant, le Scherzo très pulsé et sans pesanteur prend, dans le Trio, une allure forestière sur un rythme de Ländler plein de sève. Le final, énergique, avance sans cesse, et la coda conduit au ciel de manière directe et spontanée sans cette élévation graduelle ou cette ascension cosmique si chère à Jochum, Celibidache, voire Knappertsbuch. Quoiqu’il en soit, cette lecture pleine de vie et d’empathie est saluée par un public chaleureux qui fait un triomphe au chef lorsqu’il parcourt le plateau en tous sens pour embrasser individuellement des musiciens comme en lévitation.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 23/03/2025 Michel LE NAOUR |
 | Concert de l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, avec la participation de la soprano Angel Blue au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Richard Strauss (1864-1949)
Vier letzte Lieder
Angel Blue, soprano
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 3 en ré mineur « Wagner-Symphonie »
Version primitive de 1873
Rotterdams Philharmonisch Orkest
direction : Yannick NĂ©zet-SĂ©guin |  |
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