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CRITIQUES DE CONCERTS 05 avril 2025

Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Esa-Pekka Salonen avec le concours du chorégraphe Benjamin Millepied à la Philharmonie de Paris.

Transversalité manquée
© Thomas Deschamps

L’annonce de la collaboration entre Esa-Pekka Salonen et Benjamin Millepied a fait salle comble pour ce programme en hommage à Boulez. L’association de la danse au seul Rituel in memoriam Bruno Maderna ne convainc pas pour autant. L’Octuor de Stravinski et surtout une extraordinaire Musique pour cordes, percussions et célesta de Bartók impressionnent bien davantage.
 

Philharmonie, Paris
Le 27/03/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Ce programme hommage Ă  Pierre Boulez dĂ©jĂ  prĂ©sentĂ© la veille, jour du centenaire de la naissance du compositeur, commence par une pièce qui n’était pas sans doute parmi les prĂ©fĂ©rĂ©es du musicien. Comme le remarque Esa-Pekka Salonen dans le très intĂ©ressant programme de salle, l’Octuor pour instruments Ă  vent de Stravinski appartient Ă  une veine nĂ©o-classique que Boulez goĂ»tait peu. Ce soir, on ne boude pas son plaisir devant l’interprĂ©tation de cette raretĂ©.

    L’acoustique généreuse de la salle amortit quelque peu les écarts de dynamiques, la direction fluide de Salonen arrondit les angles : moins que l’œuvre en noir et blanc vantée par les commentateurs, on entend un objet sonore fascinant par ses alliages de timbres. La virtuosité insensée des musiciens de l’Orchestre de Paris sert la lecture pleine d’humour et de saveurs du chef finlandais. Un important changement de plateau plus tard, Salonen présente une œuvre beaucoup plus célèbre mais peu jouée ces derniers temps.

    Pourtant, dans cet espace, la Musique pour cordes, percussion et célesta de Bartók atteint une portée considérable, ne serait-ce que par le jeu antiphonique des pupitres divisés en deux groupes symétriques. Salonen donne de la partition une lecture abstraite d’une sensualité troublante. Partant d’une dynamique extrêmement faible, les cordes construisent de manière hypnotique la fugue du premier mouvement. Les qualités plastiques de l’orchestre, sa virtuosité, son agilité rythmique enchantent les deux mouvements rapides. Entre eux deux, l’Adagio fait l’effet d’une immense incantation nocturne que l’on ne voudrait pas voir finir.

    Cette soirée se présentait comme un concert dansé, mais si la veille les danseurs accueillaient par quelques mouvements le public à son entrée en salle et l’occupaient pendant le changement de plateau, ce soir le L.A. Project ne rejoint la scène qu’après l’entracte. Boulez affectionnait la transversalité entre les arts. Ainsi avait-il donné le Sacre du printemps avec l’Orchestre de Paris en collaboration avec Bartabas et ses chevaux. Cependant faut-il rappeler que cette partition a été pensée comme un ballet, ce qui n’est nullement le cas pour Rituel in memoriam Bruno Maderna ?

    Sur la scène largement dégagée où ne se trouvent que le groupe des quatorze cuivres, deux percussionnistes comme enfermés par leurs instruments et le chef, six danseurs et danseuses montrent une chorégraphie libre donnant l’impression de ne rien avoir avec la musique qu’on entend. Très vaguement peut-elle venir en écho avec la liberté accordée par Boulez aux différents groupes instrumentaux répartis dans la salle qui porte son nom.

    Alors que la spatialisation parfaite apporte à l’œuvre toute sa fascination sonore, la danse vient souvent perturber l’écoute. Le côté léché des costumes déstructurés comme pour un défilé de mode, la veste aux coutures éclatées et les gants de couleurs différentes du chef pourtant impeccable donnent une saveur de superficialité à l’entreprise.




    Philharmonie, Paris
    Le 27/03/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Esa-Pekka Salonen avec le concours du chorégraphe Benjamin Millepied à la Philharmonie de Paris.
    Igor Stravinski (1882-1971)
    Octuor pour instruments Ă  vent (1923)
    BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
    Musique pour cordes, percussion et célesta (1936)
    Pierre Boulez (1925-2016)
    Rituel in memoriam Bruno Maderna (1975, rév. 1987)
    L.A. Dance Project
    danseurs : Lorrin Brubaker, Jeremy Coachman, Courtney Conovan, Daphe Fernberger, Audrey Sides et Hope Spears
    chorégraphie : Benjamin Millepied
    Orchestre de Paris
    direction : Esa-Pekka Salonen

     


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