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CRITIQUES DE CONCERTS |
17 avril 2025 |
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Reprise de Don Carlos de Verdi dans la mise en scène de Krzysztof Warlikowski, sous la direction de Simone Young à l’Opéra national de Paris.
Don volapĂĽk
Près de huit ans après sa création, le travail de Warlikowski s’édulcore. La direction de Simone Young s’attache à rendre toute sa majesté au Don Carlos de Verdi, au détriment de ses aspects les plus sombres et les plus lyriques. La distribution dominée par l’impressionnante Élisabeth de Marina Rebeka ne rend pas justice à la langue originale du livret.
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Fraîchement accueillie dans ces colonnes en octobre 2017, la mise en scène de Don Carlos par Krzysztof Warlikowski connaît sa première reprise en français (la production avait été donnée en italien en 2019). Les « détails insignifiants » que fustigeait avec humour Gérard Mannoni s’affadissent du fait d’une direction d’acteur singulièrement en retrait, comme dans la prison de Carlos où celui-ci ne touche pratiquement plus son ballon avec lequel Jonas Kaufmann jouait naguère de manière psychotique.
Est-ce un hasard si l’Eboli d’Ekaterina Gubanova, unique rescapée des premières distributions, est la seule à offrir une performance théâtrale de feu ? Les caractérisations apparaissent désormais plus schématiques et sans relations les unes aux autres tandis que les choix de décors demeurent bien paresseux. Cela n’entame pas toutefois la joie d’entendre une nouvelle fois la version française d’un opéra créé spécifiquement pour la Grande boutique.
Dès la première scène, les magnifiques chœurs de la maison apportent plus que satisfaction en ce domaine, auquel s’ajoute une beauté de timbre et une justesse qui font honneur au travail réalisé avec Ching-Lien Wu. Les petits rôles du Comte de Lerme (Manase Latu) et de Thibault (Marine Chagnon) offrent également une prononciation exemplaire. Hélas, mille fois hélas, le reste de la distribution fait entendre un rendu s’apparentant au volapük.
Sans conteste, la palme en ce domaine revient au Rodrigue d’Andrzej Filończyk, du fait d’une émission forcée qui déforme tout, à l’exception d’une très convenable scène de la mort faisant regretter l’absence d’un travail plus fin. On l’a dit, Eboli brûle les planches, mais une fatigue certaine marque la fin de Ô don fatal.
En Philippe II, Christian Van Horn déploie sans ambages son imposant instrument. La couleur est la bonne, la psychologie du personnage vraiment trop peu fouillée. Lors de sa scène avec le Grand Inquisiteur, on aurait presque envie d’échanger les rôles car il manque à Alexander Tsymbalyuk les notes les plus basses alors même que le chanteur ukrainien propose des nuances qui auraient convenu au roi.
Ce soir, le Carlos de Charles Castronovo sonne éteint. Le ton est bien celui de l’infant d’Espagne, mais le chanteur fourvoyé dans un rôle trop lourd ne peut offrir l’insolence indispensable pour rendre crédible l’affrontement avec le père. En revanche, l’Élisabeth de Valois de Marina Rebeka montre des moyens considérables qui lui font dominer le plateau. Le métal de sa voix ne souffre d’aucune autorité et la chanteuse possède une technique qui se joue de toutes difficultés et permet des nuances jusque dans un cri final decrescendo du plus bel effet.
Depuis la fosse, Simone Young contrôle l’ensemble avec une clarté et une précision impressionnante. À Valladolid, elle se montre beaucoup plus du côté du pouvoir que de celui des députés flamands auxquels elle refuse l’épanchement. Sous cette direction sans affects, l’orchestre fait entendre une plastique irréprochable accompagnée de quelques solos admirables.
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Opéra Bastille, Paris Le 29/03/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Reprise de Don Carlos de Verdi dans la mise en scène de Krzysztof Warlikowski, sous la direction de Simone Young à l’Opéra national de Paris. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Don Carlos, opéra en cinq actes (1867)
Livret de Joseph Méry et Camille du Locle d’après la pièce de Schiller
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
direction : Simone Young
mise en scène : Krzysztof Warlikowski
décors et costumes : Małgorzata Szczęśniak
lumières : Felice Ross
vidéo : Denis Guéguin
préparation des chœurs : Ching-Lien Wu
Avec :
Marina Rebeka (Elisabeth de Valois), Christian Van Horn (Philippe II), Charles Castronovo (Don Carlos), Andrzej Filończyk (Rodrigue), Alexander Tsymbalyuk (le Grand inquisiteur), Ekaterina Gubanova (Eboli), Sava Vemić (un Moine), Marine Chagnon (Thibault), Teona Todua (Voix d’en haut), Manase Latu (Comte de Lerme). |  |
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