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CRITIQUES DE CONCERTS 13 avril 2025

Première à l’Opéra de Montpellier de Mitridate de Mozart dans la production d’Emmanuelle Bastet, sous la direction de Philippe Jaroussky.

Mithridate phtalocyanine
© Marc Ginot

Étrennée en février à Lausanne, la production de Mitridate signée Emmanuelle Bastet affirme ses qualités esthétiques et théâtrales sur le plateau de l’Opéra Comédie de Montpellier, portée par une distribution à la hauteur d’une vocalité acrobatique et la direction tout en nuances de Philippe Jaroussky, pour ses débuts en fosse face à un orchestre moderne.
 

Opéra Comédie, Montpellier
Le 08/04/2025
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Parce que le royaume du Pont, sous le règne de Mithridate VI, souverain furieusement anti-romain, englobait l’actuelle CrimĂ©e, il aurait Ă©tĂ© aisĂ©, sinon convenu, de transposer le premier opera seria de Mozart en plein conflit opposant la Russie Ă  l’Ukraine, et Ă  une bonne partie du monde censĂ©ment libre.

    Emmanuelle Bastet a fait un choix opposé, et heureux, celui de l’abstraction. Pour mieux révéler les jalousies et les rivalités au sein d’un carré amoureux, où un père et ses deux fils, le premier haï car traître à sa patrie, le second fidèle à son pays et donc aimé, sont épris de la même femme, qui ne brûle que pour le cadet.

    Avec ses escaliers entre Piranesi et Escher, dont le mouvement ne se substitue jamais à une direction d’acteur précise et sensible, la scénographie de Tim Northam en est le parfait écrin, immergeant, grâce aussi aux lumières subtilement sculptées dans l’obscurité par François Thouret, les personnages dans les mille nuances du bleu phtalocyanine – terme aussi technique que poétique, et qu’il convient dès lors de citer, mieux, de divulguer.

    L’ouvrage y gagne une épaisseur dramatique qui ne va pas de soi, tant Mozart s’ingénie d’abord, pour sa première commande lyrique en Italie, à éclabousser, tant le public milanais que ses interprètes, forcément imbus de leur virtuosité, de son génie précoce – il n’a alors que 14 ans –, avec une suite d’airs tous plus acrobatiques les uns que les autres.

    Le premier défi de Mitridate est d’ailleurs de réunir une distribution en mesure d’en surmonter les difficultés. Avec cinq prises de rôles sur sept, le plateau montpelliérain n’est souvent pas loin de l’exploit. La tessiture de Farnace est certes trop basse pour Hongni Wu, qui ne cherche cependant pas à contrefaire les couleurs de l’alto qu’elle n’est pas. Au point, dans le sublime repentir de Già dagli occhi, de manquer de matière pour soutenir un phrasé distingué.

    Si le grave n’est pas non plus son fort, Levy Sekgapane assume les incessants sauts de registres du rôle-titre avec un panache culminant sur les cimes, tantôt éthérées, tantôt éclatantes d’un ambitus décidément insensé, sans jamais perdre le mordant d’une déclamation souveraine.

    L’émission flĂ»tĂ©e de Key’mon Murrah, qui laisserait pantois si on n’avait pas dĂ©jĂ  dĂ©couvert ce contre-tĂ©nor prodige voici quelques semaines Ă  Toulouse en Sesto dans Giulio Cesare, tend Ă  estomper les mots de Sifare. Mais comment rĂ©sister Ă  ce chant en apesanteur, Ă  propos duquel Philippe Jaroussky n’a pas tort d’évoquer « une morbidezza dans les aigus qui peut rappeler Leontyne Price Â» ?

    Tandis que l’Ismene de Lauranne Oliva (Aspasia à Lausanne) l’emporte par la qualité du timbre et la sérénité du souffle, Marie Lys s’impose en héroïne tragique grâce à une agilité pugnace, que le redoutable Al destin che la minaccia cueille à froid, et une tension de la ligne qui compense dans Pallid’ombre une sonorité parfois ténue.

    Constamment attentif au plateau, mais non moins au souffle d’ensemble de la partition, Philippe Jaroussky sait, ici comme ailleurs, jouer des nuances délicates que lui accorde l’Orchestre national Montpellier Occitanie pour que la voix demeure, jusque dans ses fragilités mises à nu, le premier vecteur de l’expression musicale.




    Opéra Comédie, Montpellier
    Le 08/04/2025
    Mehdi MAHDAVI

    Première à l’Opéra de Montpellier de Mitridate de Mozart dans la production d’Emmanuelle Bastet, sous la direction de Philippe Jaroussky.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Mitridate, Rè di Ponto, opera seria en trois actes KV. 87 (74a) (1770)
    Livret de Vittorio Amedeo Cigna-Santi d'après Mithridate de Racine

    Orchestre national Montpellier Occitanie
    direction : Philippe Jaroussky
    mise en scène : Emmanuelle Bastet
    décors et costumes : Tim Northam
    éclairages : François Thouret

    Avec :
    Levy Sekgapane (Mitridate), Marie Lys (Aspasia), Keu’mon Murrah (Sifare), Hongni Wu (Farnace), Lauranne Oliva (Ismene), Remy Burnens (Marzio), Nicolò Balducci (Arbate).

     


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