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CRITIQUES DE CONCERTS 13 avril 2025

Variations Goldberg de Bach par le pianiste Yunchan Lim Ă  la Philharmonie de Paris.

L’inspiration souterraine
© Thomas Deschamps

Le tout jeune Yunchan Lim se mesure aux Variations Goldberg de Bach qu’il enchâsse entre deux pièces révélant son approche en apparence moins rigoureusement construite que d’autres. Son jeu libre interpelle mais la fascination qu’il exerce se prolonge bien après le concert pour laisser une impression profonde qui ne cesse de cheminer.
 

Philharmonie, Paris
Le 03/04/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Plus qu’un prodige capillaire rendant jaloux ou qu’un pianiste virtuose de plus, Yunchan Lim s’impose comme un musicien accompli Ă  l’âge de 21 ans. Le CorĂ©en a demandĂ© Ă  son compatriote (et cadet) Hanurij Lee une composition en prĂ©ambule des Variations Goldberg de Bach qu’il propose ce soir Ă  son public fervent.

    Ce …mélange d’une rondeur veloutée… conjugue moments élégiaques presque immobiles et sections frénétiques confinant à la brutalité. Cinq minutes de sur-mesure pour le pianiste qui affectionne les contrastes mais aussi une excellente préparation au monde plus structuré des Goldberg, au point qu’on en vient à regretter que Lim n’enchaîne pas et s’arrête pour retourner brièvement en coulisse.

    De retour, le pianiste n’attend pas la fin des applaudissements pour lancer l’Aria fondatrice sans afféterie. Un voyage commence alors, long de plus de quatre-vingts minutes puisque Lim observe les reprises. Sa palette semble infinie, ne serait-ce que par une maîtrise dynamique ahurissante où le son ne se trouve jamais détimbré ou écrasé.

    Le Coréen use aussi de tempos extrêmes, retrouvant parfois les oppositions exposées dans la pièce de début de programme. Son jeu surprend souvent sans toutefois donner l’impression d’excentricité. Il semble régi par une conception intime et assumée qui culmine dans les reprises jouées à des octaves différentes, avec un léger rubato et une ornementation effusive.

    Ce piano évoque des mondes stylistiques aussi variés que la musique française de clavecin, l’univers d’un Rachmaninov ou même d’un Prokofiev, comme si Lim se référait autant aux sources ayant inspiré Bach qu’à ses successeurs. Ce syncrétisme ambitieux, parfois étourdissant, conserve à tout instant une lisibilité extraordinaire du fait d’un usage économe de la pédale.

    Il est bien dommage que des applaudissements inconvenants éclatent à la fin de la Variation 30 et viennent gâcher les premières notes du retour de l’Aria. Le cycle achevé, le public exulte. Comme à son habitude, Lim salue brièvement. Dès le troisième rappel, il se dirige directement vers le clavier.

    Faut-il pourtant jouer un bis après les Goldberg ? De surcroît, le choix du Sonnet 104 de Pétrarque de Liszt ne manque pas de surprendre. Mais à l’écoute de cette lecture distendue jusqu’à ce que le lyrisme menace de se désagréger, on retrouve en fait la fluidité des oppositions de la pièce de Lee. La boucle se trouve ainsi doublement bouclée. Un artiste décidément surprenant qui ne fait rien au hasard.




    Philharmonie, Paris
    Le 03/04/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Variations Goldberg de Bach par le pianiste Yunchan Lim Ă  la Philharmonie de Paris.
    Hanurij Lee (*2006)
    …round and velvety-smoothed blen… […mélange d’une rondeur veloutée…], pour piano solo (2025)
    Johann Sebastian Bach (1685-1750)
    Variations Goldberg, BWV 988 (1741)
    Yunchan Lim, piano

     


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