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CRITIQUES DE CONCERTS |
24 avril 2025 |
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Nouvelle production de La Khovantchina de Moussorgski dans une mise en scène de Simon McBurney et sous la direction d’Esa-Pekka Salonen au festival de Pâques de Salzbourg 2025.
Une Khovantchina de cendres
Production saisissante de l’opus ultimum de Moussorgski, l’une des plus marquantes de ces dernières années, cette Khovantchina fera date : nouvelles propositions d’achèvement, intensité de la mise en scène de Simon McBurney, direction tranchante de Salonen, plateau de fortes personnalités, et un acte V dont on ne sort pas indemne.
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Turandot seule, perdue, abandonnée
Une Khovantchina de cendres
Messe indécise
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Face à l’inachèvement de La Khovantchina, les interprètes de cette production du festival de Pâques de Salzbourg ont voulu apporter de nouvelles solutions. Si, malgré leurs imperfections, l’orchestration de Chostakovitch et le Finale de Stravinski sont choisis à raison, des modifications y sont apportées, essentiellement à l’acte V, tandis que des interludes de musique électronique particulièrement beaux interviennent à plusieurs reprises. L’ensemble est passionnant et donne au dernier acte une puissance considérable.
La mise en scène joue également la carte de l’intensité, sans chercher d’actualisation ni de violence outrancières qui finissent par affadir le propos. Des traces de sang au sol, quelques coups de feu, ce sera tout pour camper la violence de cette Russie qui pourrait être celle d’aujourd’hui, en costumes et accessoires contemporains.
Le noir et les éclairages à contre-jour créent une ambiance oppressante tout comme le cube où se déroule l’action, au sol souvent très pentu, comme pour précipiter, sinon évacuer, les personnages vers leur fin. La direction d’acteurs est affutée et si quelques incongruités surprennent, l’ensemble est d’une intensité constante et vraiment étouffante.
Un sentiment renforcé par la direction très puissante et dramatique de Salonen qui accentue la modernité de la partition avec un tranchant digne du jeune Stravinski ou de Prokofiev. Davantage de calme eût été souhaitable pour la fin du I ou tout le Finale car les tempi sont majoritairement très allants. L’Orchestre symphonique de la Radio finlandaise est modeste pour Salzbourg mais il s’en tire avec les honneurs grâce à une belle pâte sonore, notamment du côté des cordes (les contrebasses) et des timbales.
Dépourvue de stars, la distribution n’en est pas moins brillante. Vitalij Kowaljow est un superbe Ivan Khovanski, à la voix richement timbrée et parfaitement projetée, chef imposant, brutal mais non dépourvu de noblesse. Son fils Andreï est magistralement incarné par Thomas Atkins, voix de stentor au timbre séduisant, aussi convaincant dans le désespoir que dans les éclats. Matthew White en Golitsyne campe un personnage plein de morgue. Les autres ténors sont parfaits, Theo Lobow en Kouzka et le toujours impeccable Wolfgang Ablinger-Sperrhacke en Scribe gouailleur.
Daniel Okulitch est quant à lui un Chaklovity magnifique et mordant, très aristocratique dans son grand air du III. Ain Anger est un Dossifeï imposant, cependant en voix un peu chancelante et d’une caractérisation agitée, au service d’un personnage trop univoque. Totale réussite par contre pour la Marfa de Nadejda Karyazina : la splendeur du timbre et un chant particulièrement soigné le disputent à une incarnation d’une puissance considérable. Les chœurs, enfin, sont impressionnants d’homogénéité et de puissance mais aussi de douceur, acteurs majeurs de la réussite de cette représentation.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 12/04/2025 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
 | Nouvelle production de La Khovantchina de Moussorgski dans une mise en scène de Simon McBurney et sous la direction d’Esa-Pekka Salonen au festival de Pâques de Salzbourg 2025. | Modest Moussorgski (1839-1881)
La Khovantchina, drame musical populaire en cinq actes (1880)
Livret du compositeur
Nouvelle version : orchestration de Chostakovitch, Finale de Stravinski arrangements de Gerard McBurney
Chœur philharmonique slovaque
Bachchor Salzburg
Chœur et chœur d’enfants du Festival de Salzbourg
Orchestre symphonique de la radio finlandaise
direction : Esa-Pekka Salonen
mise en scène et chorégraphie : Simon McBurney
décors : Rebecca Ringst
costumes : Christina Cunningham
éclairages : Tom Visser
vidéos : Will Duke
sounddesign : Tuomas Norvio
préparation des chœurs : Jan Rozehnal, Michael Schneider, Wolfgang Götz et Regina Sgier
Avec :
Vitalij Kowaljow (Prince Ivan Khovansky), Thomas Atkins (Prince Andreï Khovansky), Matthew White (Prince Golitsyne), Daniel Okulitch (Chaklovity), Ain Anger (Dossifeï), Nadejda Karyazina (Marfa), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (le Scribe), Natlia Tanasii (Emma), Rupert Grössinger (Varsonnofiev), Allison Cook (Susanna), Theo Lebow (Kouzka), Daniel Fussek (Strechnev). |  |
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