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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Entre le Concerto de Tchaikovski et la 2e Symphonie de Scriabine, s'écoule un quart de siècle qui témoigne de l'évolution du style romantique russe. Si l'on doit au premier le modèle du concerto romantique russe, dans la 2e Symphonie du second se profile un nouveau langage harmonique et orchestral où Wagner n'est pas sans influence.
Une différence stylistique entre des deux partitions qui s'est immédiatement ressentie dans la direction d'Emil Tabakov : exaltée dans le Concerto, plus réservée dans la 2e Symphonie où déjà s'annonce le mysticisme qui habitera Scriabine dans sa symphonie suivante le Divin Poème.
C'est sur un ton fier que débute le Concerto de Tchaïkovski. Dans lequel le pianiste Jean Yves. Thibaudet rebondit magistralement d'un accord à l'autre avec un son plein et franc qui tranche avec la mélodie déclamatoire de l'orchestre. Ce ton ne quittera pas l'oeuvre. Emil Tabakov élude toute mièvrerie par la consistance donnée aux cordes, le martellato des violoncelles et des contrebasses qui accusent le rythme sans jamais enfler la dynamique. Seule la clarté des cuivres laisse à désirer. Le soliste renchérit par un jeu ferme et spontané dans lequel on admire des arpèges d'un perlé net et presque sans pédale, ainsi qu'une carrure rythmique irréprochable.
Avec la Symphoniede Scriabine, il est facile de sombrer dans la démesure et la grandiloquence. Tabakov en a conscience, et il réfrène constamment un orchestre qui, par réaction, fait monter la tension. Comme dans le Concerto, la rigueur rythmique du chef est infaillible, et, dans l'Allegro, son accentuation des syncopes produit un effet de balancement constant.
Avec l'Adagio au contraire, Tabakov gomme les aspérités et met en avant un contrepoint quasi wagnérien des cordes et des bois. Le Maestosoconclusif aux inflexions mélodiques largement soulignées lui font retrouver sa verve héroïque. Du pur concentré de romantisme russe.
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Salle Pleyel, Paris Le 02/12/2000 Pauline GARAUDE |
| Programme russe avec l'Orchestre National d'Ile de France. | Orchestre National d'Ile de France.
Emil Tabakov, direction
Jean-Yves Thibaudet, piano
Tchaïkovski : concerto pour piano et orchestre n° 1
Scriabine : 2e Symphonie | |
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