|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Cycle Szymanowski à Radio France, Paris.
Szymanowski envers et contre tous
C'est à Charles Dutoit et à l'Orchestre National de France qu'il revenait de poursuivre le cycle Szymanowski de Radio France. Flanqué de Stravinsky et de Sibelius, réduit curieusement à la seule présence de sa Symphonie concertante, le compositeur polonais a heureusement bénéficié de la présence efficace de Piotr Anderszewski.
|
Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
Le 11/01/2001
Pauline GARAUDE
|
|
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Régal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Dumbarton Oaks de Stravinsky et la Première Symphonie de Sibelius encadraient la Symphonie concertante de Szymanowski. Ces oeuvres reflètent chacune un art très personnel du timbre et des couleurs, des accents rythmiques et des incursions folkloriques, chez le Finlandais comme chez le Polonais. Bref, un langage qu'une direction " analytique " loin de toute conception lyrique ou " romantique " peut parfaitement mettre en valeur.
On peut être surpris du " classicisme " avec lequel Charles Dutoit dirige Stravinsky, sans la vigueur tellurique typique du compositeur. Ici, il n'est plus " sauvage " comme dans Le Sacre du Printemps, mais profondément inspiré de Bach des Concertos Brandebourgeois, qu'il a ouvertement pris pour modèle. Peut-on alors reprocher un manque de vitalité et de relief dans la direction ? L'effet recherché est davantage une mélodie de timbres que se partagent des instrumentistes traités chacun comme un soliste, sans opposition marquée entre soli et tutti. Au milieu de bois chatoyants, la flûte " cisaille " son motif mélodique tandis que les nuances piano des violons sont rêches et comme mêlées d'un souffle.
A l'inverse, la Symphonie de Sibelius est expansive, basée sur l'alternance de tensions et de relâchements que traduisent des crescendos ravageurs, des contrastes violents, des cuivres stridents
Si les changements de climats sont très bien négociés, l'interprétation souffre néanmoins d'un manque de dissociation entre les pupitres, et Dutoit paraît jeter un regard quelque peu énigmatique sur cette oeuvre, adoucissant les couleurs.
Le sommet de ce concert fut bien sûr la Symphonie concertante de Szymanowski. Ici, le piano se fond dans l'orchestre et jamais ne sera traité en soliste. Le jeu de Piotr Anderszewski allie la souplesse, l'élégance des lignes mélodiques, et une attaque incisive et percussive - sans dureté - du clavier. Totalement absorbée par la musique, son interprétation est très libre et comme improvisée dans le second mouvement : il égraine ses notes et les tinte comme le feraient des célestas que nimbe la lumière boréale de l'orchestre. Le Finale est orgiaque et frénétique, servi par une direction impétueuse et un pianiste en pleine effervescence.
| | |
|
Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris Le 11/01/2001 Pauline GARAUDE |
| Cycle Szymanowski à Radio France, Paris. | Orchestre National de France
Charles Dutoit, direction
Piotr Anderszewski, piano
Stravinsky : Concerto " Dumbarton Oaks "
Szymanowski : Symphonie concertante
Sibelius : Symphonie n°1 | |
| |
| | |
|