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CRITIQUES DE CONCERTS 30 décembre 2024

Nouvelle production du Viol de Lucrèce de Benjamin Britten à l'Opéra de Lyon

Britten n'adoucit pas les moeurs
© G.Amsellem

A quelques semaines d'une production lausannoise centrée sur l'intimité et les paradoxes humains, le Viol de Lucrèce lyonnais retourne aux sources de la partition et du livret pour en dégager toute la tragédie muette, sur fond de mythe. Belle musique et images fortes ancrent ce spectacle dans la mémoire.

 

Le 25/01/2001
Sylvie BONIER
 



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  • Ce n'est pas la couleur du sang qui assombrit la nouvelle production de l'OpĂ©ra de Lyon. C'est celle de la nuit et des abysses de l'âme humaine. Bleu sombre : le rideau que les deux choreutes manipulent tout au long du Viol de Lucrèce de Britten illustre parfaitement l'insondable obscuritĂ© qui recouvre les sentiments et les actions de Tarquin, autant que des hommes qui l'entourent.

    Cocus, primaires, violents : les militaires romains représentés sur scène n'ont pas d'âge, mais leur histoire sort tout droit d'un mythe traité à l'antique. Leurs tentes rouges translucides, où un seul homme peut tenir, illustrent à l'envi la solitude que la violence engendre. Aux frontières de l'ombre et de la lumière, les personnages évoluent comme pour situer les limites de la vie et de la mort, de la brutalité et de l'innocence.

    C'est de cette opposition qu'ont voulu parler Laurent Fréruchet à la mise en scène et Jacques Gabel aux décors. De cet affrontement qui obsède Britten jusqu'à l'épuisement. En révélant les êtres non seulement dans leur ambiguïté intime, mais aussi dans leur ambivalence sociale, les deux comparses passent d'une guerre à l'autre, sans ligne de démarcation. Tout se joue au bord des mots et des notes, en risque permanent de basculement.

    Ce qui demeure, c'est la pureté des femmes, tissant un immense tapis qui tombe des cintres et va se coucher à leurs pieds. La longueur et la douceur du temps sont de ce côté-ci. De l'autre, la dureté, la domination et le rapt.

    Dans le rôle du mâle tyrannique, Philippe Georges campe un Tarquin à la virilité abrupte. Lucrèce digne et bouleversante, Nora Gubisch va chercher dans sa voix chaude toute la force et la grandeur de son personnage. On n'attendait pas moins de Stéphane Degout qu'il se montre un Junius de belle allure à la voix généreuse et au charme troublant. Le jeune baryton s'est épanoui de façon réjouissante depuis sa Flûte aixoise prometteuse. Collatinus (Paul Gay), les deux représentants du choeur (Mark Duffin et Anne-Marguerite Werster), Bianca (Hélène Jassoud) et Lucia (Sophie Haudebourg) se situent à un niveau enviable même si la jeune servante semble encore verte et un peu aigrelette.

    Et la première apparition de Neil Beardmore à la tête de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon, avec lequel il travaille depuis trois ans comme assistant, désigne un tempérament solide et une clarté de direction encourageante. L'énergie, les couleurs et la mobilité des instruments traduisent bien l'esprit de Britten, qui se joue de la forme stricte et maîtrise avec grâce le passage du quatuor à cordes à celui de l'orchestre lyrique. Joli travail.




    Le 25/01/2001
    Sylvie BONIER

    Nouvelle production du Viol de Lucrèce de Benjamin Britten à l'Opéra de Lyon
    Le Viol de Lucrèce de Benjamin Britten.
    Orchestre de l'Opéra de Lyon
    Direction muisicale : Neil Beardmore.
    Mise en scène : Laurent Fréruchet.
    DĂ©cors: Jacques Gabel.
    Costumes: Yolande Taleux.
    Avec Nora Gubisch (Lucretia), Mark Duffin (L'homme-choeur), Anne-Marguerite Werster (La femme-choeur), Paul Gay (Collatinus), Stéphane Degout (Junius), Philippe Georges (Tarquinius), Hélène Jossoud (Bianca), Sophie Haudebourg (Lucia).

     


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