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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Platée de Rameau par le tandem Pelly-Minkowski au Grand-Théâtre de Genève.
Vent de folie sur Genève
Après ses succès parisiens, Platée de Jean Philippe Rameau enthousiasme les Genevois. Le spectacle débridé - révélé par le tandem Pelly-Minkowski à Garnier en mai 1999 - tourne avec bonheur dans les villes co-productrices de province. Son passage par Genève déride un public habituellement réservé. Un bonheur.
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" Quoi, quoâ, côâ ! ", vous reprendrez bien un peu de cette Platée-là . Non seulement les lyricomanes en reprennent mais ils en redemandent. Car les grenouilleries délirantes qui avaient enthousiasmé Paris en mai passé n'en finissent pas de conquérir tous les publics sur leur passage.
À Genève, cité calviniste où règne traditionnellement un quant-à -soi de bon ton, les spectateurs ont succombé, comme partout ailleurs, à la fantaisie et à l'humour de l'opéra de Rameau. Revu par la fine équipe de Laurent Pelly à la mise en scène, Marc Minkowski à la baguette, Chantal Thomas aux décors et Laura Scozzi aux ballets, l'oeuvre prend, il faut bien l'avouer, un salvateur coup de jeunesse.
On ne redira jamais assez ce que le répertoire baroque, quand il est dopé par des esprits frondeurs et joueurs peut apporter de renouvellement dans le domaine lyrique. Et de l'imagination, les comparses de cette production n'en manquent pas. On se souvient de leurs Orphée aux enfers et Belle Hélène d'Offenbach avec délice. Dans le cadre de la musique ancienne, ils auraient pu se fourvoyer. C'était sans compter avec l'oeuvre piquante et ironique de Rameau, qui se complaît à critiquer, par Dieux interposés, les travers d'une société pas franchement loin de la nôtre
La musique, d'abord, a trouvé le bon révélateur de ses espiègleries. Marc Minkowski en souligne toute la verdeur, la drôlerie et les attendrissements en alliant fougue et finesse avec une énergie du diable. Les Musiciens du Louvre-Grenoble s'avèrent aussi remarquables dans la virtuosité des traits, poussée à l'extrême par leur chef, que dans la subtilité des sonorités, tirées, elles, aux limites du possible. C'est donc dans l'ivresse que les chanteurs s'appuient sur l'interprétation inspirante qui sévit dans la fosse.
Jean-Paul Fouchécourt en irrésistible et attendrissante Platée, Yann Beuron (Mercure éclatant), Vincent Le Texier (hilarant Jupiter) et Mireille Delunsch en folie étourdissante se lancent dans l'aventure avec une gourmandise intacte. Et l'extravagante salle de spectacle que des mousses marécageuses envahissent progressivement, permet à Laurent Pelly les digressions les plus acrobatiques.
Placeuses affolées, banquet de grenouilles et autres courses hystériques d'un public désorienté trouvent leur place dans cette histoire de nymphe grotesque et de Dieux ridicules, décapée de toutes ses afféteries baroques. Avec en prime les ballets déjantés de Laura Scozzi, qui bouscule de façon désopilante les relations de couple, on entre de plain pied dans le coeur d'un sujet éternel : l'amour et ses caprices. Un régal.
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Grand Théâtre, Genève Le 31/01/2001 Sylvie BONIER |
| Platée de Rameau par le tandem Pelly-Minkowski au Grand-Théâtre de Genève. | Platée de Jean-Philippe Rameau. Les musiciens du Louvre-Grenoble, le choeur baroque et le ballet du Grand Théâtre de Genève. Direction musicale : Marc Min-kowski. Mise en scène et costumes : Laurent Pelly. Décors : Chantal Thomas. Chorégraphie : Laura Scozzi.
Distribution : Mireille Delunsch (Thalie, la Folie). Martine Mahé (Junon). Cassan-dre Berthon (L'Amour, Clarine). Jean-Paul Fouchécourt et Gilles Ragon (Platée). Yann Beuron (Mercure, Thepsis). Vincent Le Texier et Christophe Fel (Jupiter). Jean-Philippe Courtis (Cythéron, un Satyre), Franck Leguérinel (Momus), Emilien Palenzuela (La grenouille de Thepsis).
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