|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Concert anniversaire du Quatuor Alban Berg au Théâtre des Champs-Élysées.
Grand cru à classer
Comme le vin, certains ensembles de chambre se bonifient en vieillissant. Avec déjà trente ans d'âge, le Quatuor Alban Berg connaît cette année un cru exceptionnel qu'il a démontré dans un Théâtre des Champs Elysées comble. Schubert et Bartok, des amis de trente ans, étaient venus lui souhaiter un bon anniversaire.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Régal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Du charisme, le Quatuor Alban Berg n'en manque pas. En trente ans, il s'est taillé plus qu'un nom, plus qu'une réputation. Osons dire qu'il est déjà rentré dans la Légende avec un "L" majuscule, se frayant une place dans l'histoire de la musique, tant par les créations qu'il a suscitées que par une qualité de jeu difficile à égaler. Aujourd'hui, l'osmose à laquelle sont parvenus ces quatre musiciens est unique.
Même dans un concert classique, il est assez rare de voir le public totalement pétrifié dans l'écoute de la musique. C'est pourtant ce que l'on a pu remarquer aussi bien dans le 6e Quatuor de Bartok que le Quintette en Do Majeur de Schubert. Si ces deux oeuvres sont en elles-mêmes saisissantes, le regard des Berg ne l'est pas moins.
Rarement, la fêlure commune qui fend ces deux partitions aura été si manifeste. Chez le hongrois, elle est le signe de sa détresse quand, en 1939, il est condamné à l'exil alors que sa mère est mourante. Chez Schubert, ce chef-d'oeuvre composé peu avant sa mort, est ici lu comme le testament d'un homme meurtri et pourtant serein.
Et le jeu entier de la formation autrichienne semble orienté vers un même but : élargir et creuser la fissure. Les couleurs sont âpres, la "ritournelle" du 6e Quatuor lancinante, et le 2e violoncelle du Quintette raréfie l'oxygène avec sa gravité obsédante. Le timbre est clair mais rêche, le phrasé sinueux mais taillé à la gouje, et la tension est exacerbée par un son extrêmement resserré entre les cordes, dont le timbre se révèle à la fois prégnant et impalpable. Le double visage de toute déchirure de l'âme ?
Des défauts ? Pas un seul. Des regrets ? Que ce miracle sonore fut si éphémère. Le silence qu'a observé le public après les dernières notes du Quintette parlait de lui-même
| | |
|
Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 02/02/2001 Pauline GARAUDE |
| Concert anniversaire du Quatuor Alban Berg au Théâtre des Champs-Élysées. | Quatuor Alban Berg
Günter Pinchler, 1er violon
Gerhard Schulz, 2ème violon
Thomas Kakuska, alto
Valentin Erben, violoncelle
Avec Heinrich Schiff, 2ème violoncelle
Bartok : Quatuor n°6
Schubert : Quintette à 2 violoncelles en Do Majeur
| |
| |
| | |
|