|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Ouverture du Festival Présences de Radio France.
Lucifer à pied d'oeuvre
Le festival Présences a ouvert ses portes vendredi avec des oeuvres de Philippe Schœler, Martin Matalon et Patrick Marcland. Le lendemain, Hugues Dufourt et Emmanuel Nunes se partageaient l'affiche. Il n'est sans doute pas trop tard pour rappeler que l'entrée est libre pour qui souhaite découvrir le travail des créateurs contemporains.
|
Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
Le 02/02/2001
Mathias HEIZMANN
|
|
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Régal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Les festivals, c'est entendu, font la joie des chroniqueurs. Il suffit de tendre l'oreille pour s'en rendre compte : qu'ils soient patentés ou pas, spécialistes de la question ou simple amateur, chacun y va de son commentaire, souvent tranché. D'ailleurs les pronostiques vont bon train : avant même les premières mesures de Maldoror de Patrick Marcland, on murmure que l'oeuvre ne vaut pas un clou.
Pas de quoi vider une salle qui avait apprécié Cinq Totems de Philippe Schœler et Trame III, concerto pour violoncelle et orchestre de Martin Matalon. Mais les ficelles du petit dernier ne passent pas, même si elles donnent à ces fragments des Chants de Maldoror une intensité dramatique qui rappelle l'efficacité des adaptations musicales de Léo Ferré.
Même si l'on peut justement regretter qu'en la matière, le récitant Philippe Dormoy n'ait pas les qualités dramatiques du chanteur-poète, et accuser la régie du manque de volume de la voix amplifiée, on est tenté de défendre l'oeuvre comme on peut défendre le Film Titanic ou apprécier la saveur d'une fraise Tagada.
De même, au risque de jouer les iconoclastes et de prendre le parti de l'efficacité sur l'intelligence, on peut émettre quelques réserves sur ces fameux Totems, certes très bien construits, mais finalement un peu lassants malgré une matière assez tourmentée et d'indéniables qualités sonores. Matalon, de son côté, propose une oeuvre touffue, très virtuose, mais qui suppose, pour être abordée, une solide habitude des oeuvres contemporaines.
La quadrature du cercle, Emmanuel Nunes la réalise en proposant des oeuvres à la fois extraordinairement rigoureuses et complexes, mais où la théâtralité s'impose comme un fil évident. On devait entendre Nacht Musik II, l'oeuvre a dû être remplacée par Litanie du feu et de la mer pour piano et Aura pour flûte.
Aussi bien dans l'une que dans l'autre, l'écoute trouve assez facilement un chemin confortable : Aura possède ainsi un souffle assez incroyable, une tension et une énergie rythmique qui captivent totalement. Dietmar Wiesner s'y taille un espace de liberté et communique une certaine excitation aux spectateurs. See Siang Wong de son côté, manque peut être de puissance et de couleurs, mais il parvient à installer un climat mystérieux tout à fait envoûtant.
Restait Lucifer d'Hugues Dufourt, une oeuvre très impressionnante dont la force semble résider dans sa capacité à engendrer un tissu d'images et de sensations que chaque auditeur-spectateur est libre d'interpréter à sa guise. Une partition tendue comme un miroir dans laquelle chacun est invité à retrouver le reflet le plus noir de son âme, à moins que Lucifer n'ait déjà accompli son oeuvre.
| | |
|
Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris Le 02/02/2001 Mathias HEIZMANN |
| Ouverture du Festival Présences de Radio France. | Concert du vendredi 2 février, 20h :
Maldoror de Patrick Marcland
Cinq Totems de Philippe SchÂœler
Trame III, concerto pour violoncelle et orchestre de Martin Matalon.
Anssi Karttunen, violoncelle
Philippe Dormoy, récitant
Choeur et Maîtrise de Radio France
Orchestre National de France dirigé par Pascal Rophé.
Concert du 3 février, 20h :
Emmanuel Nunes : Litanie du feu et de la mer pour piano, Aura pour flûte.
Hugues Dufourt : Lucifer pour Orchestre
See Siang Wong, piano
Dietmar Wiesner, flûte
Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Emilio Pomarico
| |
| |
| | |
|