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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 décembre 2024 |
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Nouvelle production de La Rappresentatione di Anima et di Corpo d'Emilio de Cavalieri à l'Opéra de la Monnaie de Bruxelles.
Une représentation peu cathodique
Chef-d'oeuvre allégorique peu connu des débuts de l'oratorio au XVIIe siècle, La Rappresentatione di Anima et di Corpo d'Emilio de Cavalieri n'a pas connu récemment d'interprétation scénique. C'est pourquoi la production de la Monnaie de Bruxelles est audacieuse et intéressante, même si sa mise en scène exploitant la vidéo laisse dubitatif.
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Théâtre royal de la Monnaie, Bruxelles
Le 07/02/2001
Yutha TEP
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L'art lyrique au XVIIe est friand d'archétypes et de caractères allégoriques (l'âme, la grâce, la fortune
), et pour cause, son efficacité est immédiate pour édifier le public des fidèles. Aujourd'hui, la dimension religieuse ayant perdu de son emprise, il est tentant de n'en retenir que l'abstraction.
Ce fut le cas dans la salle Malibran du Théâtre de La Monnaie : une scène nue, avec au sol deux rectangles aux contours blancs, que les chanteurs vont arpenter au gré de la représentation, le tout surmonté d'un écran aux couleurs très ternes reproduisant non pas les gestes esquissés sur le plateau, mais une succession d'images enregistrées au préalable.
On peut accepter le principe du dédoublement, destiné, par la confrontation plateau/écran, à éclairer la dichotomie Ame-Corps : mais alors, pourquoi laisser cet écran si désespérément vide ? On peut aussi adhérer à une conception scénique minimale : mais pourquoi laisser les chanteurs abandonnés à eux-mêmes comme des âmes en peine ? Dans un environnement scénique si dépouillé, le moindre mouvement peut revêtir une force inattendue.
Ici, rien de tel. À aucun moment, la scénographie ne paraît adopter une direction véritable, et l'on se contente d'appuyer des propos épars par quelques gestes probablement censés actualiser la fameuse gestique baroque. Costumes fort laids, par ailleurs : on se contentera de citer les perruques "blondasses" infligées à certains membres d'un Choeur de Namur, au demeurant excellent.
Peut-être l'interprétation musicale aurait pu sauver la mise ; il aurait fallu pour cela des chanteurs plus au fait des arcanes du recitar cantando. En Corpo, Hervé Lamy est solide, mais sans séduction marquée ; Stephan Macleod ne démérite pas dans sa triple intervention, Stephan van Dyck n'est pas indigne et Carlos Mena fait jaillir une lumière bienvenue par son contre-ténor au timbre dense et projeté, même si l'on note une certaine raideur.
Seule Anne Cambier connaît de réels problèmes vocaux : timbre un peu creux, aigus faux et difficiles, grave inexistant, sa prestation se révèle éprouvante. Mais le problème principal réside dans la langue italienne, que la distribution ne réussit jamais à animer. Dans ces conditions, l'excellence de La Fenice dirigée par Jean Tubéry paraît bien mal récompensée : continuo d'une richesse réjouissante (saluons les contributions de Jean Mac Aymes et de Christine Pluhar), cornets et trombones irréprochables, direction subtile, toutes ces qualités n'ont pas à pallier le manque d'âme de ce spectacle.
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Théâtre royal de la Monnaie, Bruxelles Le 07/02/2001 Yutha TEP |
| Nouvelle production de La Rappresentatione di Anima et di Corpo d'Emilio de Cavalieri à l'Opéra de la Monnaie de Bruxelles. | La Rappresentatione di Anima et di Corpo
Oratorio d'Emilio de Cavalieri, sur un livret d'Agostino Manni, 1610.
Pierre Droulers, mise en scène & décors
Jean Tubéry, direction musicale
David Claerbout, conception vidéo
Jim Clayburgh, lumières
Regine Becker, costumes
Choeur de Chambre de Namur
Ensemble La Fenice
Avec Anne Cambier (Anima), Hervé Lamy (Corpo), Stephan van Dyck (Intelletto), Carlos Mena (Angelo custode), Stephan Macleod (Mondo, Consiglio & Tempo), Laurence Renson & Els Janssens (Anime beate), Caroline Weynants (Vita Mondana). | |
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