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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Reprise de Parsifal de Richard Wagner à l'Opéra Bastille.

Domingo dévoile son Graal
© Eric Sebbag

Il n'est pas rare, à l'Opéra Bastille comme ailleurs, que certaines reprises bénéficient de meilleures distributions que les premières séries. Ce fut le cas avec ce Parsifal dans la mise en scène de Graham Vick qui accueillait Placido Domingo dans le rôle-titre et Thomas Hampson dans celui d'Amfortas. Ils n'ont pas déçu leurs admirateurs.

 

Opéra Bastille, Paris
Le 15/02/2001
Michel PAROUTY
 



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  • La production signée Graham Vick n'a que trois ans, et déjà quelques rides. Malgré une indéniable fluidité, elle ne reflète du drame sacré wagnérien qu'une agréable illustration, narration naïve, très dépouillée, décorative parfois, avec des Filles-Fleurs qui donnent l'impression de participer à un défilé de mode, un jardin de Klingsor réduit à deux plates-formes en anneaux et à quelques fleurs artificielles.

    On cherche encore un point de vue, une "lecture" de l'oeuvre. L'orchestre a beau éviter lourdeur et emphase, la direction étale de James Conlon, visant la clarté et la lumière, exclut tout mystère et toute profondeur. Le premier acte, très long, pâtit particulièrement de ce manque d'énergie et tient mal la distance. Ce n'est pas la faute de Jan-Hendrik Rootering, sobre Gurnemanz, si son récit, qu'il maîtrise parfaitement, manque à ce point d'ossature, ni celle de Placido Domingo si l'entrée de Parsifal est quelque peu anodine.

    Heureusement, le deuxième acte rétablit l'équilibre. Il faut dire que si Richard Paul Fink, sonore Klingsor, ne donne guère d'épaisseur à son personnage, Julia Juon, malgré un registre grave peu nourri, incarne une Kundry, plus agressive que sensuelle, plus envoûtante que séductrice, gardant toujours quelque chose de la sauvageonne.

    Thomas Hampson aborde Amfortas pour la première fois. Pour qu'il s'impose vraiment, il faut attendre sa grande scène du troisième acte ; son souci du beau chant, du mot juste, le freinent, sans doute, pour donner plus tôt vie et chair au roi blessé, mais lorsqu'il se libère enfin, c'est pour offrir une incarnation bouleversante.

    Inutile de préciser que les admirateurs de Placido Domingo guettaient son apparition, lui que Paris n'a que rarement entendu dans Wagner. Il vient de fêter ses soixante ans à New (mais le "Guide de l'Opéra" édité chez Fayard le fait naître en 1934 !), et cinq jours avant les représentations de Bastille, il officiait, en tant que chef d'orchestre, au Metropolitan pour Un bal masqué de Verdi.

    Parsifal, si l'on en croit le poème, n'a que dix-sept ans. La démarche, la silhouette de Domingo ne sont certes pas celle d'un adolescent. Qu'importe. La voix est d'une fraîcheur stupéfiante, la compréhension du rôle exemplaire (au point de faire oublier une prononciation allemande plutôt exotique) ; rien, dans son interprétation, qui ne soit juste, touchant, prenant. Un immense artiste. Mais qui en doutait ?




    Opéra Bastille, Paris
    Le 15/02/2001
    Michel PAROUTY

    Reprise de Parsifal de Richard Wagner à l'Opéra Bastille.
    Parsifal de Richard Wagner
    Mise en scène : Graham Vick
    Direction musicale : James Conlon.
    Avec Placido Domingo (Parsifal), Julia Juon (Kundry), Thomas Hampson (Amfortas), Richard Paul Fink (Klingsor), Jan-Hendrik Rootering (Gurnemanz), Tom Krause (Titurel).

     


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