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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Nouvelle production de La Femme silencieuse de Richard Strauss au Théâtre du Châtelet.
Silencieuse mais très éloquente
Sur une idée de comédie capable de rivaliser avec Le Barbier de Séville, La Femme silencieuse de Richard Strauss est un véritable opéra comique. Cette nouvelle production venue du Wiener Staatsoper a été triomphalement accueillie au Châtelet. Christoph von Dohnanyi, Marco Arturo Marelli et Natalie Dessay sont les artisans de cette réussite.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Attendue avec impatience, cette production de La Femme silencieuse venue du Wiener Staatsoper (en collaboration avec Dresde, où l'ouvrage fut créé en 1935) a été triomphalement accueillie. Il est vrai que ses atouts sont nombreux, et solides. À commencer par la mise en scène simple, intelligente, dans le cylindre évidé qu'il a imaginé comme décor.
Ledit cylindre ressemble à la fois à un appartement et à l'intérieur d'un bateau (sir Morosus, chez qui se déroule l'action, est un amiral en retraite !). Marco Arturo Marelli dirige ses comédiens avec précision et souplesse, réussissant à donner à leur jeu le brin d'ambiguïté qui rend particulièrement subtil le passage de la comédie à la réalité.
Au pupitre de "son" Philharmonia, Christoph von Dohnanyi, superbe straussien, maîtrise les vagues d'un orchestre luxuriant ; on sent à quel point le compositeur s'est fait plaisir en maniant ces masses instrumentales, mais on comprend facilement que les chanteurs les redoutent.
De la plaisante comédie de Ben Jonson Epicoene or The Silent Woman, Stefan Zweig a tiré un livret remarquable de vitalité, de concision, de verve, idéal pour des interprètes qui ne se contentent pas de faire de notes mais aiment le théâtre.
C'est le cas de Jill Grove, qui donne du relief à la silhouette de la gouvernante. Dietrich Hensechel, en barbier entremetteur, est époustouflant, Harlequin longiligne faisant de chaque geste un moment de légèreté et de drôlerie. Sten Byriel, voix ample et sonore, au registre grave impressionnant, ne voit pas Morosus comme un barbon ronchonnant et ne cède pas à la tentation de caricaturer un personnage qu'il prend plaisir à rendre émouvant et touchant.
Natalie Dessay, qui maîtrise avec une facilité qu'elle ne rend jamais ostentatoire, une tessiture éprouvante, trouve en Aminta un rôle à sa mesure. Sa voix, toujours d'une exquise fraîcheur, est bien celle d'une jeune première ; mais son tempérament volcanique et sa sensibilité cernent, en un troublant jeu de miroir, toutes les facettes de l'héroïne, même les plus secrètes.
La fausse ingénue et l'homme vieillissant : le sujet n'était pas neuf. Zweig et Strauss ont su le renouveler. Et de cette pétulante Femme silencieuse, on est heureux d'applaudir une production modèle.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 24/02/2001 Michel PAROUTY |
| Nouvelle production de La Femme silencieuse de Richard Strauss au Théâtre du Châtelet. | La Femme silencieuse de Richard Strauss
Philharmonia Orchestra
Direction musicale : Christoph von Dohnanyi.
Mise en scène et décors : Marco Arturo Marelli.
Avec Natalie Dessay (Aminta), Sten Byriel (sir Morosus), Jill Grove (la Gouvernante), Dietrich Henschel (le Barbier), Juan José Lopera (Henry Morosus). (Jusqu'au 11 mars)
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