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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
18 octobre 2024 |
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Le Lac des cygnes par le Ballet de Novossibirsk aux Étés de la Danse 2010.
Étés de la Danse 2010 (3) :
La Sibérie au Châtelet
En Sibérie, le Théâtre national d’Opéra et de Ballet de Novossibirsk accorde à danse et opéra une égale importance. Cependant, c’est par son Ballet, la troisième compagnie du pays, que ce théâtre connaît un rayonnement mondial. Au Théâtre du Châtelet, elle se produit actuellement invitée par les Étés de la Danse avec trois programmes consacrés à Balanchine, au Lac des Cygnes et à La Bayadère.
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Après une entrée en matière très remarquée par une soirée de gala avec en plus des solistes maisons, des invités prestigieux venus du Bolchoï de Moscou, du Mariinski de Saint-Pétersbourg, du New York City Ballet et de l’Opéra de Paris, et un programme Balanchine caractérisé par un savoir-faire et une passion de danser extraordinaires, le Ballet de Novossibirsk sort ses classiques.
Et d’abord le Lac des cygnes de Marius Petipa et Lev Ivanov révisé par le directeur artistique Igor Zelensky, la plus nouvelle production du Ballet de Novossibirsk puisque sa première remonte au 29 mai dernier. Pour l’occasion les costumes ont étés commandés à l’Italienne Luisa Spinatelli. Ils sont beaux pour les solistes, les cygnes, pas toujours très heureux de couleurs et de matériaux dans les ensembles et dans les diverses danses décoratives du III. Les toiles peintes qui évoquent le château, le lac, les cygnes sont en revanche éminemment poétiques et globalement c’est un magnifique spectacle qui nous a été donné à voir.
Excellent par le savoir-faire de la compagnie et des solistes. Il n’est jamais évident de se produire en tournée avec la même précision et aussi parfaitement que sur la scène à laquelle on est habitué. Ce Lac ne montre aucune faiblesse, aucun dérapage, aucun décalage. Parfaits les solistes des rôles secondaires, Yulia Kuntnyakova (Reine-mère, glaçante de dignité jusqu’au moment où elle s’évanouit avec classe quand les événements se précipitent un peu trop), Mikhail Lifentsev (Rothbart très virtuose) et Mikhail Kemenov (Bouffon omniprésent et formidablement volubile).
Habitué que l’on est à Paris aux chorégraphies de Noureev qui donnent aux princes le beau rôle, on ne pouvait qu’être un peu déçu par le peu de danse dévolue par Zelensky à son Siegfried. Hormis le pas de deux au III où le très jeune Roman Polkovnikov (23 ans) se distingue dans son manège de sauts et dans les différentes figures imposées de la version Petipa originale, on peut admirer son interprétation toute en finesse du jeune Prince qui s’éveille à la sexualité sans les outrances freudiennes dont on abuse parfois et son aptitude à réaliser des portés exceptionnels, mais on aurait aimé que le chorégraphe donne plus d’occasion de danser à ce Premier Danseur soliste sibérien.
La grande vedette de la soirée reste la Russe Elena Vostrotina, Étoile au Semperoper de Dresde, qui interprète le double rôle d’Odette/Odile. Toute en longueur avec une souplesse incroyable dans les ondulations du cygne blanc et les hallucinants renversements dans ses évolutions aux bras du Prince au II, elle est la grâce même. Mais son physique assez athlétique et son visage un peu anguleux lui confèrent un charme encore plus troublant en cygne noir. Une artiste très complète qui a soulevé la salle après chaque solo, particulièrement par la perfection de ses fouettés dans le grand pas de deux.
Si la révision d’Igor Zelensky n’apporte aucune excentricité au modèle original et de belles idées dans l’adaptation de pas classiques, sa fin est certainement très originale avec la double noyade de Siegfried puis d’Odette que l’on voit ensuite réapparaître, au Ciel, au-dessus d’un Rothbart faussement triomphant
On est au regret de dire que la soirée aurait pu être musicalement céleste sous la direction d’un autre chef qu’Evgueny Volinski. Le chef permanent du Théâtre Académique de Novossibirsk n’a-t-il pas voulu tenir compte de la différence de volume entre la configuration à l’italienne du Théâtre du Châtelet et l’immense hémicycle qu’est le théâtre sibérien avec près de 1 800 places ?
Le niveau sonore est souvent insupportable et s’il ne donne pas dans la nuance, il n’hésite pas à souligner avec de très gros sabots tous les effets dramatiques qui abondent dans cette merveilleuse partition. Dommage car l’Orchestre national d’Île-de-France recruté pour ces représentations se tient plus que bien, autant dans l’ensemble que dans les nombreux soli qui parsèment l’œuvre.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 13/07/2010 Olivier BRUNEL |
| Le Lac des cygnes par le Ballet de Novossibirsk aux Étés de la Danse 2010. | Le Lac des Cygnes
musique : P.I TchaĂŻkovski
chorégraphie d’après Marius Petipa et Lev Ivanov, révision d’Igor Zelenski
décors, costumes : Luisa Spinatelli
Ballet de Novossibirsk
Orchestre National d’Île-de-France
direction : Evgueny Volinsky | |
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