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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
03 janvier 2025 |
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Reprise de Roméo et Juliette de Rudolf Noureev au Ballet de l’Opéra national de Paris.
Roméo & Juliette (1) :
Tous amoureux de Juliette
Très bien remonté, le Roméo et Juliette de Rusolf Noureev sur la musique de Prokofiev est aussi imposant par sa taille que par sa décoration ou la complexité de sa chorégraphie a vu triompher l’Étoile Laetitia Pujol en Juliette idéale au sein d’une distribution ne comptant pas moins de quatre autres Étoiles.
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En dehors des grands classiques qu’il a remontés à partir des différentes versions qu’il a eu l’occasion de danser de par le monde, ce Roméo et Juliette est le seul ballet conçu par lui vraiment réussi que signa Rudolf Noureev. Quelques longueurs et quelques complaisances de ci de là ne gâchent pas la force avec laquelle le drame shakespearien est raconté, ni la puissance des structures générales, ni l’efficacité d’une chorégraphie particulièrement riche mais lourde à assumer pour les deux rôles principaux.
Le tout se déroule en outre dans les somptueux décors d’Ezio Frigerio et les costumes qu’il dessina avec Mauro Pagano, Vérone de légende, où les ors rivalisent avec de délicates couleurs à la Botticelli, très bien éclairés par Vincio Cheli. Et, comme on le sait, la partition de Prokofiev est elle aussi d’une force expressive magistrale, servie ici au plus haut niveau par l’Orchestre de l’Opéra dirigé par Vello Pähn.
Mais il faut des interprètes eux aussi d’une présence et d’un talent exceptionnels pour exister dans un contexte pareil, dans des rôles illustrés dans un passé pas si lointain par des individualités aussi fortes que Manuel Legris, Laurent Hilaire, Monique Loudières ou Elisabeth Maurin. Laetitia Pujol a certainement trouvé avec Juliette un rôle qui marquera sa carrière et qu’elle marquera de sa personnalité.
Il y a là l’une de ces rencontres qui font rêver et qui créent les légendes. Totalement investie dans son personnage dont elle traduit autant par l’éclat d’une danse parfaite que par le jeu théâtral tous les aspects d’une évolution psychologique permanente, femme-enfant puis femme passionnée, innocence, passion, rage, désespoir, angoisse, hésitations, le visage expressif comme celui d’une tragédienne, bouleversante d’énergie intérieure, elle ne laisse pas indifférent une seule seconde.
C’est vraiment le type d’incarnation que peut faire une artiste en plein possession de ses moyens, dans un rôle convenant aussi bien à ses qualités physiques qu’à sa sensibilité.
Avec une qualité de danse irréprochable de style, d’élégance, de facilité, un physique on ne peut plus idéal, une technique parfaite illustration de la meilleure école française, Mathieu Ganio campe un beau Roméo dont la passion s’exprime essentiellement par la pureté et la rigueur du geste. Le visage devra gagner en expression, la présence en engagement dramatique pour affronter à armes égales une partenaire aussi fulgurante.
Pour entourer ce couple vedette, les autres Étoiles ont elles aussi donné un relief saisissant à ces personnages dont aucun n’est vraiment secondaire. Stéphane Bullion est un Tybalt aussi séduisant face à sa cousine Juliette et à la très belle Lady Capulet de luxe campée par Delphine Moussin que terrifiant de volonté maléfique dans sa poursuite de Roméo.
Mathias Heymann nous livre un Mercutio étincelant de joie de vivre et de spontanéité juvénile. Et quelle technique affinée dans les moindres détails ! Belle présence aussi de Christophe Dusquesne en Benvolio, de Julien Meyzindi en Pâris, de Ghyslaine Reichert en nourrice dévergondée, de Myriam Ould-Braham dans le discret mais subtile rôle de Rosaline. Et le Corps de ballet s’acquitte avec beaucoup de foi et de talent de la lourde tâche fort variée qui lui incombe.
D’autres distributions bien intéressantes vont suivre, permettant notamment aux plus récents premiers danseurs nommés d’affronter l’un des rôles majeurs du répertoire.
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Opéra Bastille, Paris Le 11/04/2011 Gérard MANNONI |
| Reprise de Roméo et Juliette de Rudolf Noureev au Ballet de l’Opéra national de Paris. | Roméo et Juliette
chorégraphie : Rudolf Noureev, réglée par Patricia Ruanne et Frederick Jahn
musique : Serge Prokofiev
décors : Ezio Frigerio
costumes : Ezio Frigerio & Mauro Pagano
Ă©clairages : Vinicio Cheli
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Vello Pähn
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | |
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