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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
03 janvier 2025 |
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Nouvelle distribution pour Roméo et Juliette de Rudolf Noureev au Ballet de l’Opéra national de Paris.
Roméo & Juliette (2) :
Couple bien shakespearien
Agnès Letestu (Juliette) et Florian Magnenet (Roméo)
Riche de fortes personnalités, le Ballet de l’Opéra peut se permettre de varier les distributions au meilleur niveau, alignant avec succès Étoiles et Premiers Danseurs dans l’un des ballets les plus lourds du répertoire. Après Laetitia Pujol, c’est Agnès Letestu qui incarne à son tour une inoubliable Juliette.
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Le talent scénique d’Agnès Letestu n’est pas une découverte. La grande Étoile a déjà maintes fois montré qu’elle était capable d’une vraie projection émotionnelle dans les rôles qui le nécessitent. Sa Dame aux camélias, par exemple, était d’une bouleversante humanité.
Ici, on est fasciné par la manière tellement intelligente, musicale et subtile dont elle traduit les différents aspects du caractère de la Juliette de Shakespeare, à la fois dans l’instant et dans l’évolution du rite initiatique la conduisant à la mort. D’abord joyeuse comme une gamine et peu intéressée par le monde des adultes et ses connotations sexuelles, elle ne paraît que vaguement étonnée en découvrant sa nourrice en plein flirt, sans se poser trop de question, et ne s’intéresse pas du tout aux projets de mariage avancés par sa famille et le redoutable Tybalt qui ne lui semblent qu’un jeu de plus.
Et puis, il y a la rencontre avec Roméo qui cette fois la bouleverse totalement, irrémédiablement, idée fixe, passion aussi fulgurante qu’impérieuse qui va la conduire à toutes les folies impensables à l’époque pour une jeune fille de son rang. Alors, le visage de la ballerine n’est plus le même, sa danse prend une autre ardeur, une autre intensité. L’énergie spontanée de la jeunesse se transforme en fougue incontrôlable. Le style reste impeccable, les pas d’une précision, d’une élégance extrêmes, mais il y a un feu intérieur autre.
C’est aussi éloquent qu’une tirade shakespearienne, d’autant que cette montée en puissance, au travers des diverses épreuves qui attendent Juliette, mort de Tybalt, choix entre suicide et fausse mort, réveil tragique et trop tardif, est traduite avec une art parfait de la scène, de la pointe du chausson à celle des cils. De la danse et du théâtre d’exception.
Face à une telle partenaire, il pouvait ne pas être facile au Premier Danseur Florian Magnenet d’incarner son premier Roméo, mais il existe vraiment. Cet artiste doté d’une potentiel de rêve qu’il n’a pas toujours su exploiter totalement jusqu’à présent, est d’emblée un Roméo très vivant, crédible, animé, virevoltant comme un jeune un peu écervelé courant après sa volage Rosaline.
Un beau papillon, un brillant aristocrate sympathique, séduisant, rieur, joyeux. Physique idéal de séducteur, grand, il n’en joue qu’avec une simplicité juvénile, directe. Il parvient en outre à ponctuer la danse de gestes furtifs, brefs, appartenant plus au théâtre, mais qui accroissent la crédibilité scénique et dramatique du personnage.
Il danse large, facile, bien réactif à la musique, certes plus à l’aise avec ses grandes jambes dans les jetés et les manèges que dans la dentelle des batteries. Il a travaillé, cela se voit, car il a gagné en précision, en sûreté, même s’il lui reste encore un peu à avancer dans ces deux domaines, avec des arrêts plus nets, une détente plus tonique encore.
Mais ce Roméo est déjà une belle réussite. Bon partenaire, il danse en outre vraiment avec et pour les autres, aidé en cela par Agnès Letestu elle aussi très investie dans cette construction dramatique à deux.
Autour des deux héros, on retrouve le puissant Tybalt de Stéphane Bullion, avec ce farfadet d’Emmanuel Thibaut en virevoltant Mercutio, Yann Saïz bien convaincant en Benvolio et Yannick Bittencourt – une carrière à suivre attentivement – en très beau Pâris.
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Opéra Bastille, Paris Le 14/04/2011 Gérard MANNONI |
| Nouvelle distribution pour Roméo et Juliette de Rudolf Noureev au Ballet de l’Opéra national de Paris. | Roméo et Juliette
chorégraphie : Rudolf Noureev, réglée par Patricia Ruanne et Frederick Jahn
musique : Serge Prokofiev
décors : Ezio Frigerio
costumes : Ezio Frigerio & Mauro Pagano
Ă©clairages : Vinicio Cheli
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Vello Pähn
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | |
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