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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
21 décembre 2024 |
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Flammes de Paris, d'Alexeï Ratmansky, par le Ballet du Bolchoï à l’Opéra de Paris.
Ivan le terrible
Ivan Vassiliev (Philippe)
Qui n’a rêvé de voir danser le Ballet du Bolchoï de Moscou ? Il est en mai à Paris et se met à portée de nos yeux avec deux spectacles : Don Quichotte, créé au Bolchoï en 1869, et le nettement plus rare Flammes de Paris, ballet sur la Révolution Française où triomphe le Philippe proprement hallucinant d’Ivan Vassiliev, déjà filmé dans ce rôle pour le DVD.
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Flammes de Paris, créé à Moscou en 1932, est un de ces dramballet alors très en vogue et dont le moteur principal est l’action. En cela, les sujets historiques sont du pain bénit. Bourré d’idéologie, ce fut l’un des ballets préférés de Staline et son succès public était énorme avec ses scènes de foule et ses rôles héroïques.
Créé par Vasili Vainonen, il a été revu par Alexei Ratmansky en 2008 dans l’optique de donner une image plus actuelle du nouveau Bolchoï. Beaucoup plus proche de l’histoire personnelle des personnages et des passions qui se nouent pendant cet épisode historique, il garde tout même une grande participation du peuple révolutionnaire et est parfaitement lisible dans tous ses tableaux.
La musique de Boris Asafiev est très descriptive, imagée et efficace, et son assemblage garantit une continuité tout au long des quasi deux heures que dure le ballet. L’Orchestre de l’Opéra de Paris lui a rendu justice sous la direction de Pavel Sorokin, chef d’orchestre principal du Théâtre Bolchoï.
Donc l’histoire : de Marseille à Paris, la marche de deux couples révolutionnaires, Philippe et Jeanne, ainsi que Jérôme et Adeline, fille d’un marquis cooptée au passage. Les péripéties sont nombreuses et donnent lieu à d’intéressantes scènes de foules et poursuites. Au milieu de cela, un ballet dans le ballet à la cour de Louis XVI avec Leurs Majestés sur scène – petite longueur mais pleine de délicates surprises. Puis barricades, guillotine, Carmagnole, sang versé et final avec baïonnettes pointées vers le public effrayantes de réalisme.
La distribution de la seconde représentation est absolument superlative, dominée par deux danseurs principaux du Ballet du Bolchoï, Natalia Osipova (Jeanne) et Ivan Vassiliev (Philippe) : elle d’une précision hallucinante et la grâce même, lui que l’on pourrait surnommer Ivan le Terrible, un danseur bardé de tous les prix imaginables, affichant une virtuosité d’une insolence comme on n’en voit plus et dégageant une présence scénique hors du commun.
Du premier rang, son jeu paraît parfois exagéré (yeux exorbités comme au cinéma muet) mais il est raisonnable de penser que le message passe jusqu’au dernier rang de l’Amphithéâtre. Leur pas de deux (un des derniers vestiges de l’ancienne version) est acclamé à sa juste valeur : un festival de difficultés techniques transcendées par le talent et la discipline. Un phénomène qu’il ne faudra pas manquer car le danseur est aussi affiché en Basile dans Don Quichotte qui prend la suite.
Magnifique aussi d’intensité dramatique, le couple Jérôme-Adeline formé par Viacheslav Lopatin et Nina Kaptsova, très inquiétant et virtuose Marquis Costa de Beauregard de Iouri Klevstov. Magnifique et plein de raffinement, le couple d’acteurs d’Ekaterina Kryssanova (Mireille) et Artem Ovcharenko (Antoine), et perfection hallucinante des mouvements d’ensemble de la troupe jusqu’au moindre petit rôle.
Pour ceux qui n’auront pas eu la chance d’y assister, le spectacle a été filmé à Moscou en 2010 ; Natalia Osipova et Ivan Vassiliev font partie de la distribution dans le DVD récemment publié par BelAir Classiques.
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Palais Garnier, Paris Le 06/05/2011 Olivier BRUNEL |
| Flammes de Paris, d'Alexeï Ratmansky, par le Ballet du Bolchoï à l’Opéra de Paris. | Flammes de Paris, ballet en deux actes et quatre tableaux
Livret d’Alexandre Belinsky et Alexeï Ratmansky d’après le livret original de Nikolaï Volkov et Vladimir Dmitriev, inspiré du roman historique Les Rouges du Midi de Félix Gras
chorégraphie : Alexeï Ratmansky d’après Vasili Vainonen
musique : Boris Asafiev
scénographie : Ilya Utkin & Evgeny Monakhov
Ballet du BolchoĂŻ de Moscou
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Pavel Sorokin | |
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