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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
23 novembre 2024 |
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Le Kabuki, de Maurice Béjart par The Tokyo Ballet à l’Opéra de Paris.
Le Japon vu par BĂ©jart
Après le Danemark, le Ballet de l’Opéra de Paris a invité le Japon le temps de six représentations : The Tokyo Ballet, compagnie très liée à l’œuvre chorégraphique de Béjart avec une de leurs chorégraphies emblématiques, le Kabuki. Superbe compagnie, travail très raffiné mais relative déception, l’œuvre n’ayant pas si bien vieilli et l’interprétation manquant de grandes individualités.
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Créé en avril 1986 au Théâtre Bunka Kaikan de Tokyo, Le Kabuki est une des grandes œuvres narratives du chorégraphe français Maurice Béjart (1927-2007) née d’une fascination passionnelle sans limites pour le Japon et sa culture et créé pour un interprète exceptionnel, le danseur Étoile de l’Opéra de Paris Eric Vu An.
Montrée dans toute l’Europe quelques mois après la même année 1986, notamment au Palais Garnier dans le cadre de la venue du Tokyo Ballet au Festival international de la danse, elle revient sur la même scène vingt-six ans après avec une compagnie entièrement renouvelée.
À l’époque, l’œuvre commandée à Béjart par Tadatsugu Sasaki, Directeur du Tokyo Ballet, basée sur une légende du patrimoine historique culturel japonais, Chûshingura ou Le Trésor des vassaux fidèles permettait à cet épisode de l’histoire japonaise d’accéder à l’Occident par le truchement de la danse contemporaine.
Béjart avait concocté une petite introduction qui, prenant place dans le Japon contemporain, permettait de glisser vers le Japon historique et de délivrer le message des valeurs d’honneur, de fidélité et de dévouement qu’exprimait cette saga des quarante-sept rônin quasiment inconnue en Occident. Entre temps notre connaissance du Japon a beaucoup progressé.
La naïveté de l’esthétique certainement plus frappante il y a près de trente ans, donne aujourd’hui souvent à sourire, même si tout est d’une esthétique irréprochable avec tous les raffinements afférents au genre. Les costumes de Nuno Corte-Real sont impeccables mais donnent plus d’une fois l’illusion d’un défilé de mode ou d’une vitrine bien ordonnée. Le décor, dans son grand dépouillement, frappe beaucoup plus avec ses symboles et ses couleurs fortes.
Il est difficile aussi de ne pas être frappé aujourd’hui de la facilité des choix chorégraphiques de Béjart. Comme toujours les ensembles sont très réussis et parfois spectaculaires mais son vocabulaire simple, utilisant le modèle classique et empruntant aux postures basiques du yoga ne se renouvelle pas assez dans une pièce d’un tel format (presque deux heures) et hormis un grand solo réservé à la fin de la première partie au personnage de Oboshi Yuranosube, héros de la pièce, l’ensemble souffre d’une véritable inspiration chorégraphique continue.
Ce qui manque cruellement à cette distribution, présentée à la première représentation de la série, c’est l’absence d’une grande individualité pour danser le rôle principal. Car si Mizuda Ueno (Dame Kaoyo Gozen) est parfaite de grâce et de style dans un rôle plutôt effacé, il manque à Naoki Takagishi beaucoup de qualités charismatiques et même physiques pour faire éclater le rôle de Oboshi Yuarnosuke.
Signalons parmi les nombreux personnages les deux Rônin ayant une variation à danser, Yuji Matsushita et Yuki Miyamoto et le très aérien serviteur Bannaï de Ryuta Takahashi ainsi que la figure de vilain, le bandit Ono Sadakuro, très bien caractérisé par Yuji Matsushita.
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Palais Garnier, Paris Le 18/05/2012 Olivier BRUNEL |
| Le Kabuki, de Maurice Béjart par The Tokyo Ballet à l’Opéra de Paris. | Le Kabuki
chorégraphie : Maurice Béjart (1986)
musique : Toshiro Mayuzumi (enregistrée)
décors et costumes : Nuno Corte-Real
Ă©clairages : Tatsuo Takasawa
réalisation sonore : Fumitame Ichikawa
Par les danseurs principaux, les solistes et le Corps de ballet du Tokyo Ballet | |
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