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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 décembre 2024 |
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Spectacle Teshigawara/Brown/Kylián à l’Opéra de Paris.
Sacré Kylián !
Si l’on en juge par l’applaudimètre, Doux mensonges, chorĂ©graphie du tchèque Jiři Kylián pour le Ballet de l’OpĂ©ra de Paris, après une quarantaine de reprĂ©sentations, a encore beaucoup de beaux soirs devant elle. Dans ce triple nouveau programme, elle a largement Ă©clipsĂ© la crĂ©ation de Teshigawara et la reprise d’un classique de Trisha Brown.
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Deux parties on ne peut plus contrastées pour ce nouveau programme concocté par le Ballet de l’Opéra de Paris ! Largement médiatisée, Darkness is hiding Black Horses, la deuxième collaboration du chorégraphe, poète et plasticien japonais Saburo Teshigawara (après AIR sur une musique de John Cage en 2003), a pour substrat un poème, des musiques additionnelles signées Daniel Burke (très planantes pour le moins) et une sophistication des costumes blancs et noirs sur un fond de scène complètement noir.
Les moyens mis sont incontestablement ce que l’Opéra peut faire deux mieux, trois de ses danseurs Étoile assurent avec un talent superlatif toutes les représentations. Les atmosphères créées par les geysers de fumée, le noir du décor, la musique planante et les bruits de chevaux, sont d’un esthétisme extrême, mais ne fait pas palpiter l’œil et le cerveau plus de quelques minutes, l’ensemble durant une petite demi-heure. On n’est pas à Garnier à une création non bouleversante près, on gardera de celle-ci un souvenir très fugitif.
On est presque soulagé ensuite par le silence de Glacial Decoy qui, sur une suite de projections de photos de sujet trivial signées Robert Rauschenberg (un reportage en noir et blanc réalisé en Floride, les clichés étant projetés sur des écrans au fond de la scène totalement hors contexte garantissent un effet glacial voire soporifique comme les soirées diapositives de notre enfance…) voit défiler d’un bout à l’autre de la scène cinq danseuses en robes blanches et longues plissées à l’antique, dans un perpetuum mobile horizontal à la chorégraphie très symétrique et synchrone.
Après avoir pu admirer les danseurs de la Trisha Brown Dance Company deux soirées durant au Théâtre de La Ville, on se dit qu’une danseuse de formation classique qui danse du Trisha Brown, ce n’est qu’une technique aussi vite apprise que restituée. Rien dans le mouvement gracieux d’un bras, le port de cou, la pose d’un chignon, qui appartient au monde d’une danseuse de formation classique, n’appartient à la danse post moderne.
Après cette première partie glaçante, c’est toujours un immense plaisir que de revoir la reprise d’une des plus belles chorĂ©graphies crĂ©es par Jiři Kilián pour l’OpĂ©ra de Paris en 1999 sur des musiques de Gesualdo et Monteverdi qui après une quarantaine de reprĂ©sentations est aussi fraĂ®che et passionnante qu’au premier jour. Si la crĂ©ation de Teshigawara, malgrĂ© les moyens mis, et les trois danseurs Étoile, n’a pas fait vraiment l’évĂ©nement, c’est en partie parce que Kylián lui a volĂ© la vedette.
Il y a aussi chez Kylián et particulièrement dans cette pièce une sophistication des moyens (la réalisation vidéo de Michael Simon mène les danseurs sous les profondeurs de la scène), une recherche sur le lieu Palais Garnier, mais tout est toujours au service de la danse et le plaisir de ceux qui la regardent. Les deux couples Eve Grinstajn Alessio Carbone et Aurélia Bellet Alexandre Gasse, parfaitement appariés ont parfaitement restitué l’essence sensuelle et érotique de cette chorégraphie.
Les huit solistes vocaux des Arts Florissants, guidés par Paul Agnew (qui ne devait pas oublier, en les dirigeant, qu’il a été aussi en Platée un bel interprète sur cette scène mythique), ont exalté le très beau choix musical (Gesualdo et Monteverdi) de cette réalisation qui a été très longuement acclamé par un public devenu soudain enthousiaste.
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Palais Garnier, Paris Le 06/11/2013 Olivier BRUNEL |
| Spectacle Teshigawara/Brown/Kylián à l’Opéra de Paris. | Spectacle chorégraphique Teshigawara/Brown/Kylian au Palais Garnier
Avec le Corps de ballet, les Premiers Danseurs et les Étoiles du Ballet de l’Opéra National de Paris
Les Arts Florissants
direction : Paul Agnew | |
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