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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 décembre 2024 |
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Les Illusions perdues de Ratmansky par la troupe du Bolchoï à l’Opéra de Paris.
Illusions doublement perdues
Mystère total ! Comment une glorieuse compagnie comme celle du Bolchoï peut-elle emmener en tournée à l’Opéra de Paris un ballet aussi dénué d’intérêt que ces Illusions perdues ? Chorégraphie sans personnalité, histoire gauchement réinventée à partir de Balzac, partition musicale épaisse, bruyante, inexpressive. D’excellents danseurs ne sauvent pas le spectacle.
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Du roman de Balzac, le livret du ballet créé en 1934 par Zakharov et rédigé d’après Balzac par Vladimir Dmitriev et que réutilise Ratmansky, il ne reste rien. Lucien de Rubempré, jeune loup qui veut conquérir Paris par le journalisme, l’un des héros mythiques de la littérature française, est ici un compositeur de musique de ballet qui connaît le succès avec un première œuvre, couche avec la ballerine puis, entraîné par des amis proches de l’Étoile rivale, connaît un autre succès avec une partition facile, abandonne la première danseuse pour la seconde et se retrouve finalement seul quand il veut récupérer la première. Ouf !
On pourra dire qu’il y a des ballets réussis avec des intrigues encore plus simplistes, c’est vrai, mais chorégraphe et musique ont su leur donner une épaisseur dramatique manquant totalement à l’œuvre de Ratmansky. On n’y croit pas une seconde, tant la danse est stéréotypée et sans caractère, tant les personnages apparaissent comme des fantoches, tant la progression dramatique est inexistante, tant la musique de Leonid Desystnikov agresse les oreilles au lieu de soutenir l’émotion. Trois petits actes et puis s’en vont. On a l’impression de n’avoir rien vu.
Sauf d’excellents danseurs embarqués sur cette galère. Evgenia Obratzova, premier amour du volage Lucien, est magnifique à tous égards, mais ses qualités ne sont que médiocrement exploitées, comme celles de Ekaterina Krysanova, deuxième conquête de Lucien. David Hallberg, que l’on vient d’applaudir dans la Belle au bois dormant, reste un somptueux danseur au physique romantique très adéquat. Il tente louablement de faire vivre son personnage en exploitant les possibilités expressives de son beau visage très mobile, car la chorégraphie ne raconte rien. Belle prestation aussi d’Artem Ovchrenko en Premier Danseur.
Alors la question reste entière : que pense donc montrer le Bolchoï en faisant voyager un navet pareil ? Ses dirigeants savent pourtant que la compagnie invitante possède à son répertoire maints ballets littéraires qui sont d’authentiques chefs-d’œuvre comme la Dame aux camélias de Neumeier, L’ histoire de Manon de MacMillan, Carmen et Notre-Dame-de-Paris de Petit, Oneguin de Cranko… Le Bolchoï en possède aussi, sans compter les grands classiques et maintenant bon nombre de grands contemporains.
Le Palais Garnier était plein, mais gageons que bien des spectateurs ne s’attendaient pas à une démonstration que renieraient la plupart de nos compagnies régionales. Sans doute Alexeï Ratmansky, dont on a vu ici un fort poétique Pysché est-il plus inspiré par l’abstraction mythologique que par la narration balzacienne même avec l’aide, nous dit-on, de l’excellent Guillaume Gallienne comme consultant dramaturgique… consultation qui a dû ressembler à celle que passe ce fabuleux acteur-metteur en scène dans la séquence du service militaire de son remarquable film Les garçons et Guillaume, à table !
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Palais Garnier, Paris Le 06/01/2014 GĂ©rard MANNONI |
| Les Illusions perdues de Ratmansky par la troupe du Bolchoï à l’Opéra de Paris. | Les Illusions perdues
Ballet en trois actes d’après le livret de Vladimir Dmitriev inspiré du roman éponyme d’Honoré de Balzac.
choréraphie ; Alexeï Ratmansky
musique : Leonid Desyatnikov
décors et costumes : Jerôme Kaplan
lumières : Vincent Millet
consultant : Guillaume Gallienne
Lucas Genusias, piano
Svetlana Shilova et Catherine Trottman, chant
Orchestre Colonne
direction : Igor Dronov
Avec les danseurs principaux et le corps de ballet du Théâtre Bolchoï de Moscou | |
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