|
|
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
22 décembre 2024 |
|
Soirée du Béjart Ballet Lausanne à l’Opéra national de Paris.
Ivresse grecque
La visite parisienne du Béjart Ballet Lausanne au Palais Garnier montre une compagnie très en forme que ce soit dans des œuvres emblématiques du maître avec au premier chef une performance étourdissante dans les Sept Danses grecques, que dans le grand ballet de son successeur Gil Roman pourtant beaucoup moins convaincant.
|
|
L’addiction de la danse
Triomphe de l’arabesque
L’amour virtuose
[ Tout sur la danse ]
|
Les dernières nouvelles concernant le Béjart Ballet Lausanne ont inquiété : difficultés financières conduisant à la fermeture de l’école de danse et à la réduction des effectifs de la compagnie, problèmes de management. Un plan de sauvegarde comportant l’arrivée d’un directeur général et d‘un directeur des ressources humaines ainsi que la programmation de nombreuses tournées permettent de garder espoir.
Celui qui fut désigner par Maurice Béjart comme son successeur et qui reste directeur artistique, Gil Roman, a choisi pour cette série de soirées de débuter le programme par une de ses propres créations. Renvoyant par son titre Tous les hommes presque toujours s’imaginent à un livre très exigeant de l’écrivain suisse Ludwig Pohl, ce ballet d’une durée d’une heure est assorti d’une note d’intention réduite à l’évocation d’une « histoire d’un noyé passé dans l’autre monde qui revient pour annoncer une catastrophe, peut-être ».
À l’opposé de ce sombre programme, l’emploi d’une bonne douzaine de titres tirés des albums du célèbre John Zorn donne l’impression musicale d’un patchwork, allant de la variété à la musique contemporaine en passant par la musique ethnique façon Broadway. La chorégraphie est au diapason, allant de la danse synchronisée de manière impeccable au pittoresque à la Bollywood. On admire la fluidité et l’homogénéité des danseurs mais l’ensemble paraît très répétitif et séquentiel. La deuxième partie de soirée entièrement composée de chorégraphie de Béjart soutient autrement l’intérêt.
Il suffit de voir le solo de Mari Ohashi dans Bhatki III pour être dans une tout autre dimension, toute spirituelle celle-là . Le corps de la danseuse occupe l’espace et le temps dans une symbiose fascinante. Le Shiva d’Alessandro Cavallo parait davantage charnel, ce qui est du reste l’une des marques de la fabrique Béjart. À la musique indienne succède la musique arabe de Duo et la tradition juive dans Dibbuk. Il est frappant de voir qu’à la différence de son héritier Béjart fuit le cliché des danses folkloriques. Il stylise pour arriver à l’essence.
De la même manière, dans les célébrissimes Sept Danses grecques, il ne conserve qu’une idée visuelle assez lointaine de celles-ci mais parvient à donner à la musique de Theodorakis une illustration profondément méditerranéenne, faite de simplicité et d’humanité. Brillamment entouré de toute la compagnie, Eduardo Chacón danse à corps perdu, dans une ivresse communicative.
| | |
| Le 04/01/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Soirée du Béjart Ballet Lausanne à l’Opéra national de Paris. | Tous les hommes Presque toujours s’imaginent (2019)
chorégraphie : Gil Roman
musique : John Zorn
costumes : Henri Davila
éclairages : Dominique Roman
Bhakti III (1968)
chorégraphie : Maurice Béjart
musique traditionnelle indienne
décors et costumes : Germinal Cassado
éclairages : Dominique Roman
Duo, extrait de Pyramide-El Nour (1990)
chorégraphie : Maurice Béjart
musique traditionnelle islamique
costumes : Gianni Versace
Diboukänze (1986)
chorégraphie : Maurice Béjart
musique traditionnelle juive
Sept Danses grecques (1983)
chorégraphie : Maurice Béjart
musique : Mikis Theodorakis
éclairages : Dominique Roman | |
| |
| | |
|