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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
22 novembre 2024 |
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Reprise de Don Quichotte dans la chorégraphie de Rudolf Noureev au Ballet de l’Opéra national de Paris.
L’amour virtuose
Le Don Quichotte de Noureev offre une nouvelle fois à l’Opéra de Paris une galerie de portraits contrastés et un cadre à la plus folle des virtuosités. Accompagné par un orchestre coloré sous la baguette de Gavriel Heine, la compagnie expose ses meilleurs solistes dont le couple inoubliable formé par la Kitri de Sae Eun Park et le Basilio de Paul Marque.
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L’humour constitue l’un des apports manifestes de Rudolf Noureev à la chorégraphie originale de Marius Petipa du ballet Don Quichotte. Peut-être est-ce pour cette raison que cette version créée d’abord à Vienne en 1966 puis entrée au répertoire de l’Opéra de Paris en 1981 semble désormais un peu vieillie. À sa décharge, il faut remarquer que son déplacement du Palais Garnier à l’Opéra Bastille en 2002 a créé sans doute une distance qui oblige parfois les danseurs à forcer le trait.
Les décors et costumes de cette seconde production imposent une richesse ostentatoire mélangeant les styles et étouffent parfois le propos. L’acte I figurant une grande place à Barcelone en est certainement l’exemple le plus flagrant : malgré la largeur du cadre de scène, la lisibilité n’est pas l’impression dominante, d’autant qu’en ce soir de première le Corps de ballet n’atteint pas toujours la plus grande propreté d’exécution. Qu’importe, les solistes font tout le sel de cette reprise.
Le « couple » Don Quichotte-Sancho Pança incarné par Yann Chailloux et Fabien Révillion expose avec le plus de fraîcheur possible le comique voulu par le chorégraphe. Daniel Stokes fait un Gamache d’un ridicule assez irrésistible. Roxane Stojanov fait une danseuse de rue pleine de caractère tandis que Florent Melac met une impétuosité un rien débordante à son Espada. Au II, la Reine des dryades d’Héloïse Bourdon mène avec élégance l’ensemble, alors que le Cupidon de Silvia Saint-Martin enchante par sa piquante virtuosité. Car la difficulté technique est l’autre grande caractéristique de ce ballet de Noureev.
À ce titre le couple vedette formé par les Étoiles Paul Marque et Sae Eun Park n’apporte que du bonheur. Le Basilio de Paul Marque se joue crânement de toutes difficultés et ce dès les dangereuses variations du I. Ses grands jetés semblent ne jamais toucher terre. Les portés frappent par leur assurance sans lourdeur. Quant au pas de deux final, il s’y montre prodigieux d’assurance et d’endurance. L’expression ne fait en outre jamais défaut à cette démonstration tonique d’un danseur à son sommet.
La Kitri de Sae Eun Park répond à cette performance avec un engagement tout aussi fou. Plus fragile, la danseuse prend ici sans cesse des risques importants. De son impétuosité et de sa rapidité se dégagent un caractère effronté qui colle parfaitement au personnage. Ses fouettés épatent et ses équilibres au bord du précipice donnent le vertige. Les moments de bravoure abondent dans ce ballet, sans que cela n’empêche les deux danseurs de trouver ici et là des détails pleins de tendresse l’un envers l’autre, gage d’une complicité artistique évidente.
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Opéra Bastille, Paris Le 21/03/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Reprise de Don Quichotte dans la chorégraphie de Rudolf Noureev au Ballet de l’Opéra national de Paris. | Don Quichotte, ballet en un prologue et trois actes d’après Miguel de Cervantès
chorégraphie : Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
musique : Ludwig Minkus (1869)
arrangements musicaux : John Lanchbery
décors : Alexandre Bellaev
costumes : Elena Rivkina
Ă©clairages : Philippe Albaric
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Gavriel Heine
Avec Sae Eun Park (Kitri et Dulcinée), Paul Marque (Basilio), Florent Melac (Espada), Roxane Stojanov (la danseuse de rue), Yann Chailloux (Don Quichotte), Fabien Révillon (Sancho Pança), Daniel Stokes (Gamache), Sébastien Bertaud (Lorenzo), les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris. | |
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