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DOSSIERS |
26 décembre 2024 |
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Présidentielle 2007 :
Trois questions à nos candidats
Dans quelques jours, les Français devront désigner les deux candidats qui s'affronteront au second tour de l'élection présidentielle. En exclusivité, Altamusica a posé trois questions aux quatre candidats susceptibles de passer le premier tour. Voici leurs réponses, affichées par ordre alphabétique. Aux urnes, citoyens !
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L'art de la symphonieUn monument de granitLes cadeaux de Noël 2013 d'Altamusica[ Tous les dossiers ]
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François BAYROU : La musique est un art et l'art n'est pas un luxe qui vient après le nécessaire. Il y a des musiques à danser, des musiques militaires, des musiques de table, des musiques de fond, des musiques de films, des musiques ethniques etc. C'est la qualité de l'oeuvre, sa capacité à éveiller notre vie intérieure qui l'élève au-dessus du divertissement. L'art a donc un sens qui consiste à élever l'humanité vers la partie supérieure d'elle-même. Ce n'est pas comprendre l'art que de lui assigner un rôle de distraction, d'ornementation ou bien encore même de socialisation. Rembrandt n'a pas peint pour décorer un salon, Proust n'a pas écrit pour divertir, Mozart n'a pas composé pour se soigner et Baudelaire relève d'autre chose que d'un simple phénomène de société. L'art donne à penser.
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Jean-Marie LE PEN : Évidemment une partie de la culture générale, mais il ne faut pas négliger la capacité de la musique à nous divertir des bruits du monde, ou au contraire par moment à nous les faire mieux comprendre, par l'effet de catharsis que décrivait Aristote.
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Ségolène ROYAL : Les deux sont liés, bien sûr. La musique classique ne peut devenir un « divertissement » que pour ceux qui détiennent les clés permettant de la comprendre et d'y prendre plaisir. Et ces clés font partie de la culture générale, celle qu'on reçoit en héritage de son milieu, ou celle que l'on se construit seul par goût de l'exploration et de la découverte. C'est pourquoi je veux renforcer la place des pratiques culturelles et artistiques à l'école pour que tous les enfants y aient un égal accès, quel que soit leur milieu d'origine.
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Nicolas SARKOZY : Je ne vois pas d'opposition entre ces termes, et je ne vois pas non plus d'opposition entre l'art et le divertissement, si ce n'est que l'art inclut le divertissement, mais ne se résume pas et ne se dissout pas dans le divertissement. La musique divertit, mais aussi, comme tout art, subvertit et transcende. C'est également, on le sait depuis Platon et Aristote, un élément très important de la culture générale et de l'éducation. Outre ses qualités propres, la musique permet d'enseigner tout autant le plaisir de l'oreille que le sens de l'effort, de la rigueur, de la mesure, le goût de l'esprit d'équipe et du travail collectif. La pratique et l'apprentissage de la musique sont ainsi un bel exemple, peut-être le plus beau, d'une discipline n'opposant en rien le divertissement - autrement dit le plaisir et l'oubli - et la rigueur, mais montrant au contraire que l'effort et la maîtrise de la technique comme des émotions sont le moyen d'accéder à un niveau de communication plus développé et à un plaisir plus raffiné.
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