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DOSSIERS |
23 novembre 2024 |
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Sommets lyriques
Elisabeth Schwarzkopf – Perfect prima donna
Coffret de 10 CD EMI collection Icon 9 78459 2
The Callas Effect
Coffret de 2 CD + 1 DVD EMI 0 84356 2
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Fidelio
Nina Stemme (Leonore)
Jonas Kaufmann (Florestan)
Lucerne Festival Orchestra
direction : Claudio Abbado
2 CD DECCA 478 2551
Un petit retour tout d’abord vers trois coffrets déjà chroniqués cette année dans ces colonnes et qui, ayant particulièrement marqué 2011, sont une nécessité pour ceux qui ne les auraient pas encore dans les rayons de leur discothèque. Il y a d’abord chez EMI les 10 CD consacrés à Elisabeth Schwarzkopf, qualifiée de Perfect prima donna.
Rétrospective quasi exhaustive, ce coffret présente à peu près tous les aspects du talent unique de cette artiste d’exception, jamais remplacée et surtout jamais égalée dans les grands rôles, au demeurant peu nombreux, qu’elle pratiqua dans la deuxième moitié de sa carrière. Mélodies, musique sacrée, airs d’opéras allemands, italiens, opérettes, airs de concert. Si l’on a osé le O mio babino caro de 1948 avec Karajan, on n’est pas allé jusqu’à Mimi ni la Traviata de la même époque. Dommage ! L’ensemble est pourtant passionnant, somptueux.
Comme le coffret de 2 CD et un DVD The Callas effect consacré à l’immense Maria et où l’on retrouve aussi certains des premiers enregistrements qui firent sa gloire, à l’époque où elle passait allègrement et avec le même éclat des aigus supersoniques et des vocalises magiques de Lakmé ou de Titania aux tragiques accents de la Gioconda. Une seule erreur de parcours, l’air d’Elvire de Don Giovanni, pas du tout pour elle. Le DVD regroupe de multiples témoignages et extraits vidéos de concerts et spectacles.
Enfin, n’oublions pas chez Decca l’admirable Fidelio dirigé de façon incroyable par Claudio Abbado qui révolutionne la vision traditionnelle de l’œuvre. En prime, le Florestan de Kaufmann.
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Le pèlerinage de Chamayou
Franz Liszt (1811-1886)
Les Années de pèlerinage
Bertrand Chamayou, piano
Coffret de 3 CD NAĂŹVE V 5260
Tant à l’Abbaye de l’Épau qu’en diverses autres occasions, on a pu apprécier la formidable intelligence avec laquelle Bertrand Chamayou a suivi Liszt dans ses Années de Pèlerinage. Oublions la performance pianistique qui lui a permis de tout jouer en un seul concert pour ne retenir que la manière dont le pianiste est entré au cœur du propos lisztien, avec tout ce qu’il comporte de raison dans l’écriture et dans l’idée de ce que l’on peut sortir d’un piano, tout qu’il comporte aussi de folie imaginative, de culture aussi bien littéraire que picturale ou musicale.
Un univers complet au sein duquel Chamayou se promène avec un naturel, un instinct et une lucidité épatants. Pas une minute d’ennui ni de lassitude pour l’auditeur tant chaque humeur du compositeur, chaque élan, chaque instant de profonde méditation sont compris, traduits respectueusement avec toujours la marque de la personnalité d’un interprète hors normes. Avec le CD de Luganski chez Naïve également, le sommet de l’Année Liszt.
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Robbins ressuscité
Tribute to Jerome Robbins
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris
Orchestre de l’Opéra de Paris
direction : Koen Kessels
1 DVD BELAIR-Opéra de Paris
Le Ballet de l’Opéra national de Paris est resté l’un des grands interprètes de Jerome Robbins. Plusieurs générations d’Étoiles et de danseurs se sont illustrés dans les ballets que le grand chorégraphe américain a accepté de voir figurer au répertoire de la compagnie. On peut certes regretter qu’ils n’aient pas été filmés quand c’était la génération dorée qui les dansait et que la maître encore vivant fignolait lui-même les répétitions. Les Loudières, Guérin, Platel, Moussin, Legris, Hilaire, Lormeau, Jude et quelques autres firent les beaux soirs de Garnier de manière inoubliable. Mais une nouvelle génération s’est emparée à son tour de ce répertoire si difficile.
Un DVD BelAir-Opéra de Paris est l’image d’un programme regroupant, outre la création pas vraiment immortelle de Triade du si bien médiatisé Benjamin Millepied, trois chefs-d’œuvre de Robbins, En Sol, In the Night et The Concert. En Sol, c’est la vivacité, la vitesse, la modernité. In the Night, la poésie absolue, magique, immatérielle. The Concert, l’humour décapant à l’anglo-saxonne, immortel. Les Étoiles Dorothée Gilbert, Marie-Agnès Gillot, Nicolas Le Riche, Agnès Letestu, Delphine Moussin, Clairemarie Osta , Benjamin Pech, des Premiers Danseurs et tous les autres s’imposent avec maestria, imagination, esprit, bref avec un talent fou. Des moments de danse exceptionnels.
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Éclat des pierreries russes
Jewels
chorégraphie : George Balanchine
musiques : Fauré, Stravinski, Tchaïkovski
décors : Peter Harvey
costumes : Karinska
1 DVD MARIINSKI MAR 0514
Inimaginable voilà seulement quinze ans ! Un programme tout Balanchine dansé au plus haut niveau par une compagnie russe. On mesure le chemin parcouru pour qu’une compagnie comme celle du Mariinski soit capable de danser Jewels aussi bien que l’Opéra de Paris ou le New York City Ballet. Hommage à la danse classique, ce splendide ballet en trois parties, Émeraudes sur Pelléas et Mélisande de Fauré, Rubis sur le Capriccio pour piano et orchestre de Stravinski, Diamonds sur la Troisième Symphonie de Tchaïkovski, est la quintessence du style balanchinien.
Danseurs aux lignes parfaites, au style épuré, ensembles réglés au cordeau, costumes et décors d’après les originaux de Karinska, tout est digne des plus grandes compagnies. Même si la version Opéra de Paris dans les costumes et décors de Christian Lacroix est une splendeur, celle-ci bénéficie pour Diamonds de la présence d’Uliana Lopatkina, peut-être la plus grande ballerine actuelle. L’Orchestre du Mariinski est en outre dirigé par Tugan Sokhiev, l’excellent directeur musical du Capitole de Toulouse.
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Noisette de saison au BolchoĂŻ
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Casse-Noisette
chorégraphie : Youri Grigorovitch inspirée du scénario de Marius Petipa
décors et costumes : Simon Virsaladze
Avec les Étoiles et les danseurs du Théâtre Bolchoï de Moscou
Orchestre du Théâtre Bolchoï
direction : Pavel Klinichev
1 DVD BelAir Classiques BAC073
Tradition incontournable dans bien des pays, Casse-Noisette est le ballet de Noël type. Cette version toute fraîche nous vient du Bolchoï de Moscou, dans la chorégraphie de Youri Grigorovitch d’après Marius Petipa. Côté production, ne tentons aucune comparaison avec la version Noureev toujours au répertoire de l’Opéra de Paris et qui n’est d’ailleurs pas à l’affiche cette année et n’existe pas en DVD.
Ce que le Bolchoï propose visuellement est charmant, sans ambition excessive, conforme à la tradition russe. La version Grigorovitch alterne ensembles bien ordonnés et moments de bravoure, avec un pas de deux final éclatant. La jolie ballerine Nina Kaptsova est une Clara sans reproche et le jeune Artem Ovcharenko un Prince à faire fondre le cœur des demoiselles de 7 à 77 ans. Ils illustrent l’un comme l’autre la solidité de l’école russe actuelle.
À voir en famille, si l’on n’a pas déjà la version Barychnikov-Gelsey-Kirkland, bien plus chichiteuse côté spectacle mais dansée de façon incomparable.
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Quatre saisons aux chandelles
Antonio Vivaldi (1678-1741)
Les Quatre saisons
Les Solistes Français
direction : Paul Rouger
Film de Mas Belsito
1 DVD LY047, distribution Harmonia Mundi
Pas facile de renouveler l’écoute d’une œuvre aussi rabâchée que les Quatre saisons ! Et pourtant, Paul Rouger et ses Solistes Français y parviennent. Réalisé par Mas Belsito, ce film met en scène la musique avec goût, originalité, complètement dans l’esprit festif de l’œuvre, évoquant son époque sans accentuer aucune reconstitution historique outrancière.
Pas de costumes XVIIIe, mais de sobres tenues écrues pour les musiciens quand ils jouent, l’accent étant mis sur les visages quand ils mangent, car le texte italien évoquant chaque partie de chaque saison est dit tandis que l’on dîne aux chandelles, tableaux tenant de la peinture hollandaise ou d’Arcimboldo, dans l’éclairage magique et convivial des flammes vacillantes.
Le texte apparaît ensuite discrètement en français quand commence la musique. Tout cela est fait avec tact, intelligence, dans un climat sympathique qui nous met en parfaite condition pour écouter une excellente interprétation menée par Paul Rouger. Une publication idéale à offrir pour les fêtes de fin d’année, même à ceux qui possèdent trente versions audio de l’œuvre.
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Amours classiques
Olivier Bellamy
Mes amours classiques
Éditions La Martinière, en coédition avec Radio Classique
Éminent journaliste musical, producteur notamment sur Radio Classique, auteur d’un livre exceptionnel sur Martha Argerich, Olivier Bellamy publie chez La Martinière un excellent ouvrage qu’il nomme Mes amours classiques et qui regroupe une longue liste de compositeurs, un peu le best of de tout vrai mélomane. De Guillaume de Machaut à John Adams, on balaie toutes les époques en 62 noms. Autant de brèves biographies écrites avec humour, pertinence, porteuses d’un message bien personnel, celui du lien unissant l’auteur à la foisonnante Histoire de la musique qu’il côtoie quotidiennement depuis une vingtaine d’années.
Aucune prétention à bouleverser l’analyse musicologique savante établie, mais le désir de faire partager avec bonne humeur et les connaissances adéquates un plaisir que l’on sent réel, viscéral, sincère. Cartonné, donc ne craignant pas de multiples manipulations, l’ouvrage bénéficie d’une remarquable iconographie très variée, originale, avec photos, tableaux, affiches, dessins, partitions, mais très bien reproduits et dans une maquette vivante, rythmée, astucieuse.
Le cadeau parfait pour donner le goût de la musique à ceux chez qui il n’est qu’embryonnaire et pour divertir ceux qui ont des connaissances mieux ancrées dans leur culture. Deux CD apportent bien sûr l’indispensable illustration musicale complémentaire.
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