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DOSSIERS 03 décembre 2024

Les cadeaux de Noël 2013 d'Altamusica

Si comme nous, vous tenez mordicus à pouvoir continuer, ce Noël comme tous les précédents, à écouter de la musique sur support physique, vous serez sans doute intéressés par notre sélection CD, DVD et livres parmi les parutions 2013, qui vous aidera à couvrir vos proches de cadeaux non dématérialisés.
Joyeux Noël à toutes et à tous !

 

Le 17/12/2013
Propos recueillis par La rédaction
 
  • Les cadeaux 2013 d'Olivier BRUNEL
  • Les cadeaux 2013 de Nicole DUAULT
  • Les cadeaux 2013 de Thomas COUBRONNE
  • Les cadeaux 2013 de Yannick MILLON
  • Bonus danse



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  • L'art de la symphonie

  • Un monument de granit

  • Les cadeaux de Noël 2013 d'Altamusica

    [ Tous les dossiers ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  • Une Ariane de référence



    Paul Dukas (1865-1935)
    Ariane et Barbe-Bleue
    Jeanne Michèle Charbonnet (Ariane)
    Patricia Bardon (la Nourrice)
    José Van Dam (Barbe-Bleue)
    Gemma Coma-Alabert (Sélysette)
    Elena Copons (Mélisande)
    Beatriz Jiménez (Ygraine)
    Salomé Haller (Bellangère)
    Chœur et Orchestre du Grand Théâtre du Liceu de Barcelone
    direction : Stéphane Denève
    mise en scène : Claus Guth
    costumes et décors : Christian Schmidt
    captation : Timo Schlüssel & Pietro D’Agostino
    1 DVD Opus Arte OA 1098 D

    Produite par l’Opéra de Zurich mais filmée à Barcelone en 2011, cette mise en scène de Claus Guth d’Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas est une réussite totale. Par sa conception d’abord, très claire (un exploit compte tenu du propos plutôt laconique du livret) avec une scénographie un peu clinique mais qui respecte la part onirique et mystérieuse de la pièce de Maeterlinck d’après le conte de Perrault et autorise une lecture parfaitement explicite de l’action.

    Rien n’est refusé au spectateur, ni les sept portes, ni les bijoux, ni la souffrance des femmes et encore moins celle de Barbe-Bleue, tout à fait réaliste. Musicalement, tout est de premier ordre (sauf parfois la prononciation à laquelle supplée le sous-titrage). Jeanne Michèle Charbonnet et Patricia Bardet sont à l’aise dans les tessitures cruelles d’Ariane et de la Nourrice, toutes les femmes de Barbe-Bleue, particulièrement Sélysette et Bellangère, sont bouleversantes dans leurs rôles tragiques, et le rôle peu lourd de Barbe-Bleue convient parfaitement aux moyens actuels de José van Dam, comme toujours un acteur de grande classe.

    Stéphane Denève dirige avec beaucoup de sérénité ce grand chef-d’œuvre pas assez représenté et le Chœur du Liceu est admirable de clarté. Ariane et Barbe-Bleue, qui n’encombre pas vraiment les rayons d’opéra sur DVD, trouve d’emblée ici sa version de référence.



     
    Un Double bill féérique



    Maurice Ravel (1875-1937)
    L’Heure espagnole
    L’Enfant et les sortilèges
    Khatouna Gadelia (l’Enfant)
    Stéphanie d’Oustrac (Concepción)
    Élodie Méchain (la Mère)
    Paul Gay (Don Inigo)
    Elliot Madore (Ramiro)
    François Piolino (Torquemada)
    Alek Shrader (Gonzalve)
    The Glyndebourne Chorus,
    preparation : Jeremy Bines
    London Philharmonic Orchestra
    direction : Kazushi Ono
    mise en scène et costumes : Laurent Pelly
    décors : Caroline Ginet, Florence Evrard, Barbara de Limburg
    captation : François Roussillon
    1 DVD Fra Musica 008

    Reflet d’une soirée à Glyndebourne, ce double bill Ravel reprend la mise en scène de l’Heure espagnole réalisée par Laurent Pelly pour le Palais Garnier à laquelle s’ajoute ici sa très claire et poétique lecture de l’Enfant et les sortilèges. C’est le deuxième couplage de ces deux œuvres en vidéo, le premier étant déjà une production du Festival de Glyndebourne de 1987 (DVD Warner).

    Pelly a la main heureuse avec l’Heure espagnole. À Paris, en 2004, il avait une distribution tout à fait parfaite menée par Franck Ferrari et Yann Beuron. Pour son adaptation à Glyndebourne en 2012, il réunit encore un très beau cast. Stéphanie d’Oustrac est méconnaissable, endiablée pour la truculente Concepción, et elle trouve un Ramiro de charme, très crédible en la personne d’Elliot Madore. François Piolino, Alek Shrader et Paul Gay, respectivement Torquemada, Gonzalve et Don Gómez, sont aussi des acteurs épatants et d’excellents chanteurs.

    Pour l’Enfant et les sortilèges, le metteur en scène français a su créer avec Barbara de Limburg un monde à la frontière du rêve et du cauchemar, un univers où s’affrontent le monde onirique de l’Enfant et celui bien réel des adultes et de son entourage. La distribution comporte peu de chanteurs français (Stéphanie d’Oustrac, François Piolino, Élodie Méchain, Julie Pasturaud) mais la diction est constamment excellente.

    L’Enfant de Khatouna Gadelia est plus que crédible vocalement et physiquement. L’ensemble de la distribution forme une véritable équipe et donne un relief saisissant au moindre élément/personnage de cette féérie. Une très belle soirée à qui le chef japonais Kazushi Ono, à la tête du somptueux London Philharmonic Orchestra, donne une unité indéniable.



     
    Curiosité rossinienne



    Gioacchino Rossini (1792-1868)
    Matilde di Shabran
    Juan Diego Flórez (Corradino)
    Olga Peretyako (Matilde)
    Chœur et Orchestre du Teatro Communale de Florence
    direction : Michele Marioti
    mise en scène : Mario Martone
    décors : Sergio Tramonti
    costumes : Ursula Patzak
    captation : Tiziano Mancini
    2 DVD Decca Unitel Classica 074 3813

    Pour réaliser cette édition critique de Mathilde de Sabran, le dernier des opéras semi-seria de Rossini, les musicologues de la Fondation Rossini à Pesaro ont dû s’arracher les cheveux ! La genèse de l’œuvre pour sa création à Rome en 1820 s’est faite dans la hâte au point que le compositeur dut faire appel à Giovanni Pacini et opérer beaucoup de recyclage de pages plus anciennes. Lors des reprises ultérieures à Naples, Venise, Parme, Florence et Milan, Rossini fit le ménage dans sa partition et la modifia complètement.

    C’est la version napolitaine de 1821 qu’utilise cette production donnée au Festival Rossini de Pesaro en août 2012, très habillement mise en scène par Mario Martone. La distribution est assez luxueuse avec Juan Diego Flórez dans le rôle de Corradino. Hélas, en 2012 son timbre s’est un peu durci ! La captation du Festival de Pesaro de 1996 (recréation de l’œuvre dont il existe des copies privées) eût été un meilleur choix avec un Flórez plus brillant et plus vaillant.

    Olga Peretyako, Anna Goryachova et Nicola Alaimo sont tous excellents et font de leur mieux pour donner du relief à un livret assez mal ficelé (les récitatifs, très beaux et de facture mozartienne, plombent beaucoup le rythme) et à une action un peu trop compliquée. Michele Marioti déploie aussi une belle énergie à la tête de l’Orchestre et du Chœur du Teatro Communale de Florence. Une curiosité pour rossiniens assidus !



     
    Une Création évidente



    Joseph Haydn (1732-1809)
    Die Schöpfung
    Matthew Rose (Raphaël)
    Jonathan Bayer (Adam)
    Lucy Crowe (Ève)
    Lisa Milne (Gabriel)
    Werner Güra (Uriel)
    Chœur de la Radio néerlandaise
    Philharmonie de chambre néerlandaise
    direction : John Nelson
    1 DVD Idéale Audience 3079378

    Filmée en 2010 dans la magnifique église (Grote Kerk) de Naarden aux Pays-Bas, lieu où la Société Bach néerlandaise produit chaque année à Pâques une Passion selon Saint-Matthieu qui fait accourir les foules, la Création (Die Schöpfung) de Joseph Haydn prend un relief particulier.

    John Nelson dirige à l’initiative de Soli Deo Gloria, fondation spécialisée dans la musique religieuse, la Philharmonie de chambre et le Chœur de la Radio néerlandaise avec une ferveur toute religieuse et l’histoire de la création du monde telle que nous la racontent Haydn et Milton apparaît comme une évidence. Cela tient principalement à la qualité des solistes, principalement le Raphaël de Matthew Rose, très convaincant, et au couple Adam et Ève de Jonathan Bayer et Lucy Crowe. Une magnifique version d’une œuvre encore rare au DVD.



     
    Hommage à Elgar



    Sir Adrian Boult
    Elgar - The Complete EMI recordings
    19 CD Warner Classics 5099990359224

    Les Britanniques ont le goût des hommages discographiques. Et pourtant, le compositeur Sir Edward Elgar (1857-1934), véritable icône de la musique anglaise du début du XXe siècle, de style postromantique et très peu moderniste, est à peine connu chez nous. Principalement pour ses Variations Enigma mais aussi pour un Concerto pour violoncelle qu’ont rendu populaire Pablo Casals puis après lui Jacqueline du Pré, les deux œuvres étant le programme d’un mythique microsillon EMI dirigé par Daniel Barenboïm, épouse de cette regrettée violoncelliste de génie.

    Ces partitions figurent évidement dans ce monument de 19 CD, trois fois même pour les Variations Enigma, par le BBC Symphony Orchestra, le London Philharmonic Orchestra et le London Symphony Orchestra, et le Concerto joué par Casals en 1945 enregistré dans les mythiques studios d’Abbey Road, et forment le meilleur de ce coffret, à notre humble avis.

    Mais pour les Anglais, Elgar, c’est aussi et surtout le compositeur de musiques patriotiques comme les inénarrables marches militaires Pomp and Circumstance qui sont le tube obligé de la dernière nuit des Proms chaque année à l’Albert Hall de Londres. Marche impériale, Marche triomphale, Ode du Couronnement (on était sous le règne de George VI) et le fameux Land of Hope of Glory sont des spécialités anglaises dont on peut ou non raffoler de ce côté de la Manche. Et que dire du Rêve de Gerontius, ici suprêmement défendu par Nicolai Gedda et Helen Watts en 1975, si ce n’est que ce n’est peut-être pas un hasard s’il n’est jamais programmé ici (et rarement là-bas) ?

    Le dénominateur commun à tous ces enregistrements est l’immense chef Sir Adrian Boult, qui a régné sur quelques décennies d’interprétation musicale en Angleterre à une époque où, si l’on en croit les dires du compositeur Benjamin Britten, ce pays n’était musicalement pas un phare en matière de qualité.

    Boult était dévoué mains et pieds à la musique d’Elgar, qu’il a enregistrée en totalité. Il est certain que son interprétation est directement influencée par le compositeur dont il était proche. Alors, monument ou tombeau ? Si les jeunes générations de chefs britanniques regardent aujourd’hui Elgar d’un autre œil, c’est le signe que sa musique vit toujours !



     
    Hommage à Janet Baker



    Dame Janet Baker
    The Great EMI recordings
    20 CD Warner Classics 5099990377129

    Mezzo-soprano britannique née en 1933, Dame Janet Baker a fait une carrière très singulière qu’elle a intentionnellement interrompue en pleine gloire et possession de ses moyens. Distinguée par le Concours Kathleen Ferrier dont elle est souvent considérée comme la digne héritière, cette grande tragédienne a vécu l’essentiel de son activité dans les frontières du Royaume-Uni et un peu du Commonwealth car elle voulait privilégier sa vie familiale. C’est pourquoi elle s’est rarement produite sur des scènes étrangères.

    On garde pourtant un souvenir impérissable de sa Didon de Purcell au Festival d’Aix-en-Provence en 1978, mais c’est surtout par ses enregistrements qu’elle s’est rendue célèbre en dehors des principaux théâtres lyriques et festivals de Grande-Bretagne. Son éditeur quasi-exclusif EMI lui avait déjà consacré en 2008 dans la collection Icon un petit coffret de 5 CD dont on peut dire qu’il contient l’essentiel et le meilleur de sa discographie.

    Les grands cycles français de Berlioz (Nuits d’été), de Ravel (Shéhérazade) et Chausson (Poème) y voisinent avec ceux de Mahler, de Brahms, Wagner et d’Elgar. Quelques grands airs de Haendel et une série de Lieder complètent ce panorama quasi complet de son art de concertiste.

    Mais tout récemment, l’éditeur anglais a édité un véritable monument à la gloire de Janet Baker à l’occasion de son 75e anniversaire (The Great EMI recordings) qui, en 20 CD, regroupe la quasi-totalité de son legs discographique, avec les références déjà citées enrichies de nombreux récitals de mélodies anglaises, françaises et italiens. À interprète immense, hommage massif et bien mérité.



     

    Olivier BRUNEL
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